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Quelles perspectives pour Israel après la mort du processus d’Oslo

septembre 14, 2018

Tout le montre depuis des années maintenant: il n’y a plus aucune chance pour que le processus de paix fondé sur la coexistence de deux états aboutisse, et cela pour plusieurs raisons;

la première est que  pas le moindre progrès n’a été enregistré en 25 ans sur les questions fondamentales, que les négociateurs avaient prévu de réserver pour la fin: la question du retour des réfugiés ( et de la définition du terme de réfugiés puisque au lieu des 700000 arabes peuplant la région à l’époque de la création d’Israel ,c’est plus de 4 milions d’individus qui revendiquent actuellement cette identité  de  « réfugiés » d’un pays où ils n’ont jamais mis les pieds et qu’ils obtiennent maintenant de manière héréditaire., ainsi que les subventions attenantes.L’autre question étant celle de Jérusalem,que chacune des parties revendique comme capitale, tout en niant, pour ce qui concerne la partie arabe, l’ancienneté de l’implantation juive, et tout en organisant peu à peu  l’impossibilité concrète de cette dévolution à la partie arabe pour ce qui est  de la stratégie israélienne..

Ainsi,les négociations n’ont débouché  que sur la division en  zones plus ou moins autonomes des territoires occupés et une certaine collaboration sécuritaire.

La deuxième raison est l’expérience de Gaza, qui est tombée en un tournemain entre les mains du Hamas qui a instauré sa dictature immédiatement  et fait régner sa terreur sur toute la population tout en lançant des centaines de fusées sur Israel. La décomposition de l’Autorité Palestinienne dans la partie qui lui reste, du fait de sa corruption, de sa collaboration avec les Israéliens, et de l’absence de perspective et de résultats de sa politique ne laisse aucun doute:Dès les premières élections qui auront lieu en Cisjordanie, le pouvoir passera dans les mains des Islamistes, qui eux ne veulent que la destruction d’Israel, avec l’appui de toutes les forces malfaisantes de la région (Hezbollah, Iran,etc..) Tout accord avec la seule partie de l’AP n’aura aucune valeur puisqu’il sera immédiatement dénoncé par les islamistes qui n’attendront plus que le moment le plus opportun pour déclencher une nouvelle attaque contre Israel.Les Israeliens ont pu voir l’effet immédiat de leur retrait de la ville occupée et quelles forces en profitaient instantanément. La confiance est un mot qui n’a pas de sens dans ce contexte.Les Israéliens qui ont vécu la deuxième Intifada  ou ils ont du faire face aux  tireurs qu’ils avaient eux mêmes équipé et aux attentats qui visaient leurs civils, enfants compris, ne peuvent plus faire confiance à une population au milieu de laquelle évoluent des blocs de haine meurtrière sans limite.

La progression fulgurante de l’islamisme dans tout le moyen orient, comme celle du communisme au 20 ème siècle et l’huile sur le feu que versent les diverses dictatures  sur le conflit israélo-palestinien   disent bien comment la moindre faille sera exploitée pour lancer les palestiniens à l’assaut d’Israël, quelques soient les pertes qu’ils subiront. Les puissances régionales,Iran, Turquie, ont sous la main un détonateur et la solidarité islamique, qui voue la même détestation aux Juifs et aux Occidentaux sera heureuse d’avoir une occasion de tenter de détruire Israel.

Que faire, donc, si la négociation ne peut rien donner, et si il ne reste que la force.

Abandonner les territoire occupés sans négociation serait donner l’existence à un état jumeau, livré aux islamistes et qui vivrait dans l’espoir insensé d’une reconquête du reste de la « Palestine ».c’est à dire bien sûr d’Israel et qui appellerait à l’aide tous les musulmans de la région. Quand on voit les dizaines de milliers de volontaires venus des quatre coins du monde, qui ont tout quitté pour venir soutenir les monstres de Daech et se faire tuer en majorité pour cela, on peut imaginer le pire, et en plus, les états rentreraient dans la danse.

Les idées qui font leur apparition avec la fermeture de l’illusion d’un accord entre deux états tournent autour de la solution à un état, laissant patiner dans le vide les mouvements  comme « La Paix maintenant » et les autres mouvements pacifistes dont les appels à la  négociation sonnent comme des incantations éloignées de la réalité et sont perçues comme des trahisons par la majorité de la population juive.
Mais il existe deux visions de cette issue.
La première est issue de l’extrême gauche anti sioniste et d’une branche antisioniste de l’AP rêve d’un état unique dans lequel tout le monde aurait des droits égaux. Même dans l’hypothèse ou les réfugiés ne rentreraient pas, ce qui se cache dans cette idée qui satisferait les  défenseurs des droits de l’homme, c’est l’idée que la supériorité de la croissance démographique palestinienne renverserait vite la suprématie politique juive et viderait très rapidement de son contenu juif l’état binational pour en faire un état arabe. Ce serait juste une question de temps.

La deuxième version de cette théorie de l’ état unique est plutôt celle de la droite annexionniste israélienne. Mais son idée est plutôt de n’annexer que des parties de territoire peu peuplées pour maintenir la supériorité numérique israélienne.La base de ces calculs annexionnistes est une réévaluation du rapport de force démographique et des prévisions sur son évolution. Ils contestent les chiffres de population des démographes « officiels », dont ils disent qu’ils se basent sur les évaluations tronquées des palestiniens, et des biais importants qui les ont conduit à surévaluer la natalité palestinienne alors que celle ci a baissé dans les dernières années  aux environs de  3% , chiffre courant dans les pays qui se rapprochent des modes de vie Occidentaux, alors que la natalité israélienne aurait dépassé ces chiffres dans les dernières évaluations.Cependant l’imprévisibilité des statistiques démographiques rend assez aléatoires les chiffres avancés dans cette polémique fondamentale: si la démographie conduit à un surnombre rapide des palestiniens, le « divorce » et la formule des deux états sont la seule formule qui conserve  la possibilité de préserver le caractère juif de l’état israélien. Si au contraire l les Israéliens peuvent maintenir un rapport démographique de 2/3-1/3 ou même 60/40 %,ils pourront intégrer la minorité arabe en conservant le caractère juif des institutions. Mais que deviendront alors les grosses agglomérations arabes qui seront laissées hors de cette formule: des nouveaux Gaza? Que produira alors la colère immense des masses arabes exclues une nouvelle fois de la maîtrise de leur terre?

L’expérience de Gaza, qui a exclu de la comptabilité israélienne deux milions de Gazaouis qui faisaient face à quelques milliers d’israéliens, mais au prix de la constitution d’une place forte du terrorisme  à la frontière même d’Israel donne à réfléchir. Mais il semble que il n’existe que des mauvaises solutions, c’est dire pas de solution sinon le rapport de force.

L’élément nouveau qui change la donne au moyen orient, c’est le changement d’attitude des Etats Unis, avec leur prise de parti nette en faveur d’Israel ( reconnaissance de Jerusalem comme capitale, fermeture  de l’antenne de l’AP aux Etats Unis, arrêt des subventions à l’UNWRA de parti pris pour les Palestiniens).
En même temps l’approche de la maîtrise nucléaire par l’Iran qui ne cache pas ses voeux meurtriers envers Israel malgré la sortie des Etats Unis de l’accord catastrophique avec les grandes puissances et  la montée en puissance de l’Iran en Syrie et en Irak constitue un danger pire que tous les précédents pour Israel.

Là encore ,la fragilité du soutien américain, suspendu au maintien du régime de Trump, fait que le stress n’est pas près de diminuer en Israel.

 

 

 

La gauche archaïque s’enfonce dans le déni de la réalité économique et identitaire

avril 23, 2016

Tandis que l’approche de l’échéance présidentielle produit une accélération des processus de démarquages, la panique politique gagne les cercles rapprochés de François Hollande, et l’évidence du cataclysme politique qui approche pour le PS entraîne le durcissement des prises de position. Pendant que Hollande affirme sans rire que « la France va mieux », le démantibulement du PS se poursuit. Macron, après avoir fait figure quelque temps de carte de secours pour Hollande apparaît maintenant comme un rival et un caillou de plus dans la chaussure de Hollande qui débordait déjà.

 

A droite aussi d’ailleurs, les candidatures ( ou les tentatives de candidatures) se multiplient, même sans la moindre ébauche de projet politique, s’agissant seulement de profiter de l’effet de loupe de la campagne, afin de profiter de la plus-value de visibilité qu’elle procure. Le dernier exemple étant celui de Rama Yade,éphémère ministre de la Sarkosie,, choisie seulement pour son joli minois et pour sa couleur de peau qui en faisait une figure de l' »ouverture » présidentielle. Le vide absolu de sa pensée politique, rempli seulement par une ambition disproportionnée  est apparu avec son changement désespéré d’affiliation politique qui n’ a rien changé  au rétrécissement impitoyable de sa valeur sur le marché de l’offre politique.En attendant, les frondeurs se démarquent de plus en plus du social libéralisme (partiel) de Hollande et Valls et tentent visiblement de s’organiser en vue d’une prise de pouvoir au PS après l’inéluctable déroute de 2016.La recomposition des alliances après la défaite qui s’annonce est déjà dans toutes les têtes. Ce qui se profile est bien l’éclatement de la social démocratie entre une branche socialelibérale, moderniste, européiste et proche d’un certain centrisme, et une branche dogmatique, passéiste, anti européenne, tentée par la rupture extrême gauchiste, nostalgique des certitudes de l’époque pré mondialiste , prête à toutes les dérives populistes, et à la relance des discours incantatoires pour masquer l’incohérence de son projet politique;

L’alliance de toutes les nostalgies et de tous les refus de la réalité se voit déjà chez le PCF qui déclenche la surenchère en collant des papillons avec marqué: « la semaine de 32H, pourquoi pas » et chez la CGT avec la sortie de ses affiches accusant la police de brutalités sanglantes au lieu de protéger les citoyens.

Le développement (sans beaucoup d’avenir) de « la nuit debout »,choyé par les médias et soigneusement organisé par quelques chapelles ultra gauchistes, déguisé en mouvement de libération de la parole façon Mai 68, alors que il n’y est pas question de liberté comme l’agression contre Finkielkraut l’a démontré, a montré le désir de ces chapelles de surfer sur la vague de défiance générale vis à vis des partis politiques de gouvernement pour essayer de les déborder par la rue. Mais les quelques centaines de gauchistes mobilisés  dans ce but n’ arrivent pas à entraîner les masses et ne concernent que  leurs troupes étiques, éternellement auto reproduites et confites dans la paroles figée de leurs pseudo penseurs. Leur rêve est de contrôler la rue pour peser sur les instances élues qu’ils méprisent Leur modèle n’est plus Cuba, mais la Grèce, érigée en modèle de la résistance au capitalisme, en commençant par l’atteindre au portefeuille, en ne payant pas ses dettes et en se faisant ainsi une clientèle  de dépensiers peu soucieux de rembourser leurs dettes.

Emmanuel Macron, représentant à leurs yeux du comble de l’imposture, puisque venant du monde de la banque (« l’ennemi de Hollande » à une certaine époque) et encensé par les patrons,est ainsi le représentant de tout ce qu’ils honnissent: avant tout l’évolution éventuelle du PS vers une version dégagée de ses tabous, chose assez impensable à vrai  dire, sauf si ils se débarrassent de la majorité de ce parti de fonctionnaires soucieux avant tout de la préservation de ses avantages acquis.

Le désaccord  essentiel sur les bases gauchistes du mouvement frondeur se double d’un autre désaccord fondamental: celui sur l’attitude vis à vis de l’Islam:  ce désaccord qui courait sous les mots depuis longtemps  et qui traverse toute la gauche a éclaté avec la publication du livre de Emmanuel Todd sur la manifestation monstre qui a suivi l’attentat  contre Charlie Hebdo:Todd a exhalé une haine effrayante contre les manifestants, les accusant d’être des pétainistes racistes et parlant d’une France malodorante.Cette attaque très violente contre le peuple qui s’était levé contre les crimes antisémites et  tournés contre la liberté d’expression montrait bien la ligne de démarcation entre une gauche pro musulmane prête à toutes les insultes contre ses adversaires et une gauche, celle de Valls  consciente des attaques contre la démocratie et la République  menée de façon déterminée par les ennemis de la Nation.Ce combat s’est poursuivi en sourdine, y compris dans le débat sur la déchéance de nationalité, les  soutiens des musulmans ne tarissant pas d’arguments pour éviter a leurs alliés cette défaite.

Enfin Valls vient de marquer le coup une nouvelle fois en dénonçant la fabrique de terroristes que constitue l’aile « intégriste » de l’Islam et son ambition paranoïaque de direction du monde entier.

Ainsi la nouvelle alliance entre l’Islam et une partie de la gauche est un marqueur de la division qui passe au milieu du PS.

Comment les cartes seront elles rebattues après la dégringola de du PS qui se prépare, il est encore trop tôt pour le dire. Le dégoût qui atteint les Français devant les mensonges et les manoeuvres qu’ils constatent débouchera t il sur un succès gauchiste et les français succomberont ils aux voix de la démagogie populiste? Le PS  éclatera t il malgré les efforts désespérés de Hollande pour maintenir une façade qui a de moins en moins de sens?

La suite du feuilleton dans vos journaux,télévisés ou pas.

Comment imaginer un état palestinien pacifique à côté d’Israël quand l’Occident est impuissant devant la montée générale de l’Islamisme radical qui affirme sa volonté de détruire Israël

décembre 24, 2014

l’Etat d’Israël ne peut échapper à ce dilemme, constitutif des conditions de sa naissance et de son environnement:

soit il considère que aucun compromis ne sera jamais possible avec les Arabes, et donc il est condamné à les affronter régulièrement dans des conditions ou sa suprématie militaire décroit rapidement ( nucléarisation de l’Iran qui le prive de sa principale supériorité, possession d’armes de plus en plus sophistiquées par ses adversaires: fusées de plus en plus précises et à portée et charge de plus en plus grande,moyens anti aériens sophistiqués fournis par les soviétiques ou même simplement les Iraniens pouvant le priver de sa suprématie aérienne, entraînement  de plus en plus poussé des troupes arabes qui n’ont plus rien à voir avec les masses fuyant dans le désert en abandonnant leurs chaussures de la guerre des 6 jours. Le rapport des forces reste encore favorable à Israël, mais sa marge de supériorité s’amenuise régulièrement, et ses adversaires le savent.Ils sont actuellement freinés par leurs dissensions et et le conflit mortel entre chiites et sunnites, mais ils n’attendent qu’une accalmie pour se retourner contre leur ennemi héréditaire, qu’ils accusent de souiller la terre arabe et qui concentre toutes leurs haines et leurs immenses frustrations.A terme, c’est un milliard d’hommes qui communient dans l’ exécration d’Israël et qui n’attendent qu’une faiblesse pour l’écraser et s’en débarrasser sans espoir de retour.

Soit il considère que un compromis doit d’une manière ou d’une autre être signé avec ces adversaires , qui nécessitera des concessions de part et d’autre. Cela nécessite évidemment de renoncer au rêve du Grand israël, et au fondement intégriste religieux de sa conception, ce qui devient de plus en plus difficile avec le poids croissant des religieux dans la vie politique d’Israël.

Mais quel que soit le compromis qui pourra être trouvé, qui laissera forcément des mécontents des deux côtés,,le problème fondamental est l’absence d-interlocuteur fiable pour les Israéliens. Le pouvoir du Fatah, seul interlocuteur acceptant le  dialogue, mais au prix d’une hausse de ses exigences ( un état palestinien rapidement, sinon le refus de la négociation) est si fragile, son autorité si contestée, sa corruption si évidente que absolument rien ne garantit qu’il résistera à une poussée des fanatiques du Hamas, sur le plan électoral- où il ne s’en sort que en reculant les élections et en les truquant autant que son adversaire,ou même sur le plan d’un coup de force comme à Gaza ou le Fatah a été balayé en quelques jours et ses forces écrasées facilement par les milices armées du Hamas.

La solidarité des habitants de Gaza, bouillon de culture pour toutes les factions extrémistes,  avec le Hamas dans sa lutte armée par tous les moyens contre Israël,malgré les lourdes pertes humaines  et les destructions   énormes entraînées par la dernière guerre clairement déclenchée par les tirs de roquettes du Hamas montre que quel que soit le prix en difficultés de vie et en pertes humaines,les Palestiniens privilégient le combat contre les Israéliens devant toutes les autres considérations, même si ils sont réticents devant la pression religieuse exercée par les fanatiques du Hamas.

Donc absolument rien ne peut garantir aux israéliens que toute concession faite aux dirigeants du Fatah entraînera des concessions parallèles du Hamas et  elles seront  certainement immédiatement annulés par le Hamas quand son tour de pouvoir viendra.

De toute façon, rien n’empêchera le Hamas, c’est à dire un mouvement terroriste de faire d’un état palestinien la base de départ d’un état terroriste, exactement comme il a utilisé le retrait israélien de Gaza pour en faire une citadelle de son pouvoir sur la population., appuyé sur  le soutien militaire et financier de tous les états arabes impatients de participer à la curée . La guerre suivante sera l’équivalent d’une guerre civile ou les palestiniens auront les moyens militaires d’un état  et ou les pays arabes interviendront en disant vouloir corriger l’injuste supériorité israélienne..

Que conclure de ces plutôt peu enthousiasmantes perspectives.?

Que la seule solution rationnellement crédible ne peut s’envisager que si l’on écarte du problème les jusqu’au-boutistes qui ne veulent envisager que l’écrasement de leurs adversaires, et la victoire de Dieu ou d’Allah. Tant que le problème ne sera envisagé que dans les termes du Coran ou de la Bible, il n’y aura pas d’autre perspective que l’affrontement à mort entre deux camps inconciliables.

