La version iranienne des procès de Moscou

Le régime  iranien, de plus en plus isolé, continue sa fuite en avant dans l’escalade de terreur politique destinée à dissuader les opposants, c’est à dire toute la population sauf les soutiens directs du régime.  En fait, il y a une forme de panique  qui apparaît dans la violence inouïe mise en oeuvre, d’abord dans la rue, puis maintenant dans les tortures et dans la mise en scène grotesque des pseudo procès ou l’on voit des accusés, comme au temps des pires procès staliniens, reconnaître qu’ils ont fait partie d’un complot étranger monté par les puissances diaboliques qui entourent l’Iran, avouer les fautes imaginaires inventées par leurs procureurs et réciter les aveux extorqués sous la torture.

Ce qui est surprenant, c’est que le régime n’a même pas l’intelligence de comprendre l’aspect contre-productif de cette escroquerie judiciaire, qui ne fait que attirer davantage l’attention sur l’escroquerie éléctorale qui l’ a précédée, et qui est soulignée  par l’évidence immédiate du mensonge, de la propagande, et de la volonté de teroriser qui l’inspire.. Au contraire, il semble que le ministre du renseignement qui lui se serait opposé à cette mise en scène grotesque, ait été limogé pour cette raison;

De plus en plus de témoignages filtrent, au fur et à mesure de l’accentuation de la répression, sur les tortures et les assassinats perpétrés dans les geôles du régime. Auparavant, on connaissait déja la cruauté inhumaine avec laquelle le régime traitait ceux qui lui résistaient ( mutilations d’un pied et d’une mainpour les chefs de Moujahidines livrés par les pays voisins, pour les réduire à l’état de loques infirmes, et donner une « leçon » à ceux qui les suivent). Mais cette fois ce sont les dirigeants réformateurs qui sont la cible des traitements inhumains.

On trouve là une version contemporaine de l’Inquisition,  qui était à l’époque l’expression de la volonté de contrôle complet des consciences par l’Eglise, prête à assurer son pouvoir sur les esprits par la terreur publiquement exposée.La folie à laquelle conduit l’idée d’être le défenseur de Dieu, et l’absence de  respect d’aucune loi, ni d’aucune limite pour ceux qui pensent incarner sa volonté et  faire respecter « sa » loi, rejoint la folie du régime stalinien, privé de toute boussole morale par l’idée que tout ce qui sert le Parti est bon et tout ce qui le dessert est le Mal, ce qui aboutit  aux procès ou les propres militants du Parti sont pris au piège du syllogisme:Le Parti a toujours raison,-en tout- donc si des responsables du Parti les accusent d’être des traîtres, ou bien ils ont raison, ou bien c’est qu’ ils contestent l’idée qu’ils ont eux -mêmes toujours défendue,celle  du Parti comme source unique de toute vérité, et ils sont donc des traîtres au Parti, puisqu’ils le désavouent, en même temps qu’ils se désavouent eux mêmes

On retrouve dans cette convergence entre le fonctionnement religieux des Partis Communistes  et celui des partis fondamentalistes religieux la même convergence que l’on commence  à repérer entre les mouvements ultragauchistes (PCF, trotzkistes,altermondialistes,etc.)de notre époque  et l’islamisme, unis dans leur haine commune du monde occidental et libéral, et qui se rejoignent dans la diabolisation du sionisme, identifié  à la pénétration odieuse à leurs yeux du monde occidental sur la terre sacrée (selon eux) des musulmans, et chargé de toutes les ignominies du monde ( en général celles qu’ils pratiquent allégrement eux mêmes)

En attendant, le régime iranien perd chaque jour davantage de crédit dans le monde, et démontre  à chaque fois davantage  son enfermement dans l’extremisme religieux, qui pour la première fois depuis la prise de pouvoir par Khomeyni, n’est plus en phase avec la population. Toutes les critiques adressées  auparavant au régime du Shah  s’appliquent désormais au régime des mollahs: refus de la démocratie, terreur policière,etc… Surtout, le régime est lui -même divisé entre les partisans d’aller jusqu’au bout de la violence pour garder le pouvoir, et ceux qui pressentent que ce n’est pas seulement le gouvernement qui est menacé par la colère populaire, mais le régime islamique lui-même, ce qui mènerait à l’inutilité de leurs efforts depuis trente ans.

Cependant rien n’est évidemment joué. La terreur politique a montré sa capacité à perdurer malgré les révoltes de la population (Cuba, Chine,etc), et l’attitude ambigüe de la Russie et de la Chine restent encore un facteur d’incertitude dans l »évolution de la crise de ce régime

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