Carl Clausewitz le dit dans son livre de génie: la guerre a pour but d’imposer sa volonté à l’autre , par la violence.
Or, le régime iranien, sur un mode symétrique à celui d’Al Khaida, ne cesse de clamer sa volonté d’imposer, par la force, sa volonté;. Volonté d’éradiquer toute critique de son option théocratique, par la terreur policière, la surveillance de la population, la torture et la mort dans ses geôles; Volonté de détruire l’Etat israélien, par la construction d’une force atomique qui neutraliserait celle d’Israël, ce qui lui permettrait de le détruire ou de le rendre invivable avec l’appui du Hezbollah libanais à qui on apprend qu’il fournit des missiles très sophistiqués, sans commune mesure avec les « Kassam » artisanaux du Hamas gazaoui, et qu’il pousse à s’emparer progressivement de l’Etat libanais, ce qui permettrait à l’armée iranienne d’y amener des éléments à portée de fusil d’Israël. Volonté de déstabiliser les régimes fragiles de l’Arabie Saoudite et les Emirats, pour bouleverser l’équilibre politique régional et éliminer le rival honni sunnite, et le supplanter dans l’autorité sur le milliard de musulmans de la planète, tout en devenant le principal producteur d’énergie de la région, avec le pouvoir de nuisance et de chantage économique que cela représente .
L’objectif reste l’établissement d’une hégémonie régionale qui mette à l’abri le régime de toute forme de remise en question de sa mainmise théologique moyenâgeuse et barbare, et qui assure le contrôle total des populations environnantes sur le mode déja réalisé sur le plan intérieur.
L’arrogance grandissante du régime des mollahs, la façon dont il défie l’Amérique , affaiblie par son échec relatif en Irak et mise en difficulté en Afghanistan( sans parler du danger mortel qui plane d’une déstabilisation du Pakistan), et dont il ne se cache même pas de ses desseins d’anéantissement de l’Etat israélien, tout cela montre le sentiment de force de cet état contrôlé par la bande de fanatiques qui s’en est emparé il y a vingt cinq ans et qui, comme Hitler en 1933, a réussi à mettre la puissance d’un grand état au service d’un projet politique fou.
Ce qui est évidemment le plus inquiétant, dans cet état de choses , c’est le côté à la fois irrationnel et profondément pervers de cette configuration:
irrationnel, parce que le but est d’instaurer et d »étendre un système basé sur la négation de l’évolution du monde et de la réalité et articulé sur la référence à des textes datant de 1500 ans, en décalage complet avec le monde tel qu’il est, d’où la nécessité de maquiller continuellement les vérités contradictoires avec ce discours. De plus, le parallèle avec la folie fanatique hitlérienne montre que même l’intérêt propre des fanatiques peut être oublié quand il s’agit des fondements idéologiques de leur système: énergies détournées de l’ effort de guerre allemand pour organiser et effectuer la destruction des Juifs d’Europe
pervers, parce que c’est au nom de la religion, qui est à priori une des plus hautes formes de morale et de représentation des valeurs humaines fondamentales, que s’exerce la barbarie la plus cruelle, la plus brutale et la plus cynique après celle d’Al Khaida et de ses égorgeurs. Quand ce sont les prêtres, non des individus isolés, mais toute la caste religieuse dirigeante, qui donnent les ordres de torture ou d’assassinat, qui élaborent des plans de coup d’état, des campagnes de terrorisme et des prises d’otage, on sait que il n’y aura aucune barrière morale ou humaine qui pourra les arrêter.
Le discours pseudo rassurant tenu par certains selon lequel les dirigeants iraniens sont des gens rationnels, qui n’appuieront jamais sur le bouton de la bombe, est un leurre total.
Avant tout parce que leur idée n’est pas de bombarder atomiquement Israël, mais d’établir un équilibre de la terreur nucléaire qui ouvre la route aux autres moyens qu’ils ont à leur disposition. Les dirigeants iraniens ont parfaitement assimilé la leçon de toutes les guerres asymétriques de l’époque moderne, ou tous les moyens s’intriquent (militaires, politiques, médiatiques) et interagissent pour arriver au résultat recherché. Ils ne visent pas l’apocalypse, mais ils la gardent en réserve comme ultime moyen d’action en cas de situation désespérée pour leur régime. Ils ne veulent pas une vitrification de leur pays,mais s’emparer des commandes de la région, vaincre Israël pour en tirer un prestige inouï auprès des masses musulmanes.
Mais poussés dans leurs derniers retranchements, ils sont capables absolument de tout. Les chiites, tout le monde le sait maintenant, ont le culte du martyre et un gouvernement qui a envoyé les enfants en avant de ses troupes pour ouvrir le passage dans les champs de mines irakiens, dans la guerre Iran-Irak ne sera arrêté par aucune considération humaine.
Avec une jouissance perverse, les dirigeants iraniens enferment les Occidentaux dans une alternative dont ils ne trouvent pas l’issue pour le moment.