Il ne faut pas se faire d’illusions: l’époque est malheureusement favorable à la progression de l’islamisme extremiste, qui a déclaré une guerre à mort à Israël et à tout l’Occident.Cet Islamisme , avec ses actes bestiaux ( esclavage sexuel des femmes, attentats contre les écoles avec meurtres délibéré de centaines d’enfants,etc devra être défait militairement et idéologiquement, avant que des vraies perspectives de négociations suivies d’une période de paix puisse être envisagée;

Le problème est donc mondial, et hors de portée de la seule diplomatie israélienne,ce que doivent admettre ceux qui s’obstinent à faire porter la responsabilité du sur place des négociations aux seuls Israéliens. Il n’y a pas de .création possible d’un état palestinien sans garanties de sécurité et de paix pour les Israéliens, et ces garanties sont introuvables aujourd’hui avec la montée fulgurante du djihadisme. Toute personne sensée peut comprendre que faire reposer un accord sur la bonne volonté d’un « émir » chef d’une bande d’assassins qui proclame sa volonté de changer la face du Moyen-Orient par la force est une plaisanterie.
Israël restera donc pendant de longues années aux avant postes du combat mondial contre la folie islamistes et les négociations avec ses adversaires palestiniens continueront à n’être que une course de sur place, comme les championnats de cyclisme sur piste, parce que les véritables clefs en sont ailleurs.

Du nazisme à l’islamisme, la paranoia et l’hystérie ont fait le lit des dictatures folles des dernières décennies.

mars 17, 2014

Le débat sur la folie de Hitler et du peuple allemand qui l’a suivi comme celui  sur la  pathologie mentale des Kamikazes islamistes  tourne souvent au débat de spécialistes qui s’empoignent sur les termes  faute de trouver un langage commun dans leur spécialité.

La mise en oeuvre dans les nouvelles classifications internationales de psychiatrie de la notion de « troubles de la personnalité » ( personnalité paranoïaque, obsessionnelle, phobique, antisociale, etc.) a abouti à  résoudre la contradiction entre « caractère paranoïaque « et « psychose délirante paranoïaque ». Il existe donc des personnalité pathologiques, dans leur vision du monde, leur fonctionnement mental, sans pour autant qu’elles rentrent dans le cadre des psychoses, qui signifient  la perte  du sens de la réalité et de la capacité à vivre en société. Ces personnalités peuvent, pour ce qui concerne la paranoïa, rester en deçà du délire qui transforme toute la réalité, ou parfois franchir la ligne de démarcation et s’enfoncer dans le monde irréel du délire.

Ce qui est interessant dans les situations historique du développement du nazisme ou de l’islamismes, c’est justement de constater comment des peuples peuvent ne pas voir  la monstruosité des conséquences des axiomes développés par les leaders charismatiques,  et se trouver entraînés,par leur propre choix,  à donner corps , de tout leur coeur pourrait on dire , aux conséquences épouvantables  qu’elles entraînent.

Les Allemands, ennivrés de désir de revanche, et imbus du sentiment de leur supériorité, désireux d’être le peuple dominant de l’Europe, se sont saoulés de l’image de puissance et d’héroïsme  qui leur a étérenvoyée par le leader charismatique qu’était Hitler.

L’esprit de groupe, ou de meute qui a été systématiquement  développé par la propagande sans contrepoids du régime, a encouragé la satisfaction des pulsions les plus primaires (faire souffrir, puis éliminer l’adversaire, au terme d’une savante déshumanisation,être craint et tenir l’autre à sa merci, le prototype du modèle étant le gardien de camp de concentration.)Surtout, après l’élimination des intellectuels ou des religieux qui pouvaient faire entendre  des voix discordantes et un rappel des règles humaines de base, réduire le monde à un affrontement mythique binaire entre  le Bien et le Mal, supposés être représentés par les deux « races » qui constituaient le mythe intérieur de Hitler et de ses acolytes, créait les bases d’une police de la pensée ravageuse.

L’interprétation générale du monde  par ce « credo »  était acceptée par une certaine partie du peuple allemand chez qui l’antisémitisme faisait partie de la culture politique depuis le siècle précédent. ce qui exclut  qu’on puisse l’appeler délire, qui  se caractérise par le fait que personne sauf le sujet délirant ne peut croire à sa réalité.

La caractéristique de ce système de pensée était son jusqu’au-boutisme, la surenchère de haine qui se développait à chaque période. C’est cette potentialité de surenchère qui constitue le possible danger, et parfois la porte d’entrée du délire chez le paranoïaque.

C’est ce clivage absolu entre le Soi victime et le monde extérieur supposé agresseur qui est à la base de la Paranoïa, sous sa forme de trouble de la personnalité ou sous sa forme délirante. Les 4 caractéristiques  cardinales de la Paranoïa: surestimation de soi, agressivité,susceptibilité extrême et fausseté du jugement se retrouvent  au coeur de la personnalité de Hitler, mais ce qui est frappant, c’est la manière dont les Allemands ont été enthousiasmés par cette vision biaisée  du monde et fascinés par  la force de conviction del’image qu’il donnait et à laquelle ils aspiraient à ressembler.

La vision du monde de la Paranoïa est fondamentalement binaire, structurée sur le mode de l’opposition bon/mauvais et agresseur/victime. Or le monde de la politique est aussi en grande partie divisé sur ce mode, ce qui fait que les sujets paranoïaques s’y sentent naturellement à l’aise et en parlent souvent facilement le langage. Tous les systèmes dictatoriaux, qui ont abouti à des dictatures personnelles ont utilisé ces dialectiques de diabolisation de l’ennemi ( Staline et et les « vipères lubriques » trotskistes, PolPot et les ennemis de la nation Khmère, les Islamistes et « l’entité sioniste ».

Le paranoïaque pour qui l’alternative bien/mal se ramène à l’opposition complot persécuteur/ victime innocente  propose une solution simple au conflit de conscience: le Mal, c’est l’Autre.

La conscience de la complexité du problème a conduit beaucoup de gens à simplifier la question en déléguant l’option à un directeur de conscience: le prêtre, mais parfois aussi le Parti ou même l’Etat.

C’est ce dont rêvent les Islamistes ( ils l’ont fait en Iran, avec  arbitraire, tortures et exécutions sommaires):Toute autorité est réservée à Dieu ( et par défaut à ses représentants). Toutes les religions regardent d’ailleurs d’un mauvais oeil la prétention des humains à exercer leur libre arbitre, cet orgueil humain est souvent puni dans les textes sacrés (Prométhée chez les Grecs, Adam et Eve au Paradis, le Déluge, etc.

Mais la religion islamique est sans doute plus intransigeante que les autres quant à la soumission absolue des humains  au règne divin.

La dévotion sans partage exigée par les nazis à la personne de Hitler, et celle des islamistes aux décisions des « Guides suprêmes » autorise tous les crimes commis en leur nom. meurtres d’innocents, trafics, tortures, viols, tout est justifié si c’est pour »la bonne cause », celle de Dieu.

Le subtil marché qui est passé entre les fanatiques binaires au pouvoir et les foules grisées de leur suiveurs, c’est la flatterie narcissique qui leur est offerte: être du côté du manche (qui cogne), avoir le sentiment dêtre un »juste » même dans le déchaînement des plus bas instincts,  se penser supérieur vis à vis de ceux dont on a senti (ou imaginé)le mépris de classe ou de caste. C’est la revanche des imbéciles , des brutes ou des incultes sur l’intelligence et la culture. La force est glorifiée, l’esprit piétiné avec rage. L’anti intellectualisme est  mis en avant, les intellectuels persécutés (au Cambodge de PolPot, porter des lunettes signe un arrêt de mort, les intellectuels indépendants n’existent pratiquement pas dans le monde arabe.

Dans le nazisme,à la paranoïa des meneurs répond l’hystérie des suiveurs: emportés par l’ivresse du sentiment de toute puissance produit par la décharge des haines contenues et la libération de l’inhibition morale antérieure, jouissant de la transgression autorisée de tous les tabous sociaux, s’identifiant aux images de force brutale et de sauvagerie sans retenue, soutenus par l’effet de groupe qui court circuite la réflexion au profit des impulsions immédiates.  La fusion dans le groupe devient la drogue distribuée par les élites,qui satisfait  la masse désireuse d’échapper à l’étroitesse de sa vie  intime: se perdre dans le grand tout  et s’identifier à celui ci devient le boulevard offert à la mégalomanie latente et à l’orgueil contrarié des foules hystériques. La masse jouit de sa soumission à un maître dont elle pense que une part de la puissance rejaillit sur elle: elle « participe » au prestige du leader en contribuant à la réalisation de sa vision.

Dans l’islamisme, le leader suprême est tout simplement devenu Dieu lui-même. Ce n’est pas un humain déifié par le culte de sa personnalité, mais Dieu lui-même embrigadé par ses représentants.Ce n’est évidemment pas son apparence qui lui donne son aura, mais son statut divin, par définition au dessus de tous les humains, et sa place de fondateur-créateur de l’humanité, doté de l’autorité absolue.

Comme personne ne peut avoir accès à lui directement, la foi s’organise autour du Parti de ses « représentants », qui  s’appuie sur l’interprétation des textes sacrés qui leur convient, et sur qui rejaillit l’autorité suprême venue du « père fondateur de l’humanité ». De tout temps, les Eglises ont constitué des corps intermédiaires entre les Dieux et les masses, porteuses de la culture religieuse et dotées de l’aura de la culture qu’elles transmettent et dont elles sont censées incarner les valeurs. Leur pouvoir d’influences est resté lié au maillage de la société qu’elles ont réalisé et à la cohérence de l’architecture mentale qu’elles ont apporté aux populations.

Les fondés de pouvoir de ce Dieu, qui ont bien saisi que tout pouvoir donné à Dieu revient entre leurs mains , ont conçu le système d’une dictature de Dieu qui gouverne tous les aspects de la vie quotidienne comme de la vie politique. Là encore, le monde est divisé en deux blocs, celui du Bien et celui du Mal,,et est le siège d’une guerre totale entre croyants et « mécréants » qui justifie l’emploi de tous les moyens ( y compris le meurtre des innocents et l’usage de la violence contre les « dissidents »). Là encore se manifeste le clivage entre les masses, humiliées et frustrées  par la dégradation de leur prestige depuis les temps glorieux du rayonnement de leur culture,  et à qui les patrons de ce système politico-religieux  serinent qu’ils sont le sel de la terre et des opprimés à qui la revanche viendra, et les leaders qui ont poussé à la limite les développements de cette paranoïa qui aboutit au rêve d’un pouvoir universel.

Comme dans le nazisme; les masses frustrées, atteintes par une image dégradée que leur renvoie la civilisation moderne, se jettent dans l’idéologie qui leur promet la rehabilitation et la revanche. La religion fournit le matériau de  la communauté de pensée et l’appareil religieux  les cadres et un certain support logistique à l’appareil politico-religieux qui se développe. Le communisme en avait établi un modèle, apte à susciter le dévouement et le sacrifice de millons de personnes; en promettant la revanche aux « damnés de la terre ». Ce sont eux  qui ont subi la damnation des camps, de la terreur, et du pouvoir absolu des maîtres du système.

La vision du monde manichéenne et victimaire des meneurs rencontre le désir de revanche et la haine rentrée  des masses qui exultent quand on leur fournit les mythes qui leur permettent de contredire leur sentiment de non-valeur.Elles peuvent ainsi , par une conversion intellectuelle, se rallier au régime « révolutionnaire », en imaginant réécrire leur histoire et effacer la honte ou la culpabilité antérieures ( pour les délinquants par exemple, qui dans l’islamisme comme dans le nazisme, voient leur stigmatisation renversée en  héroïsation de leurs actes.).

La « désintégration » pour reprendre le titre jouant sur les mots d’un film racontant la trajectoire de  rejet de l’intégration d’un jeune beur qui finit,manipulé par un jihadiste, comme candidat  kamikaze, menace  les masses musulmanes souffrantes de leurs difficultés sociales et identitaires. La paranoïa des dirigeants islamistes propose une échine dorsale et un « reset » aux  jeunes  gens déboussolés par les contradictions entre  culture  de leurs pères et culture du pays d’accueil.

Les apôtres de la révolte contre  la civilisation ont des beaux jours devant eux. Le peuple des victimisés attend les chefs qui donneront voix  à leur ressentiment.

GB

JCALL l’apparition d’un nouveau lobby pacifiste juif en Europe

avril 26, 2010

L’ apparition en Europe à la fin du mois d’avril d’un nouveau site internet , Jcall , directement démarqué du site américain Jstreet, qui lui même avait constitué la riposte des juifs de gauche américains au lobby américain pro israélien  Aipac , connu pour ses affinités avec la droite américaine  , marque la tentative de réveil des pacifistes  juifs,  réduits au silence depuis plusieurs années par la désaffection de la population israélienne pour la gauche et pour le mouvement pacifiste « La paix maintenant » . Cette désaffection avait été créée par l’angoisse devant la montée de l’islamisme  lancé dans une lutte à mort avec l’Etat Juif , la complicité de la population arabe avec les attentats anti-civils de la 2ème intifada , et les critiques constantes contre l’armée israélienne rejoignant les accusations de crimes contre l’humanité de la propagande gauchiste et tiers mondiste pro-palestinienne.

L’inquiétude créée par le blocage du processus de paix , dont il est assez clair qu’il est du à la position du gouvernement de Netanyahou et à son intransigeance sur la question du partage de Jerusalem  et des implantations dans la ville , qui conduisent à créer une situation d’irréversibilité du fait accompli  , entraîne  cette résurgence  du courant pacifiste.

Mais au delà du fait que  » le camp de la paix » relève la tête et que  une vraie question reste suspendue quant aux moyens de sortir de l’impasse actuelle , il faut noter  une chose:

C’est  la modification de l’axe du combat des pacifistes , sous l’effet probablement de l’exemple américain ,très marqué par l »existence des » lobbies » politiques et économiques. En effet , si  dans le système américain , il y a une logique ,face à l’action d’un lobby organisé  de façon tout à fait ouverte , à susciter un lobby organisé  opposé , la situation en France et en Europe est tout à fait différente.

La communauté juive s’est  toujours défendue d’être un groupe de pression , et ce sont les ennemis des juifs qui ont toujours proféré des accusations de lobbyisme , de groupe de pressions et d’influence quand ce n’était pas de gouvernement occulte. La publication aux USA d’un livre prétendant que la politique d’alliance privilégiée des USA avec Israël était le résultat non d’un intérêt réel et d »une amitié sincère , mais d’une pression exercée par le lobby juif américain contre les intérêts propres du peuple américain a fait scandale;

Mais les éléments radicaux américains ( = gauchistes) ou européens sont toujours friands d’un discours dénonciateur de complots  soi-disant menés par des éléments du camp opposés , propres à susciter l’indignation de masses qu’ils se proposent d’éclairer à leur manière.

Le problème posé par cette nouvelle attitude des pacifistes est que ils ne se contentent  plus d’essayer de gagner l’opinion publique par leurs arguments , ce qui est le droit de chacun.

Ils annoncent explicitement leur nouvel objectif qui est de pousser leurs gouvernements à faire pression sur le gouvernement israélien pour le contraindre à changer sa politique. Les juifs de gauche se donnent donc désormais , au nom du risque couru d’échec du processus de paix , le droit de remettre en cause les choix électoraux du peuple israélien , quand ils leur déplaisent,  et d’apporter une limite à la souveraineté  de l’Etat israélien en encourageant les pressions économiques , politiques ou militaires exercées par les pays plus puissants. A quand par exemple des mesures de boycott économique ou scientifique comme ont déjà tenté  de les instaurer en France et en Angleterre les groupes gauchistes alliés aux groupes propalestiniens?

Surtout ,alors que la naissance de l’Etat israélien a été le moyen , pour la première fois dans l’ histoire du peuple juif depuis la destruction du Temple , d’exercer  un pouvoir politique et des responsabilités politiques en tant que peuple , alors que la survivance du peuple juif s’était jusque là payée d’un renoncement à tout pouvoir et d’une soumission à toutes les autorités  des pays  d’accueil ,   des juifs proposent de revenir à l’ancien état des choses . Les habitudes diasporiques reprennent le dessus : on vit mieux en étant les protégés des rois ou des seigneurs que en assumant les luttes et en en supportant les conséquences ( ce qui ne veut pas dire que il ne faut pas tenir compte des rapports de force complexes du monde environnant).

De plus , on peut penser que  cette prise  sur la politique israélienne permet à ceux qui ne risquent rien  de souhaiter réorienter à distance un pays dont les habitants savent très bien que ce seront eux qui feront les frais de  toute erreur politique , en souffrances et en pertes d’êtres chers.

Mais la bonne conscience pacifiste , la conviction un peu méprisante que le judaïsme diasporique est  le vrai support de la continuité du peuple juif , et l’incapacité à comprendre que il n’y a pas plus d’Etat parfait que de mission d’exemplarité pour un peuple ,font que nous risquons d’aller vers une nouvelle phase de la vie de la population juive en France , qui  par ses divisions ,ravira ses adversaires.

Ainsi est rompu le contrat ancien implicite qui faisait que les communautés en Diaspora , même si elles désapprouvaient certains aspects de la politique israélienne ,  respectaient les choix politiques de l’Etat israélien , et , au moins , ne donnaient pas d’armes à ceux qui luttaient contre lui.. La gauche  juive française  décide de faire pression sur l’Etat israélien , par gouvernements étrangers interposés et prend place dans un dispositif qui vise à dicter sa conduite à l’Etat Juif , au nom de son intérêt  mieux compris .

Le problème avec les peuples  pour qui on décide à leur place ce qui est le mieux pour eux , sans leur demander leur avis , est que c’est  en général l’intérêt de ceux qui décident plutôt que celui de ceux pour qui l’on décide qui est poursuivi; Les intérêts stratégiques et politiques des puissances ne coïncident pas avec ceux d’Israël , et leur confier un rôle directif dans la politique  de l’Etat israélien sur la foi de leurs bonnes intentions pourrait se révéler très couteux. Les grandes puissances ont eu déjà l’occasion , et elles en auront beaucoup d’autres , de montrer que la poursuite cynique de la défense de leurs propres intérêts , passe le plus souvent avant toutes les autres considérations. Les modifications  des rapports de force en cours au niveau international , peuvent laisser imaginer le pire dans ce domaine.

Il est vrai que il y a urgence à  empêcher l’irrémédiable au Proche-Orient et que la prise du pouvoir par la droite extrêmiste israélienne est génératrice de graves inquiétudes. Mais s’engager dans une lutte directe contre le gouvernement israélien  dans une situation ou l’Etat Juif est assiégé par des forces hostiles , déterminées  à le détruire en un ou plusieurs temps , si ce n’est pas l’atomiser, est un oubli de la solidarité minimale que certains sont prêts à jeter au panier pour préserver  leur besoin d’images idéales.