-Si les Américains ou les Israéliens les attaquent maintenant, ils provoqueront la fermeture du détroit d’Ormuz, une probable crise économique en Occident, une flambée d’attentats dans le monde entier ( des informations récentes montrent que le Hezbollah développe des « cellules dormantes » dans différents pays dans ce but), une offensive du Hezbollah libanais contre israël, et une rentrée en conflit des chiites irakiens actuellement calmes. De plus, après la faillite relative de l’invasion de l’Irak et les mensonges qui l’ont accompagnée, les opinions publiques assez mobiles des USA et des pays occidentaux ne sont plus du tout favorables à des actions militaires. Le Pentagone lui même, par le fameux rapport qui prétendait que les Iraniens ne menaient plus de projets nucléaires militaires- ce qui s’est avéré faux , et qui était invraisemblable-, a réussi à tuer dans l’oeuf les projets éventuels de Bush, ce qui était le but de la manoeuvre. Il est évident d’ailleurs que les Américains, qui manquent déjà de troupes pour mener la guerre en Afghanistan, auraient du mal à tenir un 3ème front terrestre actuellement ( ce dont il ne s’agit nullement à priori), et il y a un risque d’augmentation énorme du sentiment anti américain et des violences dans tout le monde arabe, fragilisant même les régimes prooccidentaux.
La résurgence d’une sorte de pré-guerre froide avec la Russie n’arrange rien non plus, la Russie paraissant prête à faire feu de tout bois pour contrer les USA si ceux ci s’opposent à ses volontés d’affirmation de puissance.Enfin, dernier élément et non des moindres, la plupart des analystes semblent d’accord pour penser que aucune frappe ne serait décisive, que les installations nucléaires iraniennes sont dispersées, protégées ,lointaines et pour certaines inconnues, et que leurs destruction ne serait que temporaire, ne faisant que gagner peu de temps et soudant le pays derrière ses dirigeants.
-Si les Américains et les Israéliens ne bougent pas, l’objectif iranien sera atteint très rapidement (1 à 2 ans d’après la plupart des estimations ) et ce pays qui a déja utilisé le chantage vis à vis des Américains avec la prise en otage du personnel de l’ambassade américaine à Téhéran ,qui a réduit à l’impuissance la plus grande puissance mondiale pendant 1 an et demi avec quelques dizaines d’otages ,commencera le chantage à grande échelle. Il a déjà menacé l’Europe et prépare des missiles à plus longue portée.
La capacité de chantage et de se maintenir de la Corée du Nord et de son régime ubuesque a montré que une petite puissance nucléaire dispose d’une vraie capacité de neutraliser les grandes puissances ( menace du faible au fort, base de la stratégie de la dissuasion française ). D’autre part, la capacité de survie des dictatures qui éradiquent par la violence l’opposition intérieure est très grande:4O ans de Salazar, 35 de Franco,40 ans pour les dictatures communistes d’Europe de l’Est et Cuba,70 ans pour l’URSS. les mollahs non seulement ne se sentent pas menacés, mais ils ont le sentiment d’avoir le vent en poupe.
L’attitude des Américains,et des Occidentaux, d’essayer de négocier un compromis général avec l’Iran lui reconnaissant une sorte de pouvoir régional en échange d’un renoncement à la maîtrise de l’arme nucléaire ne paraît pas intéresser les Iraniens, qui pensent être les maîtres du jeu, et obtenir par eux mêmes, sans concessions, la même chose que avec concessions.
Les pressions économiques exercées sur l’Iran sont actuellement sans le moindre effet, d’autant plus que elles sont très réduites , entre autre à cause de la résistance qu’y opposent Russes et Chinois, par intérêt à ménager les Iraniens. (Les Russes, avec une mauvaise foi toute stalinienne, contestent les buts nucléaires militaires des Iraniens ! ). Les Iraniens pensent que l’avenir et la survie de leur régime sont liés à la possession de l’arme atomique, et là dessus, ils ne cèderont pas, surtout à quelques pas du but. C’est ce qui conduit vers le conflit: les Occidentaux disent que cette possession de l’arme atomique est inacceptable pour eux, mais ils donnent l’impression d’être impuissants à matérialiser ce refus. Israël se retrouve donc en première ligne.
L’ensemble de ces paramètres montre bien que les Occidentaux sont pris entre Charybde et Scylla, et que agir comme ne pas agir ne débouche que sur des situations ultra dangereuses.
Les Iraniens ont donc l’intention de resserrer le noeud coulant autour du cou d’Israel progressivement et de le prendre en étau entre Hamas et Hezbollah en augmentant progressivement le coût en vies humaines et en dégâts jusqu’à le rendre intolérable à la population israélienne, tout en maintenant la posture victimaire du peuple palestinien.