Identité juive,traumatisme et résilience

avril 12, 2009

La parution d’un ouvrage intitulé « L’invention du peuple juif », écrit par Shlomo Sand,un  ultra gauchiste israélien, coutumier des dénonciations de l’Etat d’Israël, mais qui pousse cette fois les choses infiniment plus loin, puisque il conteste l’idée même d’un peuple juif (pour aboutir à la conclusion  que ce sont les Palestiniens qui sont les seuls Juifs authentiques), peut être l’occasion de réfléchir sur cette identité juive qui est l’objet de tant de discussions  à l’intérieur même de la communauté  juive.

Cette notion d’identité est elle même un terme d’usage relativement récent. Elle recouvre plusieurs dimensions, – l’identité administrative,les qualifications sociales d’un individu, l’idée  de ce qui est permanent  dans sa personnalité au delà des variations liées à son évolution dans l’âge et dans les rencontres au cours de son existence, toutes choses que l’on peut ranger dans la série des déterminations objectives d’une personne.

Mais il existe aussi un sens subjectif à ce terme d’identité, qui est le récit sur soi que chaque homme établit et réécrit en permanence, et qui est la signification humaine qu’il donne à son existence, c’est à  dire la façon dont cette existence s’inscrit dans une collectivité humaine, se relie à elle  (y compris éventuellement dans le refus), faute de quoi elle est privée de toute signification.
Cette collectivité peut être concrète ou abstraite, étendue à l’humanité entière ou rétrécie  à la bande de l’immeuble HLM, mais aucun homme ne peut se passer de situer ses actes, ses pensées et ses choix en relation avec son être humain, c’est à dire avec le fait qu’il partage son existence avec d’autres êtres humains et qu’il doit constamment penser la façon dont son existence s’articule avec celle des autres hommes.

Le récit intérieur est la forme que prend cette pensée,rationnelle ou affective, illusoire ou réaliste, de la représentation de soi de chaque individu et de sa dépendance aux formes de la société qui l’entoure.

On peut considérer que il ya, parmi d’autres, deux propriétés de ce récit sur soi qui  est le mode constitutif de la représentation de soi:

La première est que, comme l’a développé Maurice Godelier dans ses derniers ouvrages,  une part de cette identité est vécue comme constituée par des dons reçus des groupes sociaux qui  entourent les sujets, qui ont contribué à les façonner tels qu’ils sont, et qui font qu’ils s’estiment en continuité avec ces groupes. Toute attaque contre ces groupes est vécue comme une attaque contre eux-mêmes, toute valeur reconnue au groupe est une valeur qui rejaillit sur eux.

Une partie de l’identité personnelle est donc partagée avec le groupe, elle en est une inclusion dans la personne, une mise en commun de l’identité collective.

En même temps, cette mise en commun constitue une inscription dans le groupe, il y a réciprocité de devoirs et d’avantages dans ce système qui fonctionne comme une héraldique, ou chacun arbore le blason ou le drapeau qui symbolise cette appartenance ( ou la renie) et se sent lié dans un rapport de dette au groupe qui lui fournit valeurs, références culturelles et capital social.

Une autre propriété de ce récit intérieur est le fait qu’il est en continuelle interaction avec les discours tenus par les autres sur le sujet. La reconnaissance, la valorisation ou au contraire la disqualification, le déni de la valeur ou pire encore de l’humanité  entraînent  l’obligation d’intégrer ces éléments et de remodeler  cette représentation de soi pour tenir compte de ce retour venu  des représentants de l’espèce humaine. L’absence de réintégration de ces éléments laisse le sujet dans une situation de dénuement psychique et d’impossibilité de symboliser sa place dans l’ordre humain par perte de l’interface avec le monde environnant.

C’est évidemment ce qui s’est produit au cours de la 2ème guerre mondiale avec l’extermination et  la déshumanisation systématiquement mise en oeuvre, avec un raffinement pervers , par le système nazi, à un degré encore jamais atteint au cours des siècles antérieurs.

Cette confrontation soudaine à l’horreur et à l’insensé  constitue le noyau causal de ce que l’on a reconnu actuellement comme étant des états traumatiques, états que l’on constate dans les  grandes catastrophes :génocides rwandais , cambodgien, arménien, juif,tremblements de terre, accidents d’avion et de trains, soldats choqués dans certains épisodes de guerre. Ces états sont caractérisés par des modifications profondes du fonctionnement psychique avec reviviscence répétée des évènements, modification du caractère, développement de formes d’asocialité,états dépressifs, qui traduisent l’écroulement de l’édifice psychique élaboré au fil du temps  et la ruine  psychologique qui s’y substitue.

Boris Cyrulnik, lui même enfant juif caché pendant la guerre, a étudié ces phénomènes et a remarqué comment la capacité de résilience, c’est à dire d’échappement  à l’écrasement par cette catastrophe psychique dépendait de plusieurs facteurs: la confiance en soi préalable au traumatisme, la possibilité d’être actif d’une façon ou d’une autre face à l’évènement,l’entourage soutenant après l’évènement et, en particulier, les discours tenus par cet  entourage fournissant des mots qui permettent de retisser ce récit sur soi bloqué par la sidération du traumatisme.

Dans la question de l’identité juive, le nonsens et l’horreur du génocide hitlérien ont créé un traumatisme collectif qui continue ses effets deux générations après les faits.
Cyrulnik a bien montré comment le silence qui a été fait, pour des raisons politiques ou de confort psychologique le plus souvent, a laissé les victimes démunies face à la détresse  et la destruction psychique subies.

Ceci a été vrai dans les pays ou la terreur nazie s’est exercée,après la guerre, et aussi en partie en Israël quand les Israéliens ont voulu construire un « homme nouveau » basé sur  le déni de la faiblesse juive antérieure.

Or ce qui est difficilement admissible, c’est que au moment ou les choses ont évolué et ou les Israéliens ont commencé à écouter les récits des rescapés et à donner une place et une dignité aux histoires de la Shoah, les anti sionistes gauchistes israéliens ou européens ont commencé à développer une idée pernicieuse: celle de la « religion civile de la Shoah » qui consistait à dire que les Juifs instrumentalisaient  cette catastrophe pour justifier  l’existence d’Israël et la « maltraitance « des Palestiniens, oubliant que l’idée sioniste était bien antérieure à la Shoah. C’est à dire que pour ces gens, le  combat pour la mémoire menacée par les forces de l’oubli et du déni devenait un alibi pour une politique d’oppression et une justification falsificatrice pour l’ existence d’Israël.

A partir de là, ils se trouvaient en position de  minimiser le traumatisme  en traitant les victimes de victimaires, dans un mécanisme de déni causé par la nécessité de trouver des arguments pour soutenir leur idéologie tiersmondiste . Pour celle-ci, les seules victimes prenables en considération sont celles du capitalisme, et  tout nationalisme sauf celui des peuples du tiers monde est forcément criminel. Le livre de Shlomo Sand est une sorte de sommet dans le mécanisme d’inversion: les Juifs ne sont pas un peuple, mais les Palestiniens le sont,l’identité juive est un leurre qu’il faut détruire, etc…

Ce qui est ainsi occulté, c’est  une double dimension de l’identité juive:

d’une part, celle qui est liée aux dons reçus par chaque individu de sa culture,  des valeurs dont il est imprégné, et qui se transmettent parfois plus subtilement que par l’apprentissage direct. La religion juive, l’acharnement à rester soi-même, la résistance à l’oppression et à l’humiliation, l’ethique juive en font partie et créent des devoirs, en particulier de continuation de ce qui a été conservé à un tel prix;

d’autre part, l’histoire continue d’humiliations, de violences et finalement de volonté de destruction totale constitue un traumatisme  global face auquel chaque juif doit pouvoir trouver les formes de sa résilience: que ce soit dans la réussite personnelle, dans le combat pour maintenir vivante la culture juive  ou  dans la réalisation d’un Etat qui symbolise l’accès à l’autodéfense et à la volonté de se battre, par tous les moyens, contre ceux qui sont acharnés à sa perte. Chacun a été, est ou peut être confronté au traumatisme  de la haine insensée qui vise  à le blesser ou le détruire psychiquement.Face au traumatisme renouvelé ou renouvelable, et à la menace de ruine psychique suspendue au dessus de sa tête le peuple juif tout entier est en résilience, même s’ il n’est pas le seul.

GB

L’état binational prôné par les extrêmistes palestiniens recouvre un projet de libanisation d’Israël

mars 30, 2009

d’après l’article de Gil Mihaely,historien et journaliste israélien, paru dans Le Monde du 21 mars 2009

Mihaely expose clairement en quoi l’idée très ancienne de l’Etat binational qui refait surface dans certains milieux palestiniens est une fausse bonne idée et de quelle façon le bon sens apparent qu’elle présente cache une négation des besoins fondamentaux humains porteuse de catastrophes et de guerres interminables.

Il explique que l’être humain n’est pas une créature seulement rationnelle,  et que  la religion et la nation sont des besoins impossibles à supprimer et qui répondent au besoin fondamental de donner du sens. »l’Etat- Nation est ce lieu irremplaçable ou s’articulent tant bien que mal le particulier et l’universel, l’individuel et le collectif.

Or, dit-il, à partir du moment ou il n’y a plus coïncidence entre Etat et Nation- soit que plusieurs nations cohabitent dans un seul Etat, soit que des nations soient dispersés entre plusieurs Etats,  cette cellule de base du système international ne fonctionne pas si bien. Si un Etat peut abriter une ou plusieurs minorités nationales, il ne peut jamais concilier deux communautés nationales d’importance égale.

Or si on peut exiger d’un Etat-nation le respect des droits de tous ses habitants, on peut difficilement lui demander de respecter des aspirations nationales  concurrentes, pas plus qu’on ne peutd’ailleurs exiger  de ceux qui appartiennent à la communauté nationale vaincue en 1948 d’accepter de gaité de coeur le drapeau, l’hymne et autres symboles des vainqueurs. Ils on pleinement le droit d’avoir les leurs. »

« Mais que serait ce fameux état binational sinon la garantie d’une frustration générale et permanente? Un Etat n’est n’est ni un ectoplasme distributeur d’allocations, ni une mairie en plus grand. Ce serait une grave erreur de négliger cette dimension anthropologique, surtout dans le contexte d’u conflit qui exaspère les réflexes nationaux de ses protagonistes. »

« Comment peut-on espérer que Palestiniens et Israéliens réussissent là ou Tchèques et Slovaques ont échoué, là où Flamands et Wallons se perdent? » Appliquée a Israël, la solution d’un seul Etat bi-national ne peut aboutir que à une libanisation et à un non-Etat. »

« Reste cependant, dit il, la question de savoir si la solution « Deux peuples, deux Etats » est encore applicable sur le terrain, compte tenu de la politique constante des gouvernements Israéliens successifs de la rendre inapplicable. En outre, dit il, l’incapacité des Palestiniens à  contrôler leur violence et à  accepter des compromis raisonnables ont créé chez les Israéliens une crispation sécuritaire visible aux dernières élections. »

« Cela dit, ajoute-t-il, si Israël a su conquérir et coloniser, il s’st montré aussi capable de se retirer des territoires occupés comme en 1982 eans le Sinaï;et en 2005 à Gaza. Bref,aussi difficile soit-elle à mettre en oeuvre,la solution des deux Etatsn’est pas seulement la moins injuste. Elle est la seule »

Un livre sur l’invention du peuple juif introduit la confusion avec l’idée des races

mars 29, 2009

D’après l’article de Eric Marty, professeur de littérature à l’Université Paris Diderot,publié par Le Monde du 29 mars 2009.

L’article de Marty est remarquable d’efficacité dans la démonstration de la perversité  de la thèse de Shlomo Sand dont le livre intitulé «  »Comment le peuple juif fut inventé de la Bible au sionisme » vient de sortir et rencontre , sans doute grâce au titre choc qui le résume, un certain succès de librairie. Marty passe rapidement sur la nature superficielle et approximative  du traitement d’informations « de seconde main  » de cet historien autodidacte, pour aller au  centre du problème.

Découvrant que il n’y a pas de race juive- ce qui est une  vérité éculée- Sand en conclut que le peuple juif est une invention historique récente, et, « divine surprise », que le peuple juif n’existe pas.

Tout le livre consiste ainsi  à vouloir prouver que les Juifs actuels ne sont pas « génétiquement « les descendants  des Hébreux.

Or ce qui fait le peuple juif n’a jamais été une question de race, contrairement aux affirmations nazies, et comme le montre la diversité des couleurs des juifs (noirs, blancs, jaunes, bruns, blonds,etc.),mais la religion, l’histoire, la langue.

Comme le dit Marty, il y a un peuple juif , bien  que il n’y ait pas de race juive. Il met à jour l’ambition de Sand de mimer le discours de Michel Foucault affirmant que « l’homme est une invention récente ». Mais pour Foucault, dit Marty,il était fondamental de réfléchir à cette invention dans les savoirs et de la déconstruire. »

Or, souligne Marty, « c’est sur ce point que le livre de Sand se révèle vide.Car s’il dénie aux Juifs une aspiration qu’ils n’ont jamais eue comme peuple, celle de se constituer en race, il ne déconstruit pas la notion de race.Au contraire, il lui confère un statut de vérité qui se donne comme vérité ultime. « En effet, la conclusion proprement perverse de son livre, est d’attribuer au peuple palestinien ce qui a été dénié aux juifs,à savoir qu’ils sont -eux les Palestiniens- les vrais descendants génétiques des Hébreux originaires. »

« Cet épilogue est révélateur de la finalité du livre. On y trouve le principe mythologique de l’inversion dont le peuple juif est la victime coutumière: les Juifs deviennent des non-juifs et les Palestiniens des juifs génétiques. On peut donc en déduire qui est l’occupant légitime du pays. En ne déconstruisant pas l’héritage génétique, en en faisant au contraire bénéficier le peuple palestinien, Sand révèle tout l’impensé qui obscurément pourrit ce qu’il tient pour une entreprise libératrice. Il montre que la méthode substitutive qu’il emploie et tout simplement mystificatrice, et ce d’autant plus qu’elle voudrait être au service de l’entente entre les ennemis. »

« Nier l’identité juive est une vieille marotte, aujourd’hui parasite obstiné de la pensée contemporaine. D’où vient ce vertige du négatif? On l’aura compris en lisant le livre de Shlomo Sand; d’un désir obscur de faire des juifs de purs fantômes, de simples spectres, des morts-vivants, figures absolues et archétypales de l’errance, figures des imposteurs usurpant éternellement une identité manquante. Eternelle obsession qui, loin de s’éteindre, ne cesse de renaître, avec désormais, un nouvel allié mythologique: les Palestiniens. »

Shlomo Sand pousse ainsi à la limite ce qui était déjà en filigrane de toute son oeuvre de « nouvel historien » acharné à tenter de « déconstruire »  tout sentiment national juif. L’ultra gauchiste conséquent qu’il est , partisan de l’Etat binational en Palestine et donc de la destruction de l’ Etat Juif, termine en apothéose sa trajectoire de haine du sionisme: par quelque chose qui est une forme de  négation radicale et absolue de l’identité juive pour laquelle un mot s’impose: le négationnisme. En effet, cette passion de nier la réalité historique au nom d’une soi-disant lutte contre un « conformisme » de la vision historique est le  double symétrique du faurissonisme, de plus en plus enfoncé dans un discours de dénonciation des « historiens officiels », aveugle à sa haine qui est le substrat caché de ses constructions abracadabrantes  , constructions dont la base est le déni d’une réalité incompatible avec les préjugés idéologiques qui constituent l’armature  d’une pensée elle même plus stéréotypée que ses cibles. A quand une invitation de Shlomo Sand au prochain spectacle de Dieudonné ?

JACQUES CHIRAC A L’ATTAQUE DES NEGATIONNISTES

mars 28, 2009

(D’après l’article de Sophie de Ravinel, dans Le Figaro du 28-03-2009)

A l’UNESCO,Jacques Chirac a apporté un soutien appuyé au projet Aladin, initié par la Fondation de la mémoire de la Shoah, projet destiné à lutter contre le négationnisme, en particulier dans les pays arabes, en rendant accessibles en arabe, sur Internet, des informations objectives sur la Shoah et sur les relations judéo-arabes.

« Le drame de la Shoah interdit l’oubli.Il impose la pudeur. Il fait exploser la colère au coeur de chaque homme de bonne volonté, lorsque la Shoah est contestée. » a-t-il déclaré.

« Il a insisté sur le fait que’il ne s’agissait pas de « faire porter aux pays musulmans une culpabilité qui n’est pas la leur »… mais qu’il était important « de faire connaître la Shoah, pour la faire sortir du silence que l’on a fabriqué autour d’elle dans beaucoup de pays »

« Evoquer la Shoah risquait de susciter dans ces pays un sentiment de sympathie pour les Juifs et l’existence d’Israël. Alors, on l’a cachée. »

Jacques Chirac s’est inquiété du fait que « les conflits incessants du Proche Orient sevent aujourd’hui de prétexte à une nouvelle haine d’Israël. Elle est en train de devenir une nouvelle haine des Juifs. Cette haine se répand. Elle peut être le début d’un nouveau cauchemar. Il n’y aura pas de paix au Proche-Orient tant que il n’y aura pas reconnaissance et acceptation de l’Etat d’Israël.. Mais il n’y aura pas de reconnaissance mutuelle réelle sans assentiment des peuples(…)sans une compréhension plus intime. »

Jacques Chirac ne s’est pas adressé que à cette partie du monde, disant que « nul pays, nulle culture ne sont immunisés  contre la tentation du génocide ».. »Nous ne devons jamais accepter comme démocratiques les partis qui propagent la haine. L’accord trouvé entre libéraux, démocrates chrétiens, socialistes et communistes dans l’après guerre pour rejeter les partis de la haine doit être considéré comme un acquis définitif de la démocratie européenne. »

Ces propos étaient une réponse claire  aux nouveaux propos provocants de Le Pen , réitérant son affirmation que les chambres à gaz étaient « un détail  » de la seconde guerre mondiale? ce qui a entraîné une  décision des partis européens démocratiques de modifier le règlement de l’assemblée européenne pour empêcher la possibilité que Le Pen puisse en devenir président, au bénéfice de l’äge.

Un pacifiste israélien remet en cause le pacifisme

mars 23, 2009

(d’après le texte de Amir Gutfreund, écrivain israélien, publié par Le Monde du 22mars 2009)

Le texte de Amir Gutfreund est intéressant parce que il constitue la première autocritique du pacifisme en Israël , venue donc de l’intérieur même du pacifisme, publiée en France.

A.G. se définit lui même comme « un homme de gauche, autrement dit quelqu’un qui veut la paix à tout prix et qui est prêt, pour cela à  d’énormes concessions ». Il dit d’ailleurs avoir voté travailliste aux élections de février dernier.

Pourtant, devant l’évolution vers la droite du pays, il n’interprète pas le phénomène comme le fait que les Israéliens sont allergiques à la paix, mais comme « une réaction aussi instinctive que salutaire ».

Pourquoi?

Parce que, dit -il, » les Israéliens demandent une pause; qu’on leur permette d’hésiter encore un peu avant d’en venir à des décisions irrévocables ». « Les raisons qui ont poussé l’opinion publique israélienne « à droite », ne lui sont pas étrangères, tout électeur de gauche qu’il soit »; en effet, » tout accord de paix, aussi précaire soit -il représente e effet pour Israël la mise en jeu de sa propre existence »

« Au cours des dernières décennies,la paix est apparue à portée de la main, puis tout est parti en vrille, et il se demande si cette paix était vraiment si proche, ou si il s’est agi de rêves et de châteaux en Espagne.

Il n’est pas besoin d’être de droite, dit-il, pour sentir qu’un changement profond s’est récemment opéré dans la réalité qui est celle d’Israël au Proche Orient. Un facteur nouveau, dont les Européens se sont insuffisamment rendu compte est intervenu:la survenue de l’intégrisme islamique.

« Rituellement, quelqu’un vient faire miroiter aux yeux des Palestiniens la promesse de succès supplémentaires, de victoire totale,pourvu qu’ils se retiennent, pourvu qu’ils sachent résister au compromis en cours… Un vent d’extrêmisme islamique souffle.Si naguère le conflit israélo- palestinien a pu apparaître soluble dans le cadre d’un partage des ressources  et de solutions humanitaires, il est sûr que, aujourd’hui, alors que les données du problème n’ont apparemment pas changé, aucun espoir de ce type n’est plus envisageable.

« Des pans entiers de la population palestinienne croient désormais dur comme fer dans les promesses d’un djihad mondialisé. Alors que le conflit est en apparence resté le même,il a changé de bases, et une grande partie des pacifistes, en Israël et ailleurs, n’ont pas pris connaissance du » tour de passe passe auquel s’est livrée l’histoire ».

« Il y a dix ans, j’étais convaincu que des concessions israéliennes conduiraient à la paix.Désormais je suis au contraire convaincu que les retraits les plus spectaculaires ne serviront à rien ».

Normalement, explique-t-il, ce devrait être les Israéliens qui n’ont pas intérêt au changement étant donné le « confort » de leur société, et les Palestiniens, du fait de leur misère et de leur souffrance,qui désirent celui- ci.

Or, cette situation s’est inversée. Les Israéliens ont l’estomac noué d’angoisse quand la paix ne progresse pas, et les Palestiniens s’enthousiasment pour les opportunités que recèle l’attente: obtenir plus et à de meilleures conditions dans l’avenir. »

« Comment arriver à ouvrir les yeux des Européens sur cette mutation, s’interroge-t-il? Cela lui paraît difficile quand on constate la paralysie qui saisit les Européens quand ils doivent affronter le radicalisme musulman, et leur crainte d’apparaître arrogants, racistes et colonialistes..

L’épreuve, dit-il aura lieu, à l’occasion de la « conférence de Durban 2 ». Il imagine déjà la scène: « Le délégué d’un pays ou les fillettes de8 ans sont mariées de force à des vieillards proclamera son indignation devant la situation des droits de l’homme en Israël ». Le délégué d’un pays qui subventionne partout dans le monde le terrorisme portraiturera Israël en état terroriste. L’ambassadeur d’une nation ou un tribunal a prononcé une peine de viol collectif sur une jeune fille dont le frère avait attenté à l’honneur d’une autre femme dissertera sur la politique scandaleuse d’Israël par rapport à ses minorités. »

« Durban 2 est un évènement si parodique, si grotesque, qu’on pourrait croire qu’il a été taillé pour dessiller les yeux des incrédules », et pourtant , il n’est pas convaincu du réveil de la conscience européenne.

Au moment ou commenceront les discours délirants sur Israël, y aura-t-il une surprise?

OPINION LIBRE :DEFENDRE LE JUDAISME OU DEFENDRE LES JUIFS ?

mars 6, 2009

A l’heure ou la question de l’identité juive hors de la religion se pose avec une insistance grandissante d’un coté, et ou de l’autre les inquiétudes sur l’avenir de l’Etat hébreu vont croissantes avec les progrès de l’islamisme extremiste et le danger nucléaire iranien, il devient important d’éclairer les choix qui se présentent aux juifs de la Diaspora

La multiplication des mariages mixtes, la réduction de la croyance religieuse, la dilution dans la population générale font que objectivement , le mode de vie juif se réduit, les traditions se perdent, malgré la volonté d’une minorité de faire des efforts pour les faire survivre.

Clairement,un monde s’efface,celui qui liait une foi et des rites , et même une langue, le Yiddish,effacement aussi bien lié au recul général des religions que à l’assimilation qui ne rencontre plus les obstacles antérieurs, et à la disparition d’une partie de cet univers avec la population détruite dans la Shoah.

Cette disparition produit une réaction de refus de la part de la génération de ceux qui ont suivi la génération détruite ou rescapée de la Shoah, et qui se sentent coupables de ne pas maintenir la continuité des 20 siècles ou le peuple juif a préservé son existence en l’accrochant à la religion et en s’identifiant à cette religion.

Mais comment maintenir en vie un peuple qui s’est confondu avec une religion quand la foi n’est plus là?

Israel a été une réponse partielle à cette question. L’acquisition d’un Etat, la résurrection d’une langue qui est redevenue vivante , la transformation d’une nature, la reconquête d’une fierté, ont justifié la création d’un Etat qui a pris la succession de l’Etat juif initial, au prix d’un fait accompli qui a suscité des problèmes de plus en plus lourds. La nation juive a vécu une renaissance qui a stupéfié le monde, et par ce seul fait, a justifié son existence. Car la justification des nations, c’est leur apport à l’humanité, et l’apport d’Israel, c’est la dignité retrouvée,la fin de la soumission, l’arrêt des humiliations subies sans riposte.C’est l’illustration du droit à l’autodéfense des agressés, la reconquête d’une humanité par ceux à qui elle a été déniée pendant des millénaires.

Le problème n ‘est pas que celui de la survie du peuple juif. Il est avant tout des conditions de sa survie, et même l’hypothèse la plus terrible, celle d’une défaite israelienne, et d’un éventuel autre génocide, nucléaire, ne changera pas cette donnée nouvelle: les juifs ne se laisseront plus faire sans se battre, les assassins paieront le prix de leurs crimes.

L’histoire du peuple juif est exemplaire pour l’humanité, pas seulement parce que elle démontre, à son détriment, les ressources de sauvagerie qui existent dans la nature humaine, mais parce que elle est symbolique de ce qui est vital de dignité pour que l’existence vaille d’être vécue, et des capacités de regagner une dignité humaine qui a été perdue ou détruite du fait d’autres humains.

Bien plus que le mythe biblique, qui a participé à la civilisation du monde entier, c’est l’histoire concrète de ce peuple, qui fait symbole universel de la résistance à l’esclavage,et à la déshumanisation: Il a symbolisé ces deux faces de l’humanité: la capacité à produire de l’inhumain et le pouvoir de perdre, mais aussi de retrouver une humanité perdue.

De cela, les juifs doivent être éternellement reconnaissants à Israel et à ceux qui ont construit ce pays. L’identité de ce peuple est avant tout celle de ce destin: perte et restauration de l’humanité.et d’une fierté humaine; La Shoah et Israel sont les deux faces indissociables, et rapprochées chronologiquement d’un être au monde qui s’est détaché de la religion à laquelle il avait suspendu son identité et sa lutte pour ne pas cesser d’exister.

Comme une fusée qui largue son premier étage pour s’adapter à des conditions différentes de pesanteur et de densité de l’atmosphère, l’identité juive doit se rebâtir sur le tournant qu’ont constitué la naissance d’Israel et la Shoah.Sans victimisation, mais en s’adossant à cette insécurité du gain de l’humain sur la barbarie, sans moralisme, mais dans la prise en considération de la dimension éthique des choix politiques et stratégiques qui s’imposent, sans angélisme et sans faiblesse.

Les traces de l’intrication de l’identité juive avec la religion sont gravées dans la mémoire juive, mais ce n’est pas la remise au goût du jour de souvenirs qui fera vivre le peuple juif. C’est la dialectique vivante entre les questions d’existence à résoudre au jour le jour et les effets du destin juif sur les consciences qui créera une pensée juive, visible dans les productions de la culture moderne (cinéma, romans, pensée philosophique, morale et politique) et dans la vie politique et citoyenne, c’est à dire l’Histoire en train de se faire.

Les Juifs de la Diaspora ont donc un devoir de solidarité et de défense de l’Etat israelien, en dehors de leurs devoirs de citoyens français, et de solidarité et de défense de leur communauté, et un devoir de penser les implications politiques et historiques du destin juif, de la place de la tradition et de la religion dans la question de l’identité d’un groupe, une obligation de réfléchir à la question de l’identité sans tomber dans le repli identitaire qui menace actuellement.

La Diaspora doit accepter de n’être que ce qu’elle est: une fraction du peuple juif, dont le destin se détermine plus sur sa terre d’origine que dans les pays ou elle est diluée, comme c’est le cas pour toutes les diasporas, ce qui ne veut pas dire qu’elle est sans importance. La lutte pour déterminer qui a le droit de parler au nom du peuple juif, Diaspora ou Etat israelien, est stupide. Mais la volonté de la Diaspora de représenter l’essence du peuple juif est l’expression de la nostalgie d’un mode de vie ancien, qui traduit la tendance à figer l’histoire dans le passé ,propre a l’histoire juive et à son regard tourné vers le passé.

La haine qui poursuit les juifs, qu’ils soient dispersés en diaspora ou rassemblés sur la terre juive, continue, qu’on le veuille ou non, a être le lien ombilical qui les relie à leur destin, bien plus que la pensée de tous les grands penseurs juifs. Cette haine se développe maintenant dans le sillage de l’islamisme extrêmiste, qui se répand à la surface du globe comme une infection, réduisant à néant l’espoir né après guerre d’une disparition des racismes extrêmistes.C’est cette position au carrefour des passions humaines qui définit les coordonnées de l’identité juive, liée à cette négation d’elle qui l’a entourée pendant 20 siècles

Le repli sur le religieux est une erreur grave qui choisit l’identité passée contre l’identité actuelle, et rabat l’être juif sur une vision d’un monde rétracté dans un ghetto intellectuel , dans un temps figé , qui fait du juif un objet pour gardien de musée. Les racines d’un arbre ne sont pas cet arbre, et ce qui fait la valeur de l’arbre, c’est sa ramure, son feuillage et éventuellement ses fruits.

« My father, my lord »,l’univers glauque d’une famille israelienne ultra orthodoxe

mars 6, 2009

Le film de David Volach décrit l’univers étouffant de la vie d’un enfant d’une famille juive de Jérusalem, dont le père est une figure d’un mouvement ultra religieux. Cette vie étrange, complètement coupée de la réalité extérieure, nous est décrite telle que peut la percevoir l’ enfant, le jeune Menahem,âgé d’entre 6 et 8 ans.

Le père est montré dans son fonctionnement entièrement tourné vers son activité religieuse, une activité elle-même centrée sur une seule chose: l’éxécution des rituels, l’ observance des « commandements », et le développement d’une rhétorique de justification de cette pratique. On y voit l’enfermement intellectuel de cet homme, plongé continuellement dans le monde des livres, au point d’oublier l’enfant qui est à ses côtés, et dont la production intellectuelle aboutit à des nullités grotesques, que boivent religieusement les adeptes plus jeunes dont il est le mentor. Car une des choses montrées dans le film, c’est le côté momifié de cette pensée,uniquement consacrée à l’apologie du texte religieux, et son aspect incantatoire et vide. Il y a des pensées religieuses qui ont enrichi et approfondi la pensée humaine; celle-ci ne sert qu’à sa propre autoreproduction.

L’enfant, qui est pris dans cet univers de pensée qui l’enveloppe entièrement, l’admet, mais le film montre comment,avec sa sensibilité naturelle, quelque chose en lui perçoit bien les anomalies de ce discours, le côté inhumain et absurde de certaines de ces prescriptions, même si le père écrase immédiatement ce qui s’ébauche d’une pensée critique chez l’enfant, au nom de l’interdiction de critiquer et même de questionner les commandements religieux. On voit très clairement dans ces instants,la façon dont fonctionne l’interdit de penser qui est le substrat même de cette forme sectaire de religiosité. C’est le paradoxe même de cette forme d’hyper intellectualité que son but est d’empêcher de penser, car le but final, c’est l’obéissance.

Parallèlement à cette activité intellectuelle d’apologie de la soumission au texte – le contraire de la discussion et de l’émulation intellectuelle- on sent aussi les bénéfices énormes que peuvent en tirer les pratiquants: car pour eux, comme pour les activistes d’autres sectes,d’une part le monde est simple: tout a été dit et est écrit dans le texte sacré; et d’autre part , il y a le sentiment de faire partie de l’élite des « élus », de ceux qui seuls, seront sauvés. On le voit dans le passage délirant ou le père explique que tous ceux qui ne sont pas les défenseurs de la Torah n’ont été créés par Dieu, hommes et animaux, que pour servir ces défenseurs, et n’ont pas d’existence individuelle aux yeux du Seigneur.

L’enfant essaye de trouver de quoi vivre dans ce monde étranger au monde, ou il n’a aucun contact avec d’autres adultes ou d’autres enfants que ceux du petit cercle d’adeptes. Même l’expédition de « vacances », au bord de la Mer Morte, aboutit à une plage réservée aux pratiquants de la secte, et le voyage pour y arriver se fait dans un minibus réservé pour eux seuls.Le père, qui est affectueux envers l’ enfant, mais n’a aucune idée de ce qui est nécessaire à un enfant pour exister, en dehors des règles qui lui sont apprises, ne voit rien de ce qui se passe autour de lui, uniquement tourné vers son monde intérieur, et le drame qui va se produire sera la conséquence directe de cet aveuglement à la réalité qui l’entoure.

Le film est un cri de colère contre la violence latente dans ces pratiques. Il y joint le portrait juste et touchant d’un enfant, ce qui n’est pas si fréquent au cinéma, et de la plasticité de cet age, qui même dans le désert d’échanges qui l’entoure , repère les oasis de vie làou il le peut, et instinctivement, se tourne vers elles.

La « religion civile » de la Shoah, concept nouveau de l’antisionisme

mars 6, 2009

Un nouveau concept est en train de se développer dans les milieux critiques de la politique israelienne, en particulier dans les milieux intellectuels pacifistes , israeliens ou européens, qui se trouvent mis en porte à faux par la désaffection de la population israelienne pour le discours oecuménique des pacifistes, devant la montée de la violence extremiste islamiste, et la confirmation de l’existence d’une frange palestinienne qui ne cache pas son refus d’admettre l’existence d’Israel, et qui revendique une guerre à mort.

Le livre de georges Bensoussan, »Un nom impérissable », développe la thèse suivant laquelle le sionisme, privé de « légitimité » par l’épuisement de l’idéal socialiste initial et de la mythologie de la construction d’un homme nouveau, tenterait d’en retrouver une en développant un nouvel appareil mythologique autour d’une identité victimaire, centrée sur l’évènement historique de la Shoah.

Ce livre rejoint la thèse de Esther Benbassa, « La souffrance comme identité » qui développe avec complaisance une thèse semblable :celle de l’autoperception du peuple juif comme communauté de souffrance, de la description de l’histoire juive comme « une vallée de larmes culminant dans l’holocauste »,et de la définition du peuple juif par Hermann Cohen comme « peuple de la souffrance ».

Le corollaire immédiat de cette thèse -et à mon avis peut-être le moteur même de la recherche-, c’est que cette vision du monde entraîne les Juifs dans une « tour d’ivoire morale » qui les rend insensibles… à la souffrance du peuple palestinien (présentée elle comme réelle a côté d’une sorte d’auto-apitoiement permanent sur un mythe de souffrance qui serait la face inversée d’une élection, donnant droit à tous les hors-droits imaginables-vieux mythe antisémite du peuple qui se croit non soumis aux obligations communes)

Il y a dans la façon dont certains se font les procureurs implacables du sionisme sur le plan des idées, la poursuite du refus fondamental de ce sionisme qui ne peut plus actuellement s’exprimer ouvertement. Comme ils n’osent pas remettre en cause le fait accompli du sionisme, ce qui conduirait à l’idée gauchiste d’ un état démocratique bi -national dont tout le monde sent bien qu’il est un nonsens même plus politiquement correct, ils expriment leur rejet de ce nationalisme par des critiques de tout et de son contraire.

On reproche au sionisme d’avoir ignoré la Shoah, et après, de lui donner une place trop importante. On lui reproche d’avoir nié la faiblesse juive, et après on lui reproche d’identifier les juifs à cette faiblesse. On lui reproche sa dureté, de ne faire que des victimes autour de lui, et maintenant , de larmoyer sur les souffrances juives.

Finalement, rien ne trouve grâce aux yeux de ces historiens, qui rejoignent les « nouveaux historiens « israeliens dans leur travail de ‘déconstruction » qui leur permet d’être aussi vierges de toute compromission morale que remarqués pour leur « courageux anticonformisme ».

Leur conceptions générales, plus ou moins orientées par une construction intellectuelle « de gauche », ne sont pas vraiment compatibles avec un mouvement nationaliste comme le sionisme; ce nationalisme ne peut trouver aucune place dans leurs grilles de lecture, et si ils l’admettent du bout des lèvres pour ne pas se couper des peuples et des autorités morales qui le comprennent intuitivement , cette acceptation les met en contradiction avec tous leurs schémas de pensée, ce qu’en tant que intellectuels, ils supportent particulièrement mal.