Israel, qui voit la tempête approcher, et qui est resté sur un demi échec dans sa guerre au Liban, ne pourra attendre sans agir que la situation soit totalement hors de contrôle. D’un moment à l’autre, sur ordre de Téhéran à qui il es totalement inféodé, le Hezbollah appuiera sur le bouton de lancement des dizaines de milliers de fusées qu’il a stocké au Liban. Ce qui le retient pour le moment, c’est le processus de conquête rampante de l’Etat Libanais dans lequel il est engagé avec succès, et qu’il ne veut pas gâcher en apparaissant comme faisant sa propre guerre contre Israël. Mais ce n’est qu’une question de temps, et chaque jour qui passe renforce son équipement, sa préparation, et son contrôle sur l’Etat Libanais et sur la population chiite.
Quelles sont les caractéristiques de cette situation:
Ce qui caractérise la situation actuelle au proche Orient, c’est bien que l’Iran est le danger principal,pour Israël comme pour l’Occident en général, qu’il est en position historiquement favorable, qu’il a annoncé ses buts stratégiques et politiques, qui sont de destruction d’Israël et de domination régionale,et que seule la force arrêtera l’expansion de ce régime d’obscurantisme et de terreur. Il ne servira à rien aux Occidentaux de se cacher derrière leur petit doigt:l’Etat terroriste iranien, annexé par une clique de religieux criminels et fanatiques, est un danger extrême pour la paix régionale et mondiale. Il cherche continuellement à étendre sa sphère d’influence et de contrôle dans la région par tous les moyens de déstabilisation à sa portée. Lui laisser accès à la bombe est presque aussi dangereux que le faire pour Al Khaida. Ses dirigeants, pervers et criminels,sont tout à fait capables de disséminer leur nouvelles armes et de les confier à des « irréguliers » qui feront à leur place le travail de terreur qu’ils ont mené eux mêmes jusqu’à présent ( attentats meurtriers en France, égorgement de Chapour Bakhtiar à Paris par un commando de tueurs,etc.).Les volontaires, assurés de la bénédiction des plus hautes autorités religieuses, seront légion.
Quand on apprend, il y a quelques années, par la publication dans le journal « Le Monde » des débats du part communiste cubain, que Castro avait demandé, à l’époque de la crise des fusées, que l’URSS lui confie le pouvoir de décision sur les têtes nucléaires entreposées à Cuba, pour attaquer de lui même les USA et qu’il avait admis que Cuba serait vitrifiée par la riposte, mais que cela prouverait au monde que les Cubains avaient quelque chose dans le ventre (!!!), on n’a plus la moindre illusion sur les capacités de folie des dictateurs et les tentations qu’ils peuvent avoir, comme Hitler, d’entraîner leur peuple dans leur défaite pour satisfaire leur mégalomanie paranoïaque par une apocalypse qui serait leur feu d’artifice final et les rendrait inoubliables.
On peut laisser des peuples étouffer sous la botte de leurs dictatures si celles-ci ne s’occuppent pas du reste du monde, même si ce n’est pas glorieux. Mais si leur dessein affiché de ces dictatures est de s’imposer, par la force, à tous ceux qui les entourent et de faire céder le monde entier, il faut rapidement réagir, avant que elles aient trouvé le moyen de concrétiser leurs ambitions délirantes.
Du côté de l’ Occident, soit les sanctions deviennent tellement fortes que elles contraignent l’ Iran à céder, mais c’est très peu vraisemblable , compte tenu en particulier du double jeu russe et chinois, et de l’ enjeu fondamental que le nucléaire représente pour la République Islamique. Soit « quelqu’un » détruit les installations atomiques iraniennes (Israël ou les Américains). Soit personne ne réagit, et la prolifération du nucléaire au Proche Orient n’aura plus de limites, et on ira vers une catastrophe infiniment plus grave que les ennuis à prévoir en cas d’intervention (les états egyptien et saoudien voudront à leur tour faire pièce à la puissance iranienne). La détermination américaine sera décisive dans ce choix, et donc le résultat des éléctions présidentielles américaines.
Du côté d’Israël, on peut considérer que la possession de l’arme atomique par l’Iran équivaut à termeà une condamnation à mort de l’Etat Hébreu. Dans ce cas, quel que soit le prix à payer, Israël frappera, en sachant que le prix sera déja au minimum un affrontement sans merci avec le Hezbollah. Mais celui ci est pratiquement inévitable. De toute façon, le conflit entre Israël et le Hezbollah, bras armé de l’Iran dans la région va éclater, et on peut penser qu’il va dépasser en violence les conflits précédents: des bombardements massifs vont toucher les populations civiles de part et d’autres, comme l’affrontement au Liban il y a deux ans en a donné un avant goüt.
Seul le côté très aléatoire du résultat des frappes retient les Israéliens, et le risque d’être mis au ban de l’opinion publique mondiale . Shimon Peres, président de l’Etat hébreu, a adjuré le gouvernement de ne pas faire l’erreur de déclencher les frappes. Dans le cas, ou ils ne prennent pas l’initiative, c’est l’Iran qui décidera du moment de la confrontation. Il vient de renforcer son contrôle sur le Hezbollah en doublant, pour les opérations militaires , Nasrallah par un haut officier iranien.
D’une façon ou d’une autre, on va vers la guerre.