L’identité juive ne se résume pas à la persécution, la culture juive est une des plus anciennes et des plus importantes du monde , mais, politiquement, le destin juif a été un destin d’angoisse et de négation , de persécution et d’exclusion, dont les Lumières n’ont pas suffi à les extraire. On ne peut oublier que les raisons de la naissance du rêve sioniste ont été les conditions épouvantables d’existence des Juifs de l’Est, et les poussées d’antisémitisme en Europe Occidentale.C’est le fait politique du nationalisme juif qui est inadmissible pour des gens qui ne peuvent admettre que la lutte des classes ou la révolution comme issue moralement concevable à un malheur politique. Le nationalisme, sauf pour les pays colonisés, ne rentre pas dans leurs cadres de pensée

Le fondement de la légitimité de l’Etat Israelien reste là:L’antisémitisme polonais de 1967 qui a conduit à l’émigration les derniers juifs ou presque de Pologne date quand même de 20 ans après la naissance d’Israel,il n’y aplus de vie possible pour les juifs dans le monde arabe; comme le disait le rabbin Eisenberg: »Tout ça n’est pas grave. Il n’y a de danger pour les Juifs que dans deux endroits: Israel et la Diaspora.

La bataille qui s’engage dans la période actuelle entre Israel et ses adversaires, est au moins autant une bataille dans le champ des idées que dans le domaine des armes. Le combat des Arabes depuis le début de l’existence d’Israel est celui d’une affirmation de l’illégitimité de celui-ci, au nom de la légitimité ( apparue ensuite) du nationalisme palestinien.Or, ces deux légitimités sont égales, c’est pourquoi il faudra un compromis,faute de quoi on s’acheminera vers une lutte à mort .

Présenter les juifs comme des oppresseurs impitoyables et en même temps larmoyant sur leur sort, vise à les déconsidérer et à les déligitimer dans une opinion déja très orientée par la victimisation médiatique du peuple palestinienà laquelle participent les démagogues variés du monde antioccidental,qui usent et abusent de la vision moralisatrice qui est si efficiente dans le monde occidental et pas du tout dans le leur.

La société israelienne vit certainement une crise morale et politique avec l’accentuation de ses lignes de division internes, mais elle veut continuer à vivre;

Le sens de son existence est d’abord le droit qu’elle a d’exister en vertu du principe du droit des peuples à disposer d’eux mêmes, qui est exactement aussi valable pour eux que pour les anciennes colonies parvenues à l’indépendance, et d’affirmer leur identité dans cette liberté. La contestation de ce droit, directe ou camouflée, doit être combattue sans relâche, y compris chez ceux qui cherchent à plaire à tout le monde , même à leurs ennemis.

« BEAUFORT » UN SUPERBE ROMAN SUR LES SOLDATS ISRAELIENS AU LIBAN PAR RON LESHEM

mars 6, 2009

Ce roman superbe , inspiré de très près par la réalité rapportée à l’auteur par le chef de l’unité décrite dans le livre, décrit la vie d’une unité d’élite de l’armée israelienne qui garde le château de Beaufort, château médiéval occupé par le Hezbollah jusqu’à l’offensive menée au Liban par l’armée israelienne commandée par Ariel Sharon en 1982 et qui avait abouti, après avoir chassé le Fatah et Arafat de Beyrouth, à l’occupation du Sud Liban jusqu’en 2000, année du retrait volontaire de l’armée israelienne.

Le livre raconte avec une justesse de ton extraordinaire le monde intérieur et les rapports de ces soldats, entraînés à une guerre d’offensive et d’audace, contraints de s’enterrer dans des abris bétonnés et de subir passivement les bombardements et les attaques imprévisibles et meurtrières d’un ennemi qu’ils ne voient jamais.

Il décrit dans une langue exceptionnelle d’intensité et de vérité les sentiments d’amour profond, d’intensité affective qui lient ces jeunes gens, à peine sortis de l’adolescence, et dont la vie est risquée en permanence, à la merci d’une roquette ou d’un missile contre lesquels n’existent pas de parades. Seule la chance décide qui va vivre ou mourir.Le chef de l’unité à peine plus âgé que ses soldats, dévoré de l’envie de se battre, doit en permanence maintenir cette volonté de combattre qui est la fierté de cette unité et qui se heurte aux conditions passives qui leur sont imposées par leur mission de garde, et qui s’amplifient quand la perspective d’un repli pour des raisons politiques se précise de plus en plus.

La coexistence des blagues juvéniles, des préoccupations amoureuses de cet âge, du sentiment d’être une avant garde vitale pour la protection d’Israel,avec l’excitation du combat, la rage contre un ennemi qui frappe en restant hors de portée, la détresse immense quand un copain- un ami plus proche que ne peuvent l’être tous les proches, quelqu’un pour qui on peut donner sa vie, et qui peut donner la sienne pour vous- est tué à quelques mètres de soi, tout cela crée un univers incommunicable au reste des mortels. L’intensité des sentiments , la force des liens créés dans un petit groupe, le langage commun qui les soude, mélange de formules consacrées, de code de complicité, la référence implicite à l’honneur qui impose au risque de l’existence la solidarité absolue ,le refus de l’abandon du blessé ou même du corps de l’ami mort, constituent un monde qui s’oppose à la vulgarité et à l’individualisme de la société banale pour laquelle ils se battent.

La décision politique du retrait du Liban va ébranler cette acceptation du sacrifice possible en en remettant en cause la justification-pourquoi partir maintenant et pas avant-, en rendant impensable d’être le dernier mort de cette guerre que le pays commence à désavouer.La pression médiatique des pacifistes, l’hystérie des mères, le lâche soulagement qui s’étend, ébranlent la conviction intérieure de ces jeunes qui se sentent isolés du pays qu’ils étaient prêts à défendre au prix de leur vie.

La fierté née de ces risques extrêmes survivra à la fin de l’aventure, à la séparation du groupe, au souvenir des amis perdus, et à l’entrée dans la vie adulte et dans le quotidien.

Du livre, en attendant le film qui sortira prochainement, subsistera l’image de ces garçons , de leur courage évitant les phrases grandiloquentes, de leur capacité à se battre pour des valeurs que le pays n’est plus unanime à partager, et pour lequel ils illustrent la formule de Renan: »Une nation est une grande solidarité faite des sacrifices que l’on a faits et de ceux que l’on est disposés à faire ».

Israel: la barre à droite, toute?

février 22, 2009

La logique des chiffres s’est imposée implacablement: Perès a chargé Netanyahou de former un gouvernement, parce que il était évident que Livni,malgré le fait qu’elle avait remporté les élections en ayant obtenu le plus grand nombre de sièges, était dans l’incapacité de  trouver une majorité pour soutenir son gouvernement.

A partir de cette réalité de fait: la gauche et le centre sont en minorité dans le pays, et sur des positions trop opposées à celles de la droite sur tout ce qui concerne le conflit avec les Palestiniens pour pouvoir mener une politique commune cohérente dans ce domaine crucial, qui rejoint les questions essentielles de la sécurité, de la défense,, et des relations internationales, un gouvernement d’union nationale n’ a pas de sens.

C’est pourtant ce qu’auraient souhaité, d’après les sondages, une large majorité d’Israéliens, qui y voyaient sans doute une façon de contrebalancer le poids inquiétant de l’extrême droite dans un gouvernement ou Netanyahou serait le plus « modéré » de l’équipe mise en place.

C’est aussi ce qu’aurait voulu Netanyahou, qui est parfaitement conscient de sa dépendance à l’égard des extrêmistes et de la fragilité d’un gouvernement à la merci de ces surenchères, ainsi que des contradictions entre religieux et laïques ( le parti de Lieberman), et aussi menacé par le mécontentement des alliés européens et américain.

Le refus de Livni d’être l’alibi de Bibi:

Malgré une phase d’expectative, Livni  a fini par tirer les conclusions de la situation: ne pas assumer de  rentrer dans l’opposition serait à la fois inutile quand  à l’atteinte de ses buts dans le processus de paix, Netanyahou bénéficiant de tous les atouts pour saboter le processus, tout en utilisant l’alibi de la coresponsabilité de Kadima, et suicidaire pour son image  personnelle, basée sur le courage d’éviter les compromis politiciens qui ont déconsidéré toute la classe politique aux yeux des Israéliens.

Kadima a réussi à préserver ses chances d’existence, toujours menacées d’un éclatement, en préservant ses positions malgré les discrédits liés a Olmert.

Mais Kadima devra franchir l’épreuve d’une période d’opposition, qui a déja sélectionné les constants des opportunistes qui ont rejoint le Likoud et les postes qu’il peut distribuer.

Cette phase d’opposition, que Kadima n’a encore jamais connue,le mettra sur la même ligne que le quasi défunt parti travailliste, qui s’est déconsidéré par son incohérence, son alignement sur des positions soit  purement syndicales, soit gauchistes.

Beaucoup de gens sont convaincus que le gouvernement de Netanyahou aura une durée de vie brève (6mois pronostiquent certains, sans doute très optimistes). Cela dit, cette idée de la brièveté de la configuration ultra droitière du gouvernement va peut être infléchir certaines réactions.

Les Etats Unis peuvent faire preuve de patience, ou même provoquer des situations mettent ce gouvernement face à ses contradictions. Ils peuvent faire, jusqu’à un certain point la différence entre l’Etat Israélien et un gouvernement conjoncturel. En même temps, on a vu la difficulté qu’il y avait à différencier les Etats Unis et la politique de GWBush.

D’une façon générale, il va être plus difficile pour les défenseurs d’Israêl de faire entendre leur voix face aux dérapages de l’extrême droite qui vont apporter de l’eau aux moulins des extrêmistes propalestiniens qui tentent par tous les moyens d’isoler l’Etat Israélien. On en a eu déja la démonstration avec les slogans qui ont fleuri partout pendant la guerre de Gaza visant à faire revenir en arrière l’Europe sur ses projets de coopération avec Israël. Un sommet a été atteint avec la décision de la  Suède de faire jouer un match de Coupe Davis avec Israël à huis clos, sous prétexte de manifestations propalestiniennes annoncées, alors qu’une députée socialdémocrate demandait le boycott d’Israêl pour toutes les manifestations sportives sous prétexte que le sport était incompatible avec « une politique belliciste »(sic).

C’est toute la difficulté de maintenir la position équilibrée de Kadima, qui avait trouvé , entre « le camp de la Paix », qui ne voyait que les torts israéliens, et était prêt à toutes les concessions pour arriver à une paix douteuse , et le « camp national » qui ne voyait que la force d’Israêl comme gage de sécurité, sans penser que nier tous les droits des autres mettait le pays en danger permanent, une stratégie éloignée à la fois de l’angélisme et du défaitisme pacifiste et du cynisme à courte vue négligeant tout autre élément que le rapport de force militaire des droitiers.

La droite de Netanyahou sera-t-elle assez intelligente pour ne pas créer l’irréparable, c’est à dire la rupture , ou du moins  un désinvestissement du lien privilégié , avec les Etats Unis,  qui serait le premier pas vers la tombe d’Israêl, plus sûrement que l’acquisition de la bombe par l’Iran?

Existe -t-il une chance de réformer le système électoral , comme le souhaitent Kadima et Lieberman, seule chance d’avoir un gouvernement assez stable pour enclancher un processus de paix?

Les Etats Unis vont -ils utiliser des pressions plus fortes sur Israël  pour résusciter le processus de paix moribond?

Quelles seront les perspectives si les Palestiniens renoncent à la tentative de créer un Etat parallèlement à l’Etat Israélien?

La période qui arrive s’annonce aussi pleine de dangers que d’inconnues.

Kadima arrive en tête aux élections, mais n’a pas de majorité pour gouverner pour le moment.

février 11, 2009

Le défaut fondamental du système electoral israélien apparaît une fois de plus,lié à l’émiettement de la représentation électorale (33 partis pour 120 députés) avec l’instabilité gouvernementale qui en est la conséquence ( aucun gouvernement récent n’ayant terminé son mandat),  et les petits partis disposant d’un pouvoir exhorbitant de chantage sur les grandes formations, dont ils peuvent faire chuter les majorités pour un oui ou pour un non.

Le scrutin de hier a montré à la fois le glissement à droite de l’électorat (le parti travailliste est en voie de devenir un parti d’appoint dans des majorités conçues par les autres partis, la gauche représente moins de 20 % des voix dans le pays) et la réticence à donner carte blanche à l’extrême droite dont la progression a été  effective, mais limitée

Livni a remporté son pari de vaincre électoralement Netanyahou, malgré les sondages qui prédisaient la victoire de celui-ci, et le pessimisme de ses troupes, faisant preuve d’une belle combativité, et apportant un démenti à ceux qui la dépeignaient comme « pas à la hauteur ».

Mais le problème de la formation du gouvernement reste entier, la droite  est majoritaire dans le pays, et n’entend pas faire de cadeau à Livni avec qui les divergences sont fondamentales: sur le non partage de Jerusalem, sur les colonies en Cisjordanie et la restitution du Golan;

On voit mal l’extrême droite s’allier avec Kadima et les partis de gauche. La conclusion terrible qui s’impose, c’est un gouvernement de Netanyahou, ce qui veut dire la fin du processus de paix. Ce que l’on peut dire, c’est que de moins en moins de gens  croient à celui-ci dans le pays, compte tenu  de l’échec d’Oslo, de la 2ème Intifada, et du fait que l’Autorité Palestinienne est de plus en plus coupée de la population palestinienne, et apparaît maintenue en survie par le soutien des Israéliens eux-mêmes.

A partir de là,n’existent plus que deux alternatives: le développement d’une nouvelle intifada, avec actes de terrorisme à l’Irakienne, et un affrontement avec les pays arabes à courte échéance,ou bien un retrait des territoires unilatéral, ce qui est inenvisageable après l’expérience de Gaza: ce serait ouvrir la voie à un état hostile à mort à Israël et contrôlé par le Hamas ou son équivalent.

Des hypothèses qui incluent toutes les deux des guerres sanglantes, rendant la vie insupportable pour beaucoup en Israël.

Les Israéliens ont eu en main les données du choix. Ils  savaient que la paix et la guerre étaient en jeu dans le choix des majorités electorales. Ce qui l’a emporté, c’est une vision méfiante et pessimiste du monde arabe, qui prenait en compte la progression de la haine dans ce camp, qui ne croyait plus à la représentativité des interlocuteurs qui lui restaient, et qui doutait de la détermination du camp de centre gauche à cause de l’incertitude des résultats de la guerre que le gouvernement avait déclenché.

La suite montrera si le choix qui a été fait préservera la sauvegarde d’Israël ou, au contraire,précipitera une catastrophe que de plus en plus de monde appréhende

Par la propagande et par les armes les mouvements islamistes à la conquête du pouvoir total dans le monde musulman

janvier 25, 2009

L’année 2009 commencée par l’affrontement militaire entre l’armée israélienne et le mouvement islamiste Hamas, va se poursuivre par la tentative de négociation entre les Etats Unis de Barack Obama et l’Iran, dont l’enjeu sera la guerre ou la paix dans la région et peut être dans une grande partie du monde.

Comprendre la signification de l’apparition sur la scène politique mondiale de ces nouveaux acteurs que sont les mouvements islamistes, dans les pays musulmans ou dans les populations musulmanes des pays non musulmans est essentiel pour ne pas se tromper dans l’évaluation des dangers  et dans l’élaboration des stratégies pour les contenir ou pour les vaincre.

Ceci nécessite d’éclaircir les liens qui existent entre les idéologies qui ont entraîné les masses derrière ces mouvements et les masses elles-mêmes. Or, contrairement à ce que l’on pourrait penser, la force d’entraînement des idéologies n’est pas due à leur apparence plus ou moins véridique, même si chacune se flatte d’être l’incarnation d’une vérité. C’est la satisfaction des désirs humains , des besoins insatisfaits et des passions qu’elles promettent, et qu’elles réalisent dans la lutte pour la suprématie qui est leur visée.

Ainsi, ce qui a fait le succès de  l’idéologie nazie, auprès du peuple allemand, c’était non pas la cohérence des théories raciales, inexistante, mais le désir de revanche après la défaite de 1918, l’envie de se sentir supérieur aux peuples voisins, la mégalomanie flattée dans tous les domaines, la possibilité de jeter aux orties toutes les contraintes de la morale, le rêve d’une domination sans frein sur les autres.

De même, l’idéologie communiste a entraîné l’adhésion de masses immenses par la promesse d’un renversement des places sociales, dans lequel ouvriers et paysans devenaient les figures les plus valables dans l’échelle sociale, entrepreneurs et intellectuels étant réduits à des statuts  inférieurs, quand ce n’était pas de victimes expiatoires.

En ce qui concerne les masses musulmanes de notre époque, le sentiment de plus en plus répandu actuellement semble être le ressentiment tourné contre le reste du monde, le monde occidental en particulier. Ce ressentiment est lié à la conscience d’un fossé qui va en s’élargissant entre le bien être (relatif) des sociétés démocratiques et la conscience, rendue plus aigüe par la mondialisation médiatique, de la stagnation désespérante des pays musulmans, de la paralysie sociale de ces états quand ce n’est pas leur enfoncement progressif dans la misère. Partout, les mêmes images de misère, de chômage, d’exil perçu comme la seule issue, de corruption, de dictatures.  L’Algérie, 45 ans après son accession à l’indépendance, est contrôlée par un parti unique qui n’est que le masque de la corruption , des trafics, des malversations et des incompétences, d’un système pourri jusqu’à la moelle et qui n’ a pas su produire le développement rendu possible par les immenses ressources naturelles du pays. L’Egypte, pays d’une civilisation splendide vieille de 5000 ans, est la victime d’émeutes de la faim qui montrent son état de délabrement social et économique. Le Pakistan étouffe sous la masse des miséreux, etc..

Partout, dans ces pays, le sentiment d’être les descendants d’une culture brillante, les héritiers d’empires puissants qui ont dominé une partie du monde, à une époque reculée il est vrai, s’accompagne d’un vécu d’humiliation, proportionnel à l’exacerbation d’ un orgueil collectif réactionnel,  lié à cette origine glorieuse, et aboutit à une rancoeur qui vire de plus en plus  au désir de revanche et à la haine. Les régimes politiques qui portent la responsabilité (avec les peuples qui les maintiennent au pouvoir) de cet échec à  s’ajuster au monde tel qu’il est , encouragent cette déviation  de l’insatisfaction des peuples sur des boucs émissaires, l’Occident globalement, les USA et Israël en particulier.

Comme du côté Occidental  une partie de la population, embourbée dans les vestiges de culpabilité liés à l’époque du colonialisme, fait chorus avec ces thèses victimaires et renforce ce discours projectif,et comme les intellectuels indépendants sont quasi inexistants dans le monde musulman, le discours se développe et s’auto confirme sans trouver d’obstacles sérieux à sa rhétorique.

L’échec des espoirs liés au socialisme et au nationalisme, qui n’ont résolu aucun des problèmes de ces peuples, quand il ne les ont pas aggravés, aboutit au repli communautaire sur le patrimoine commun de ces peuples, la religion, qui fait d’eux un ensemble de plus d’un milliard d’individus, donnant le sentiment d’une force collective . Celle-ci compense les constats d’échec à prétendre à tous les titres de gloire de l’époque actuelle: importance militaire, économique, scientifique, culturelle, ou le retard se creuse continuellement.

C’est ce désir de puissance frustré, ce sentiment d’être les oubliés de la planète à l’heure ou les anciens pays du tiers monde de l’Asie et d’Amérique Latine montrent comment on peut se sortir du sous développement par le travail et l’intelligence, que les islamistes  exploitent à fond.Ils  exaltent la religion comme identité positive face  à la dévalorisation des identités nationales, flattent la haine latente de ces masses et l’exacerbent, soutenant la seule chose positive que voient en se regardant ces masses déshéritées: leur soumission à un ordre transcendant, qui , lui au moins, est grand. D’où la violence inouïe qui surgit lorsqu’elles se croient attaquées ( ou quand on leur dit qu’elles sont attaquées), dans la dernière chose qui leur reste: la religion, qui est en même temps leur point d’attache à la civilisation, et la seule chose grande dont elles peuvent se revendiquer.

Les islamistes, qui ont peu à peu pris la mesure du levier extraordinaire dont ils disposaient pour activer tous les ressorts émotionnels principaux de ces peuples, en ont tiré les conséquences: ils ont décidé de jouer à fond la carte du ressentiment des masses arabes, pour s’emparer du pouvoir partout ou ils le peuvent, avec une idée très claire dans leur esprit: là où ils s’empareront du pouvoir, ils ne le relâcheront plus. Peu importe les voies, électorales (tout à fait envisageables à certains endroits: en Algérie avec le FIS, à Gaza avec le Hamas, etc.) ou par la force (à Gaza également avec le coup de force militaire du Hamas,etc), une fois au pouvoir, tous les moyens les plus sanglants seront utilisés sans vergogne pour le conserver.

Le discours « intégriste » des islamistes prend ainsi la place d’un discours nationaliste et en est l’équivalent. Partout, il joue la carte de la haine contre « l’étranger » (La terre arabe devient « une terre sainte » que la présence des étrangers » profane », comme on l’a vu pour la présence des troupes américaines en Arabie », et il va de soi que les Juifs aussi profanent la terre palestinienne. Les étrangers sont la cible préférentielle des meurtres d’ Al Khaida, ou des extrémistes pakistanais venus faire un massacre à Bombay.

Tout ce qui est non musulman est suspect, et il y a un projet clairement établi de faire « une chasse gardée » des territoires de religion musulmane, d’éradiquer tout ce qui est autre, les chrétiens, même arabes, en font l’amère expérience à Gaza ou ils sont sous la terreur islamiste, comme en Irak ou même en Turquie.

Les mouvements nationalistes dans les pays musulmans sont de plus en plus coiffés par les islamistes (en Tchétchénie par exemple), plus déterminés, plus extrémistes, et soutenus par les Etats islamistes ou leurs alliés, financièrement et militairement. L’exemple de la Palestine, ou le Fatah perd du terrain, avec le recul de ses composantes marxisantes, face au prestige combattant des islamistes, est inquiétant.

A partir de là, il n’existe pratiquement plus de  voie alternative dans beaucoup de pays musulmans à l’islamisme, pour mobiliser les foules de déshérités. Parallèlement, une partie de la classe moyenne ( petits cadres, diplômés au chômage ,etc.) voit une possibilité d’accéder au pouvoir dans les wagons de l’islamisme, en même temps qu’une idéologie qui lui redonne une importance, comme  en Allemagne, une partie de la bureaucratie s’est ralliée au régime, pour avoir des miettes de pouvoir.

Les religieux, eux, poursuivent un but double.

Le principal est d’encadrer la population et de la conquérir à l’idée de mettre la religion au poste de commandement, en prenant la tête des luttes nationales et sociales, comme les communistes le faisaient avec leurs « courroies de transmission » (syndicats, organisations de masse, mouvements pacifistes). Mais la lutte nationaliste est pour eux un moyen plutôt qu’une fin en soi, même si ils adhèrent parfaitement à ses buts. Une fois au pouvoir, l’expansion de leur puissance (militaire, diplomatique, d’influence) étatique se confond avec le renforcement intérieur de leur emprise sur le pays et là encore, le nationalisme, et la haine de l’autre restent les ressorts qui leurs permettent d’être en phase avec les sentiments de la masse.

On comprend dans ces conditions la politique de l’Iran. Acquérir la bombe leur permettrait de sanctuariser leur Etat religieux, qui tout en régnant par la terreur sur le pays, n’a pas réussi à éradiquer le philo -américanisme d’une partie de la population, ni une sourde opposition aux côtés les plus rétrogrades de l’idéologie du régime. La faiblesse du régime, c’est justement le côté avancé de ce pays, l’existence d’une bourgeoisie émancipée, d’une classe instruite et désireuse de modernité qui courbe la tête sous la répression, mais n’est pas anéantie et sans laquelle, le pays ne peut pas survivre. D’où le désir de conclure éventuellement un pacte avec les Etats Unis pérennisant la situation, qui n’est toujours pas acquise définitivement pour le régime, qui cherche également, en prenant la tête d’une croisade pour la destruction d’Israël, à acquérir un prestige qui le mettrait à l’abri de toute contestation.

La religion est ainsi devenue le vecteur d’un « nationalisme sans nation » avide de revanche, haineux et pousse au crime, tout en prétendant défendre des valeurs humaines.  Comment rétablir une relation de raison avec le monde musulman et le séparer de cet enfoncement dans une paranoia  vers laquelle le poussent  les manipulateurs de l’Islam, comment ne pas le confondre avec cette psychose, ce qui l’y engagerait encore davantage, sans pour autant valider son discours persécuté? C’est toute la question de l’époque actuelle.

L’amalgame est aussi dangereux que la complaisance et la naïveté.

Gaza: le prix à payer pour les ambiguités dans la conduite de la guerre risque d’être lourd

janvier 23, 2009

Au moment ou la trève perdure et où, comme c’était prévisible , le Hamas plastronne en se vantant de ne pas avoir été détruit, et donc d’avoir résisté à l’armée israélienne, le pays s’interoge sur la stratégie qui a été suivie, et doute de la réalité des affirmations de Olmert qui prétend que la guerre a permis d’atteindre tous les objectifs.

Le Hamas a beau réoccupper le terrain, faire la démonstration qu’il contrôle toujours la population, multiplier les provocations verbales, le point essentiel reste: les tirs sur Israël seront ils te rminés oui ou non.

Si ce n’est pas le cas,  cette guerre aura causé des destructions et des morts inutiles, aura gaspillé le prestige de Tsahal en lui fixant des objectifs imprécis (« affaiblir » le Hamas, ce qui ne veut pas dire grand chose).

Si c’est le cas, Le Hamas pourra faire toutes les déclarations qu’il veut, chacun saura que Israël a gagné la guerre, quelque soit le nombre de combattants du hamas  tués.

Si les accords internationaux  empêchent réellement le Hamas de se réapprovisionner, Israël a gagné. S’il s’agit simplement d’accords formels et de faux semblants, ce sera le Hamas le vainqueur.

Actuellement, les tunnels ont repris leur activité, même si une majorité d’entre eux ont été détruits. Le réapprovisionnement du Hamas peut donc se poursuivre. Une partie de l »armement iranien fourni au Hamas était acheminé par mer, par des containers spéciaux largués pardes bateaux iraniens, qui restaient sous l’eau jusqu’à la proximité du rivage ou ils étaient recueillis par les Palestiniens. Manifestement, la marine israélienne était impuissante à tarir cette source de réarmement. Les américains ont ils donné des moyens techniques aux israéliens permettant de résoudre ce problème?

Pour le moment, le succès de Israël n’est pas démontré.Le résultat le plus immédiat a été le bond en avant électoral du Likoud, qui, d »après les sondages, aurait de nouveau creusé l’écart avec Kadima (30 sièges contre 26 ou 24), de même que le parti d’extrême droite Israël Beitenou, de Avigdor Lieberman. La population israélienne perçoit un écart entre les déclarations ronflantes du gouvernement et ce que chacun voit: pas de signes actuellement d’une garantie queconque que les tirs ne vont pas reprendre quand le Hamas le voudra, peut être insensiblement pour commencer, puis plus massivement. Alors , Israël n’aura d’autre choix que de relancer une autre offensive, qui déclenchera encore les mêmes cris de haine, et le seul gain aura été un sursis de quelques mois en attendant une  deuxième guerre, plus dure, plus coûteuse, plus meurtrière;

En même temps, le risque d’un succès electoral de ce qui est maintenant une extrême droite, menace directement le processus de paix, déja bien mal en point. Si les futurs dirigeants d’Israël sont déterminés à torpiller ce processus, ils isoleront Israël  de tous ses alliés démocratiques (les seuls qui lui restent, d’ailleurs) et en particulier ils le couperont de son plusfidèle allié, le seul profondément acquis à son existence et à sa légitimité: les Etats Unis, sans l’appui militaire et diplomatique duquel ils se retrouveront le dos au mur, face  à  la meute ivre de haine des islamistes  et du monde musulman.

Cela finira d’isoler chez les Palestiniens les partisans d’une coexistence entre deux états, et la vague d’extrêmisme, coagulée autour des islamistes ,finira par être la seule voix parlant au nom des Palestiniens, ce qui est le but poursuivi par le Hamas et ses maîtres iranien et syrien .

Livni risque  d’avoir gaspillé l’estime que lui procurait son honnêteté et la conjoncture favorable produite par le glissement à l’extrême droite du Likoud, effrayant pour beaucoup d’électeurs. Le coût risque d’être immense, livrant le pays à la violence des discours extrêmistes, disqualifiant les leaders politiques qui n’avaient vraiment pas besoin de cela,le divisant au moment ou il a plus que jamais besoin d’unité, favorisant les surenchères démagogiques chez les ennemis comme chez les amis,poussant vers la radicalisation la droite comme l’extrême gauche.

Peut être quelque chose sortira-t-il des négociations en cours actuellement. Plus vraisemblablement, seul le grand face à face irano américain qui va se mettre en place avec l’arrivée de Obama  va t il influer sur un Moyen Orient qui s’enfonce lentement dans la spirale de la haine et de la guerre à mort. L »accumulation des armes, l’exacerbation calculée de la haine anti israélienne, l’instrumentalisation de la religion  comme moyen de conquête oou de conservation du pouvoir, la paranoia qui envahit le champ de la politique font planer la menace d’une catastrophe ou le terme de holocauste ne correspondra pas à l’abus de langage dont sont coutumiers les adversaires d’Israël, mais à une effrayante réalité. Les voeux d’anéantissement répétés à l’égard d’Israël donnent la mesure de la folie meurtrière qui rode  dans cette région. Les Fous de Dieu manient avec froideur  ou avec excitation la terreur , le mensonge et la Mort et regardent avec ironie ces Occidentaux qui croient pouvoir opposer la Raison aux passions humaines que sont la haine, la volonté de domination,et la destruction de l’autre.

Les élections qui vont avoir lieu dans moins de 3 semaines en Israël vont être décisives pour la vie de tous les habitants de cette région pour plusieurs années et peut être même davantage.

Le Hamas fait partie de la galaxie monstrueuse née de l’hybridation du politique et du fondamentalisme islamiste

janvier 19, 2009

Au moment ou l’on apprend par des militants du Fatah que plusieurs dizaines d’entre eux ont été emprisonnés et torturés par le Hamas dans des écoles transformées en centres de torture pendant l’offensive israélienne à Gaza, et que au moins trois d’entre eux se sont fait arracher les yeux, parce que ils étaient accusés d’avoir livré aux israéliens le dirigeant du Hamas tué par un bombardement, la nécessité de réfléchir sur la nature de ce mouvement s’impose. L’apparition d’une nouvelle espèce de mouvements politiques au croisement de la religion, de la dictature politique et de l’emprise idéologique complète sur leurs membres, dont la visibilité est apparue nettement aux yeux du monde avec les attentats de septembre 2001 à New York, même si les prémisses existaient déja depuis bien plus longtemps, trouble depuis longtemps les analystes politiques du monde entier.

La première manifestation éclatante de l’existence de ces nouveaux venus sur la scène politique mondiale a été la prise de pouvoir par l’ayatollah Khomeiny, quand il a renversé le pouvoir du Shah et instauré un système de pouvoir qui mixait à tous les niveaux appareil politique et appareil religieux, chacun se servant de l’autre pour se renforcer et écarter tout opposant éventuel au nouveau système qui se mettait en place.

De ce point de vue,beaucoup de points communs existent avec les deux grands systèmes totalitaires du 20ème siècle, le nazisme et le communisme: en effet, dans ces deux cas existait une sorte de double pouvoir ou d’un côté existaient des organismes officiels de l’Etat (assemblées, élections,législation) et de l’autre, une hiérarchie parallèle, celle du Parti, qui détenait le pouvoir effectif, doublait à tous les niveaux les organes légaux (commissaires politiques dans l’Armée Rouge,SS dans l’armée allemande, services secrets au service du Parti, etc.) et mettait les moyens formidables de l’Etat au service d’un groupe politique,  éradicant toute opposition par la terreur de masse(camps de concentration, goulags, exécutions ).

Dans ces deux systèmes, l’idéologie de ces mouvements proposait non seulement une orientation politique (fondée sur la racisme pour l’un, la lutte de classe pour l’autre), mais un système de valeurs total, dictant un mode d’être, un modèle de type humain auquel chacun était invité à se conformer, sous peine  de danger grave. Les dirigeants de ces mouvements à la fois partageaient cette idéologie, et en même temps pouvaient s’en  dégager avec le plus grand cynisme pour protéger leur pouvoir, et l’utilisaient comme instrument pour justifier celui-ci et comme outil de conquête des masses.

Les dirigeants islamistes , qui dans un premier temps, ne se préoccupaient que de religion, ont compris à un moment (celui de l’échec de l’idéologie socialiste dans le monde musulman) l’immense pouvoir potentiel qu’ils possédaient avec la religion pour atteindre et captiver les masses musulmanes,et capter leur désarroi identitaire face au monde occidental. Les masses peu cultivées, l’absence de perspectives politiques avec la fin du socialisme et du nationalisme arabe, la quasi absence d’intellectuels hors de la sphère  religieuse leur ont ouvert un champ immense, déja préparé par la traditionnelle intrication du politique dans le religieux dans l’Islam.

A partir de ce moment ,l’idée de faire des mouvements religieux la base poitique de groupes visant la prise du pouvoir, par une stratégie soit de réseaux sociaux parallèles à l’Etat défaillant, soit de lutte armée appuyée sur des revendications nationalistes, s’est mise en place.

Deux courants se sont alors développés: le courant djihadiste, avec Al Khaida, qui déclare une guerre ouverte à tout le monde non musulman, rêve de façon délirante d’une domination mondiale exercée par l’Islam, et attire les despérados de l’Islam à qui est proposé une mort au combat ou dans l’éclair d’un attentat,thérapeutique radicale de la désinsertion et du désarroi identitaire qui frappe les musulmans déboussolés et isolés dans le monde moderne. Ce courant a réussi à établir des bases de repli dans les pays dont l’identité  est incertaine et se structure autour de la religion musulmane plus que  sur une histoire nationale ( Pakistan, Somalie,Afghanistan); Le courant chiite, rejoint par les frères musulmans et une série de mouvements d’opposition dans les pays dirigés par des régimes modérés , lui, vise la conquête du pouvoir dans les pays arabes,en alternant le travail de tissage de réseaux sociaux suppléant l’incapacité des états ,et les mouvements armés qui tentent par la force de conquérir le pouvoir (Hezbollah, Hamas, ex GIA) à la pointe du fusil et de la prise de contrôle des populations par la terreur et l’intimidation.

Ces mouvements sont caractérisés par une intense mise en condition des populations (propagande incessante par les médias arabes, pressions exercées pour obtenir l’ adhésion, puis la soumission aux règles religieuses présentées comme étant l’essence de l’identité communautaire, le grignotage de positions clefs dans l’Etat, les institutions enseignantes, les centres de pouvoir et d’influence locaux, qui placent leurs adversaires en position de plus en plus isolée et défensive.

L’ensemble aboutit à un système qui mélange la violence , le refus de l’autre, une propagande grossière, mais efficace, un contrôle de plus en plus grand de l’information, dans la phase de développement des mouvements, et quand le pouvoir est conquis, une répression féroce de toute déviance ( cf l’Iran avec ses tortures , ses exécutions et ses mutilations .

La caractéristique de ces mouvements, moins suicidaires que les partisans d’Al Khaida,est la manipulation perverse de toutes les frustrations du monde musulman  à qui la religion est opposée comme résolvant tous les problèmes, rétablissant l’unité du monde musulman, sa puissance,son prestige, pour le modeste prix de lui confier le destin politique des pays ou elle triompherait.La rhétorique religieuse se mêle à la rhétorique politique et donne le spectacle effarant de religieux prêchant l’assassinat,la destruction et la haine, imaginant des complots politiques perfides, et rêvant de leur puissance politique future. Le mensonge, le meurtre,le double langage sont les outils de prédilection de militants à qui tout peut être autorisé, puisque c’est pour Dieu qu’ils se  battent.

Le Hamas, qui appuie tantôt sur le côté religieux, tantôt sur le côté politique, suivant les besoins du moment  et suivant l’interlocuteur, . manie tous ces outils avec une perversité qui vaut bien celle du Hezbollah² Cela fait bien longtemps que la vérité n’estpas en odeur de sainteté dans les pays arabes, mais le double langage est parfois porté à la hauteur des beaux arts.Qu’importe quand, suivant le principe de la propagande de Goebbels, ce qui compte, ce n’est pas la vérité d’une proposition, mais sa répétition.Le Hamas pourra dire que il n’a perdu que 48 hommes dans cette guerre.Les Palestiniens ne demandent qu’à croire ce genre de discours, que leurs dirigeant leur assène depuis des dizaines d’années.

Peut être les dirigeants européens sont ils prêts à parler avec le Hamas. Ils ont bien parlé avec Hitler en 1938, à Munich. Cela avait été un franc succès dans l’opinion française de l’époque .

Gaza: Israël a-t-il vraiment atteint tous ses objectifs?

janvier 19, 2009

Au 24 ème jour de la guerre, et au 2 ème jour du cessez le feu parallèle entre Israël et le Hamas, la question se pose avec insistance au moment ou les signes apparaissent d’un début de retrait des forces israéliennes. Quelles garanties peuvent avoir été obtenues que le contrôle des tunnels sers effectif? Quelles certitudes peuvent exister qu’une force d’interposition comme celle de la FINUL au Liban, ce qui semble être envisagé, aura les moyens de mieux contrôler les choses que elle ne le fait au Liban Sud , ou le Hezbollah n’a jamais été désarmé? Qu’est ce qui empêchera le Hamas de reconstruire ses fortifications et d’ici quelque temps de reprendre progressivement, ou au moindre pretexte le lancement de missiles qui d’ici là, auront acquis une portée encore plus grande et menaceront des objectifs vitaux pour Israël?

L’inquiétude existe que un accord en trompe l’oeil, comme celui du Liban, qui a fait cesser les tirs  sur le Nord d’Israël ,mais a fait le lit de la prise de pouvoir rampante du Hezbollah au Liban, pendant qu’il amasse les fusées (40 000, selon les Israéliens) à l’arrière de la zone contrôlée par la Finul, se reproduise avec le Hamas: on y échange un soulagement immédiat contre un danger plus grand à moyen terme. Le doute existe que les dirigeants israéliens, poussés par des objectifs éléctoraux à courte vue, aient sacrifié les gains obtenus sur le terrain par l’armée israélienne à leurs craintes électorales, en cas de pertes plus importantes. Si c’était le cas ,ce serait assez effrayant, d’autant que le calcul serait à la fois inhumain (toutes ces victimes civiles pour cela) et erronné, les électeurs ne pouvant pas comprendre que l’on renonce aux objectifs qui ont été fixés à cette guerre, et qui se ramènent à la fin des attaques par le Hamas. Enfin, on ne doit pas penser que les gens sont aveugles. Si le Hamas arrive à tirer son épingle du jeu par un tour de passe passe,les masses arabes et palestiniennes tireront la conclusion qui s’impose: on peut échapper,par la ruse ou la pression internationale, aux ripostes israéliennes et donc la capacité de dissuasion de celles-ci sera annulée, ce qui poussera à  recommencer d’autres fois, au Nord ou au Sud, des agressions impunies.

Quelle analyse a conduit les dirigeants israéliens à choisir la voie du retrait avant que des accords de garantie internationaux aient été signés, ou que le Hamas ait craqué complètement? Pensent -ils que quelques centaines de miliciens tués sont une véritable dissuasion pour un mouvement qui prône le martyre? Doutent ils que ce mouvement va très vite reconstituer ses forces en hommes et en dirigeants? Une force internationale sera-t-elle une protection contre le Hamas, ou une protection du Hamas contre des interventions israéliennes?

Pour le moment, l’incertitude existe sur l’issue qui va être donnée à cette guerre.Le doute qui apparaissait  sur les buts de celle-ci au début de l’offensive resurgit à la fin: les dirigeants israéliens ont ils vraiment été à la hauteur de leurs responsabilités? Ont ils eu le courage que méritaient les risques pris par leurs soldats et les souffrances de la population civile?

Les intellectuels pacifistes israéliens ont fait la preuve de leur incapacité à guider la population avec sagesse

janvier 16, 2009

C’est tout l’ensemble des discours pacifistes tenus par les grands écrivains israéliens: Yehoshua, Oz, Grossmann qui apparaît dévalué par la déconnexion d’avec la réalité, et le dédain pour les dangers qu’ils produisent qui se démasque dans la guerre de Gaza. Tout le déni de la réalité contenu dans  la volonté de gagner les bonnes grâces des Palestiniens, de leur donner des gages de compréhension, d’écarter du champ de la conscience tout ce qui contredit l’image d’une alliance  rêvée et d’une harmonie entre les deux peuples, tout ce qui révèle que ces hommes, maniant les mots avec force et efficacité, sont plus aveugles à un bon sens élémentaire que les gens simples qui sentent ce qu’est la perversité du discours de leurs adversaires islamistes, et la haine incurable qui les anime.

Les oeillères idéologiques,les préjugés fondés sur l’incapacité à assumer la moindre critique  sur le plan moral parce que la seule chose qui les intéresse est d’assurer leur défense face aux reproches qu’ils anticipent  aboutissent à des positions d’une « éthique de principes » totalement imperméable  à toute  » éthique de responsabilité », indifférente aux conséquences de leurs discours qui se ramènent toujours à une « posture »,celle de gens généreux, ouverts, et pacifiques,prêts à tendre la main à leurs adversaires, et persuadés de leur supériorité morale et que celle ci finira par triompher de toutes les basses stratégies des ennemis comme des amis;

La façon dont ils ont commencé à peser de toutes leurs forces, dès les premiers jours de la bataille pour un arrêt des combats et une « négociation » quand il ne pouvait rien avoir à négocier puisque l’ennemi était persuadé de l’emporter, au moins politiquement, montre l’indifférence aux souffrances de la population qui subissait les roquettes du Hamas,l’inintelligence des rapports de force réels de la région, la sous estimation del’armée israélienne ( On ne pouvait pas vaincre le Hamas, et donc il fallait se résigner à un compromis limité),la non prise en considération de la nature de l’adversaire ( un mouvement islamiste radical, terroriste, animé par une haine totale d’Israël et poussé par un Etat Iranien décidé à apparaître comme la nouvelle puissance régionale en prenant la tête  d’une croisade visant la destruction d’Israël).

La mauvaise conscience qui inspire tous leurs discours aboutit à une inconscience complète de la réalité politique et stratégique du moment,qui laisse seulement filtrer un doute qui s’insinue: et si leur foi en l' »homme » les avait conduits à négliger les côtés sombres de leurs adversaires: le double langage, la manipulation des masses, la soumission aux états étrangers de la région, et surtout le développement d’un fanatisme obscurantiste qui justifie tous les crimes et excite toutes les haines;La montée du fondamentalisme islamique, et l’emprise totalitaire qu’il développe sur les esprits n’est pas liée à telle ou telle attitude d’Israël. Elle est la conséquence du refus du monde musulman de reconnaître son inaptitude à assumer la modernité,et d’essayer de la corriger.Là ou de nombreux pays d’Asie et d’Amérique Latine émergent de leur retard social et économique,et y gagnent une nouvelle fierté et de la confiance en eux, les pays musulmans, pour la plupart, s’enfoncent dans la régression, malgré leurs richesses, et développent une paranoia contre l’Occident,accusé d’être responsable de tout,qui se concentre sur Israël, bouc émissaire utilisé avec un cynisme total par les états et les mouvements politiques de la région.

Les prophètes de la paix sont apparus pour ce qu’ils sont:aveugles au royaume des borgnes et des voyants, confus malgré leurs affirmations péremptoires,donneurs de conseils que personne n’a intérêt à suivre ,joueurs de flûte qui entraînent les peuples dans les précipices quand on les écoute.

Les Israéliens, qui savent que leur guerre est juste et nécessaire, se souviendront de la démonstration.

Gaza:Le Hamas, en position de plus en plus critique, commence à céder dans les discussions.

janvier 16, 2009

Les dernières informations en provenance d’Israël indiquent que le Hamas approche du point de rupture sur le plan militaire.Les forces israéliennes  seraient déja dans les quartiers du centre ville, et seraient à même de couper la ville en deux très rapidement. La résistance du Hamas serait très minimale,et seule la crainte des pièges et le souci de limiter les pertes au maximum -et de prendre son temps- serait  à la source de la lenteur de l’avance israélienne.

La détermination israélienne à ne pas cesser l’offensive tant que les deux points fondamentaux: cessation définitive des tirs sur la population civile d’Israël et coupure du réapprovisionnement militaire par les tunnels pour le Hamas ne sont pas assurés ne laisse pas beaucoup de marge au Hamas.

Celui-ci recule point après point dans ses exigences et ses refus. Le préalable aberrant qu’il avait posé d’un retrait des troupes israéliennes avant la négociation a été abandonné. Le refus de la présence d’un contingent étranger à la frontière avec l’Egypte (qui contrôlerait la non recondtruction des tunnels) vient également d’être abandonné, puisque le Hamas accepterait que la Turquie participe au dispositif .Les « propositions » d’une trève pour 6 mois ou un an (c’est à dire le retour à la situation antérieure, ou le Hamas pouvait ne pas reconduire la trève et attaquer Israël, qui ont justement conduit à la guerre actuelle) ne servent que à la propagande dans le monde arabe, mais ne suscitent pas la moindre attention du côté des puissances qui parrainent les tentatives d’accord menant à un arrêt des combats.

Comme toujours, les discours grandiloquents des dirigeants  islamistes tentent, par la manipulation des mots, de donner le change et de faire croire à la mise en échec des Israéliens. La réalité est impitoyable et la pulvérisation progressive de leur dispositif les met progressivement le dos au mur, obligés de céder car les puissances régionales ne sont pas dupes, et savent que  laisser ce groupe terroriste continuer à exercer ses menaces et ses agressions est un obstacle fondamental à la paix régionale.

La guerre qui se déroule actuellement montre que face au double langage des mouvements terroristes: menaces arrogantes et plaintes victimaires, le seul langage efficace est celui de la force qui ne se laisse pas détourner du but initial, qui garde constamment présentes à l’esprit les raisons fondamentales de ce combat: droit à l’existence du pays contre ceux qui veulent sa destruction,protection de la population contre les attaques meurtrères qui la visent,préservation d’un mode de vie démocratique et libre face à des obscurantismes manipulateurs et haineux .

La population israélienne dans son soutien quasi unanime à la guerre, et dans son refus de se laisser manipuler par les discours des pacifistes qui ont à une certaine époque, exercé une forte influence, fait preuve de clairvoyance.

La direction politique du pays a fait preuve de moins de lucidité, puisque les candidats aux éléctions (Livni et Barak) ont voulu stopper l’offensive après ses premiers succès. Il a fallu la chance que Olmert n’ait pas d’objectifs électoraux, et qu’il soit encore le chef du gouvernement en titre, pour que il puisse imposer la poursuite de l’action, au moins jusqu’à maintenant. C’est un constat inquiétant , celui qui montre l’absence de vision stratégique et politique de l’élite dirigeante, et la façon dont l’outil militaire exceptionnel qu’est l’armée israélienne peut être mésusé et gâché pour des motifs politiciens.

Inversement, l’efficacité de l’offensive, alliée à sa préparation et à l’économie de pertes dans ses rangs, est rassurante sur la capacité de Tsahal à corriger ses erreurs (celles de 2006 au Liban) et à s’adapter aux contextes changeants de l’environnement. Car la caractéristique de la situation d’Israël, c’est que il n’ a pas la possibilté de perdre une seule guerre, sous peine de disparaître.

La restauration de la capacité de dissuasion de l’armée israélienne est un élément fondamental  de la paix au Moyen Orient, mais pas le seul. Ses ennemis mortels, l’Iran au premier rang, guettent tout signe de faiblesse, tout défaut de la cuirasse, pour lui sauter à la gorge. Pour cette fois ci, c’est encore raté.

La haine antijuive attisée par certains médias et les islamistes s’étend avec la complicité de l’extrême gauche

janvier 11, 2009

Le Monde du 11/01/09 rapporte une information stupéfiante: à La Haye,la gauche radicale, le Socialistische Partij , « qui compte une forte représentation parlementaire, a participé activement , il y a quelques jours, à un défilé qui clamait : »Hamas,Hamas, les juifs au gaz ».

Que les masses arabes, travaillées par les images en boucle de Al Jazeira, montrant des enfants ou des civils victimes de bombardements, laissent déborder de la colère et de la rage impuissante peut se comprendre.

Mais que des organisations de gauche participent à des manifestations dans lesquelles le Hamas essaye de créér des réflexes antisémites pour étendre  sa vision du monde ou les Juifs sont le « Mal », ou des appels au meurtre sont prononcés  et les actions nazies  applaudies et données en exemple, que ils ne se démarquent pas de ces organisations terroristes et de leurs appels au meurtre passe les limites.

Le gouvernement français a manifesté son inquiétude devant le risque d’ « importation » du conflit sur le sol français, et il essaye de prendre des mesures pour l’éviter . Il essaye de lancer des initiatives pour résoudre les  souffrances de la population et arriver à des compromis raisonnables.

Mais une partie de la presse ,ne suit pas cette voie.

Libération avait choisi de fermer son site internet devant le déferlement de haine et d’injures qui le submergeait. Le Monde faisait part de son inquiétude devant le taux extrêmement élevé de  commentaires refusés pour cause d’inacceptabilité (40 % au lieu de 8 à 10 ordinairement).

Mais l’Humanité Dimanche titre sur les « massacres », ce qui lui vaudra bien  quelques dizaines de milliers de lecteurs satisfaits et retardera d’autant son extinction.

Quant au nouveau journal de Siné,créé à la suite de sa mise à la porte de Charlie Hebdo pour cause de propos antisémites, il fait toute sa couverture avec un dessin effrayant de haine: Un drapeau israélien ou les lignes traçant l’étoile de David sont remplacés par des ossements. C’est le même Siné qui déclarait sa haine des juifs il ya quelques années et déclarait  vouloir qu’ils vivent dans la peur, ou qu’ils meurent, sauf les propalestiniens.

Que les médias fassent leur travail et qu’ils informent sur la situation d’urgence vécue par les civils , et leurs souffrances est une chose. Mais qu’ils mettent de l’huile sur le feu, soit par choix partisan, soit dans une surenchère  d’effets émotionnels pour gagner de l’auditoire, est inacceptable.

Quand aux partis de gauche, ils doivent veiller à ne pas cautionner, ne serait ce que par leur présence, les prêcheurs de haine qui manipulent les masses et tentent de constituer des groupes de pression qui pourraient bien un jour se tourner contre eux quand ils trouveront insuffisantes ces tolérances,et que ils demanderont plus.

L’extrême gauche, elle, est fidèle à ses clichés tiers mondistes et anticapitalistes. Ce qu’elle essaye de capitaliser, elle, c’est le ressentiment des populations immigrées,leur impression de ne pas être respectées, ou intégrées, et elle se montre à leurs yeux sensible à leur vision de victimes universelles, au prix de ne pas les contrarier dans leurs dérives haineuses. Il n’est pas sûr que ce soit un bon calcul , mais de toutes façons, ces compromissions doivent être dénoncées.

Gaza:Les dégats humains de l’offensive occultent en partie la légitime défense israélienne

janvier 9, 2009

Au treizième jour de l’offensive israélienne contre le Hamas, la pression diplomatique et médiatique contre Israël s’est considérablement accrue. Les images de victimes civiles, le nombre d’enfants touchés par les bombardements, font que les opinions publiques commencent , sous l’effet du martelage médiatique, à évoluer et  à  pencher du côté des partisans des Palestiniens, qui habilement, laissent le relais aux organisations humanitaires. La mort  d’un conducteur d’un véhicule de l’UNRWA (organisme de l’ONU qui gère les camps de réfugiés depuis 1948 et dont le personnel est complètement  gagné à la cause palestinienne) permet à cet organisme de cesser le travail humanitaire pour accentuer la détresse des réfugiés de façon à  en faire des victimes encore plus touchantes, utllisant les méthodes de pression des mouvements palestiniens. En même temps, des organismes moins suspects de partialité comme la Croix Rouge, dénoncent aussi la faiblesse des moyens mis en oeuvre pour aider les populations et l’absence de sécurité pour les services médicaux ou humanitaires. Dans son obsession à traquer les militants islamistes, Israêl oublie qu’il porte une responsabilité dans le maintien d’un minimum de sauvegarde de la population de Gaza,même si elle se solidarise avec le Hamas, tant que elle n’est pas elle-même engahée dans le combat militaire

Cette campagne était prévisible, car, dans l’environnement citadin et avec la manière  dont le Hamas camoufle ses installations à proximité de centres populeux, quand ce n’est pas carrément dans des écoles ou des édifices religieux, l’existence de victimes civiles était inévitable. C’est leur nombre et leur proportion qui choquent l’opinion.Cela a été un élément fondamental de la stratégie du Hamas de provoquer  par les victimes civiles entraînés par les combats le maximum de réactions d’indignation dans les opinions publiques

De plus on ne peut que être inquiet en songeant que les combats directs avec le Hamas semblent encore avoir été limités. La phase suivante de l’ offensive risque d’être encore plus meurtrière.

L’autre cause d’inquiétudes concernant cette situation, c’est la confirmation de divergences au sein de la direcrion israélienne. D’après la presse quotidienne, il semble que il n’y ait pas d’accord de fond entre les trois principaux responsables israéliens: Olmert, Livni, et Barak. Livni étant paraît-il pour une trève et une négociation, Olmert étant partisan d’aller jusqu’à une attrition lourde du Hamas.

D’autre part, même si pour le moment,un des points positifs est le fait que les pertes israéliennes sont très modérées, le contrecoup de cela est que d’une part , pour le moment le Hamas n’a pas subi de pertes essentielles lui même, ce qui est un avantage pour lui à  qui il suffit de survivre à l’offensive pour en être considéré comme vainqueur, et d’autre part , cela s’accompagne d’une progression très lente des troupes israéliennes qui disposent de très peu de temps avant que la réaction internationale devienne plus contraignante.

En particulier, la prise de fonctions par Barack Obama va constituer un tournant décisif. Or, les considérations des Américains ne sont pas inspirées que par le souci d’Israël, bien entendu, mais par une vision prospective de tous les enjeux diplomatiques,économiques et stratégiques des 20 ans à venir;

ON a déja vu des premiers signes d’évolution dans la position des USA sur les motions votées à l’Onu  sur l’exigence d’arrêt des combats, ou Condoleeza Rice a commencé par voter la motion soutenue par les autres membres du Conseil de Sécurité, avant de revenir sur sa décision pour seulement s’abstenir.

Face à cette accentuation de la pression internationale, le temps devient un facteur clef. Le flou des objectifs stratégiques israéliens ne facilite pas les choses.

Le paradoxe, c’est que il n’est pas impossible que les initiatives de paix  engagées par la France, et  Nicolas Sarkozy personnellement, et l’Egypte , aboutissent à des solutions viables de la crise. Pour le moment, Israël semble les voir avec un regard favorable, alors que le  Hamas, du moins sa direction installée en Syrie, s’y oppose totalement, refusant l’idée d’un contrôle de la frontière égyptienne qui lui permet de se réapprovisionner en armes, et l’arrêt des lancements de missiles, même si le blocus économique de Gaza est levé. Cette position es logique, car si le Hamas ne peut pas apparaître comme l’adversaire le plus agressif et le plus sanglant d’Israël, sa raison d’être disparaît, et son prestige,lié à son pouvoir  d’attaquer Israêl s’effondre.Le refus par le Hamas d’un accord raisonnable ( qui lui laisserait son influence sur Gaza, mais lui interdirait les moyens de l’agression contre Israël), pourrait changer l’attitude de l’opinion internationale vis à vis de ce conflit… à condition toutefois que souffrances de la population civile ne continuent pas à  augmenter.

Un tel accord serait une préfiguration d’accords plus larges dans la région, écartant l’idée d’un « anéantissement » de l’adversaire, et aboutissant à des conditions de vie convenables et sécures de part et d’autre.

GAZA:L’EPREUVE DE FORCE AVEC LE HAMAS EST ENGAGEE

janvier 5, 2009


Au 10ème jour de l’offensive israélienne engagée pour riposter à la rupture de la trève par le Hamas et à ses bombardements insupportables pour la population, nouvelle forme de terrorisme délibérément tourné contre la population civile, les interrogations dominent quand aux issues possibles à cette nouvelle étape du conflit.

Comme pour les épisodes antérieurs, le choeur des voix propalestiniennes entame le cri au massacre , dans le déni du droit à l’autodéfense d’Israël, puisque c’est son droit à l’existence qui est contesté comme point de départ. A partir de là, les agressions contre lui sont justifiées et ce sont ses ripostes qui deviennent des agressions.

Comme d’habitude, les mouvements d’extrême gauche, dans leur position d’identification avec toutes les forces anti-occidentales   dans le monde, défilent avec les islamistes du Hamas et du Hezbollah à Paris et crient avec eux « Mort à Israël » et « Sionistes fascistes, c’est vous les terroristes ».D’ailleurs, le « sous commandant Marcos » vient de condamner la « guerre de conquête » de Israël à Gaza. Voila un soutien de taille et les lumières d’un fin analyste politique pour éclairer la situation.

En attendant, l’interrogation demeure sur la stratégie de l’Etat Hébreu: jusqu’à où est il déterminé à aller sur le plan militaire, dans la partie terrestre de l’offensive; a-t-il vraiment les moyens d’éradiquer le Hamas, quelle structure politique peut-être envisagée à Gaza si le pouvoir du Hamas est détruit? Y a-t-il une autre possibilité que celle d’une anarchie et d’un chaos total dans cette enclave?

En tout cas, ce qui apparaît à posteriori, c’est le côté non évident de la décision de Sharon d’évacuer sans négociation le territoire de Gaza, et le danger que représente ce genre de décisions unilatérales. En même temps ,il faut être deux pour pouvoir négocier.

La dysharmonie dans les déclarations publiques des dirigeants israéliens sur leurs objectifs dans cette guerre est troublante, car elle laisse penser que les choses ne sont pas claires, ni pour les uns et les autres, ni entre eux. L’insistance avec laquelle ils répètent que ils ont tiré les leçons des erreurs de la guerre du Liban de 2006 n’empêche pas un sentiment de malaise devant les similitudes , peut être seulement apparentes ,entre les situations.

Quelle alternative existe-t-il à une réoccupation de Gaza, qui ne semble pas envisagée? Existe -t-il des possibilités de médiation internationale qui empêcheraient à la fois une prise de contrôle de l’enclave et de sa population par le Hamas et une reprise des tirs de roquettes contre Israël une fois que ce dernier serait reparti.

L’accord en trompe -l’oeil signé avec le Hezbollah au Liban, qui à certes créé une zone démilitarisée au nord immédiat d’Israël a dans l’immédiat mis ses habitants à l’abri des tirs de roquettes du Hezbollah. Mais tout le monde sait bien que il ne s’agit que d’un répit. Le Hezbollah a amassé des dizaines de milliers de missiles plus au nord , capables d’atteindre Israël tout en en étant protégés par la force internationale de séparation,et il a poursuivi intensivement son travail de préparation militaire en même temps que de conquête de l’état libanais, dans lequel il a obtenu un droit de veto sur les actes du gouvernement.

Un accord du même type avec le Hamas serait une défaite immense, car il ne tromperait personne et il ne ferait qu’encourager les extrémistes  dans leur escalade de provocations et de terreur. Cela apparaîtrait comme une politique efficace et rentable.

Les dirigeants israéliens ne peuvent pas ne pas le savoir, et on ne peut pas penser qu’ils ont été assez irresponsables pour ne pas écarter une telle issue.

Israël n’a pas le choix. Il ne peut tenir ses ennemis mortels en respect que si ils sont convaincus de l’inutilité de leurs efforts pour le vaincre. La défaite est une option qui n’existe pas.

L’INTERVIEW DE EHUD BARAK PAR CLAUDE LANZMANN DANS LES TEMPS MODERNES

décembre 21, 2008

Le dernier numéro des « Temps Modernes » est centré sur « la sexagénaire jeunesse d’Israël ». Il s’ouvre sur une interview de Ehud Barak,ministre de la Défense d’Israël , par Claude Lanzmann. Plusieurs idées intéressantes sont développées dans cette interview.

Après la critique de l’impréparation et du manque de clarté des objectifs de la guerre contre le Hezbollah en 2006 (Barak compare cette action à un orchestre philarmonique à qui on demanderait le matin de jouer le soir la 8ème Symphonie de Mahler), il critique le fait que Israël n’ait pas poussé jusqu’au bout la logique d’autonomie de Gaza, ce qui fait que aux yeux de la communauté internationale, il est toujours considéré comme responsable des conditions de vie dans cette entité. Alors que, si un état indépendant bombardait Israël comme le font les terroristes du Hamas, la riposte globale aurait paru absolument justifiée, comme ce serait le cas si la Syrie le faisait par exemple.

L’affirmation peut tout à fait être discutée, car les Islamistes , dans leur guerre mondiale contre le sionisme, sont tout à fait prêts à sacrifier la population d’une ville pour rendre la vie impossible à l’Etat Hébreu, et ils sont passés maîtres dans la prise en otage des populations civiles  derrière lesquelles ils s’abritent pour leurs actions meurtrières,suivies de discours victimaires au moment des ripostes.

Abordant ensuite le point des négociations avec les Palestiniens, il souligne la difficulté de négocier avec des interlocuteurs qui ne contrôlent pas la moitié de leur population.

Il dit que les Israéliens font l’expérience de la désillusion vis à vis de deux grands rêves, l’un à droite, celui du « Grand Israël », correspondant à la vision messianique ,  l’autre à gauche, le grand rêve utopique d’un ange qui descendrait du ciel pour enlacer un nouveau Moyen-Orient, le rêve que l’empressement des Israéliens à accorder un crédit excessif à leurs voisins puisse changer l’attitude de ces voisins à l’égard de leur présence ici.

Barak dit que les Israéliens comprennent de mieux en mieux aujourd’hui combien cette région est dure, et , avec l’expérience du désenchantement relatif à ces deux utopies, que ils doivent trouver un moyen de vivre avec cette réalité que les gens autour d’eux ne les aiment pas, que un grand nombre de ces voisins souhaitent que ils disparaissent ou qu’ils retournent aux lieux d’où ils sont venus.

La conclusion de Barak est que un accord de paix n’aboutira que lorsque ces voisins auront définitivement admis que que Israël ne peut être vaincu militairement, que le terrorisme ne l’aura pas à l’usure, et que il ne se laissera pas entraîner dans des guet-apens diplomatiques proposant des compromis à sens unique( formule visant évidemment l’angélisme de la gauche, qui tenait les autres mouvements politiques israéliens  pour responsable des échecs du processus de paix, et non pas la partie palestinienne).

Barak reprend le parallèle établi par les Arabes avec la situation des Croisades et développe l’idée que l’échec des Croisades a été causé par l’intégration et l’influence par le milieu (intermariages, corruption, moeurs locales) qui a fait avaler par ce milieu les Croisés, dilués dans leur environnement et devenus si faibles que la bataille de Hattin, gagnée pat Saladin, n’était que le coup de grâce porté à une entité déja corrompue et pourrie jusqu’à l’os.

La thèse qu’il développe, c’est que au contraire, Israël a le potentiel pour  être à l’avant-garde des autres dans cette région, et défier les attentes et les rêves de nombre de ses habitants.
Le terme de « peuple élu » se trouve remplacé dans son esprit par celui de peuple qui décide de mettre en place une « société d’excellence ».C’est ce qu’il propose comme but et ambition à la société israélienne:être à l’avant garde de la société mondiale dans tous les domaines, de l’éducation à la science, être un modèle de vie culturelle et de qualité de vie, un modèle de vie tout court;

On perçoit dans cette vision idéale de la société israélienne la nostalgie de l’époque héroïque des kibboutz qui posaient les modèles d’une utopie sociale concrète, en écho aux utopies de l’époque, en même temps que l’orgueil d’avoir fondé, avec la religion juive, les fondements de la civilisation « judéochrétienne » qui  est le substrat du monde occidental actuel.

L’article  se conclut sur le parallèle établi avec d’autres petites nations, Singapour, la Finlande, l’Irlande qui ont par des actes de volonté, réussi à surmonter le handicap de leur taille ou de leurs conflits internes, question vitale pour l’Israël de notre époque ou des époques antérieures.

LE LIKOUD EST DESORMAIS UN PARTI EXTREMISTE

décembre 10, 2008

(d’après l’article de Gilles Paris dans Le Monde.fr du 09/12/08)

C’est ce qu’ à déclaré le premier ministre  Ehoud Olmert après les primaires du Likoud qui viennent de se dérouler en Israël.

Tous les observateurs font en effet le même constat, celui de la droitisation de ce parti, dont le signe le plus éclatant est la nomination sur sa liste électorale de Moshé Feiglin, animateur du courant Manhigoute Yehoudite (direction juive) , accompagné de deux proches en position éligible comme lui.

Ce courant est un des plus extrémiste en Israël, mais Feiglin, à la différence des autres groupuscules d’extrême droite, a choisi une politique d’entrisme dans le Likoud, ou il a obtenu progressivement des scores de plus en plus importants  dans les élections internes. On se trouve dans une situation qui serait celle, en France, ou le Front National aurait décidé d’investir progressivement l’UMP, pour avoir un levier d’action politique plus efficace que le statut de parti contestataire.

Feiglin a ainsi célébré  comme « un acte de résistance » l’assassinat de 23 musulmans en prière dans une mosquée au caveau des  Patriarches en 2004 par l’extrêmiste juif Baruch Goldstein, et réclamé après le lynchage par les Palestiniens de deux soldats israéliens à Ramallah que Israël chasse les habitants de cette ville pour les remplacer par des Juifs, avant la suite qui serait non seulement le transfert des Palestiniens des Territoires, mais aussi celui de toutes les populations arabes présentes dans le « grand Israël ».

Cette radicalisation du Likoud l’empêche, comme le souligne Gilles Paris dans son article, de se présenter comme un parti pragmatique peu différent sur le fond de Kadima, et obère sa capacité d’attraction aux prochaines législatives.

Comme le dit Haim Oron, chef du Meretz, « le Likoud a ôté son masque et montre son vrai visage.La combinaison Feiglin-rebelles du Likoud a contribué à former un part d’extrême droite. Le peuple devra  désormais choisir entre la liste du Likoud et une alternative en quête de paix, capable de dialoguer avec les Etats Unis et le reste du monde ».

Même si on  ne partage pas d’une façon générale les vues du Meretz, on ne peut qu’être frappé par la justesse de cette formulation: si le peuple israélien choisit l’extrêmisme du Likoud, il n’y aura plus de dialogue possible avec les Etats Unis, fermement engagés dans la voie d’une paix reposant sur la coexistence de deux états sur cette terre, comme la quasi-totalité de la communauté internationale. Israël sera alors coupé de ses soutien vitaux, stratégiques, économiques et militaires, ce qui est sans le moindre doute une politique suicidaire.

Là ou l’extrême droite accuse la gauche et Kadima de mener une politique suicidaire en donnant un état aux ennemis d’Israël, c’est elle même qui creusera la tombe du pays en le désarmant,égarée dans ses délires religieux et sa mythologie mégalomaniaque, incapable d’apprécier les vrais rapports de force, emportée  par sa vision illusoire d’une capacité militaire à maîtriser tous les problèmes politiques de la région.

Kadima, seul  parti de taille à s’opposer au Likoud avec un parti travailliste  en pleine déroute, crédité de seulement 8 % des voix,arrivera -t-il à remonter son retard dans les sondages sur le Likoud avec la prise de conscience de cette évolution inquiétante de son adversaire?

Nous le saurons bientôt.

Défaite des extrémistes à Hébron

décembre 6, 2008

La « maison de la discorde »  à Hebron, immeuble occupé par les colons extrémistes qui refusaient de se soumettre à la loi,c’est à dire à la décision de de la Cour de Justice Suprême, qui avait ordonné l’évacuation de cet endroit en attendant qu’un jugement définitif sur le droit de propriété des uns ou des autres soit prononcé, a été évacuée par les forces de police israéliennes après des échauffourées brèves, mais violentes, qui n’ont fait que quelques blessés légers.

Cette bataille,politique, religieuse et symbolique a dévoilé beaucoup d’éléments de la situation politique israélienne actuelle.

D’abord, elle a montré que malgré la mobilisation très importante des extrémistes, ceux-ci  n’avaient pas, pour le moment du moins, la possibilité de s’opposer aux évacuations quand le gouvernement se donnait les moyens de les  mettre en acte. Bien que ils aient fait signer des pétitions par un grand nombre de personnes, la majorité de la population et les principaux  partis politiques ont condamné le refus de se soumettre aux décisions de la justice, comprenant parfaitement que ce sont les fondements mêmes de l’Etat israélien qui sont en danger si l’état de droit n’est plus respecté, si la plus haute instance juridique du pays est bafouée, si le fait accompli et l’injustice s’imposent par la volonté d’une toute petite minorité. Il y a une conscience qui se développe, face à l’escalade de violence et de haine de ces extrémistes, de ce  que ces ultras sont un vrai danger pour la sécurité de tous autant que pour la démocratie.

Parallèlement, l’Etat qui n’avait pratiquement démantelé aucune implantation depuis  celles de Gaza, autant par crainte d’affronter l’opinion publique en apparaissant comme divisant les juifs et les dressant les uns contre les autres, que par  ambigüité politique, a été poussé à réagir par l’escalade des colons qui l’ont mis en situation de ne pas pouvoir continuer à céder sans se déconsidérer complètement, intérieurement et extérieurement. Le résultat est un coup d’arrêt à l’audace et l’impunité croissantes des ultras et un désaveu de ceux-ci par la majorité de la population.

Un autre point qui s’est révélé dans ce conflit, c’est le potentiel de haine,et – c’est un comble- de racisme qui est recelé par la vie en circuit fermé des ultras religieux, vivant dans un univers parallèle à la société israélienne, avec leurs écoles,leurs chefs religieux, leurs quartiers, leurs communautés. Ce sont des incubateurs de fanatisme qui se sont développés et dont on voit apparaître les rejetons. Les adolescents violents et fanatiques, qui ne reconnaissent aucune autorité autre que leurs rabbin, eux mêmes fanatiques, ne se rendent pas compte que ils sont les images en miroir des adolescents arabes aux visages masqués par les keffieh qui attaquent les juifs partout ou ils le peuvent. Les graffiti racistes, les agressions contre les voisins palestiniens,produisent le même dégoût que les déchaînements  antijuifs qui éclatent sporadiquement dans les villes arabes.

Ce qui apparaît clairement à cette occasion, c’est que  ce n’est pas un conflit de religion, ni de civilisation, qui est en jeu, mais un conflit entre société fermée et société ouverte, société libre et société d’oppression et d’obscurantisme.

Ce qui est réconfortant, c’est que la population israélienne semble raison garder, face à l’hystérie de certains groupes. Ce qui est inquiétant, c’est que la dérive de ces groupes violents peut s’accentuer, et aboutir, dans un climat de surexcitation, au passage à la violence armée, c’est à dire une forme de guerre civile. La société israélienne, dans sa bigarrure, contient à la fois l’attachement à la tolérance et à la diversité qui est la base de son existence, et les germes de l’intolérance par l’intégrisme religieux qui est aussi une des racines de cette nation.

Ce sera la responsabilité de tous les partis politiques de ne pas se laisser tenter par l’utilisation de ces forces malsaines et dangereuses pour l’unité et l’existence même du pays.

Kadima , une dernière chance pour la paix au Moyen Orient

novembre 17, 2008

L’échec de la tentative de Tzipi LIvni  dans sa tentative de constitution d’un gouvernement de coalition, avec les travaillistes et avec le Shas fait planer une grande inquiétude sur la possibilité de trouver une majorité, pour le prochain gouvernement, qui ait les mains libres pour mener des négociations de paix avec les palestiniens.

Or tout le monde est à peu près d’accord actuellement pour penser , parmi ceux qui souhaitent l’existence de deux états côte à côte, que le temps joue contre  les chances d’un accord.

En effet, le facteur le plus grave sur ce plan est la continuation de la colonisation à Jerusalem sur un mode qui vise à empêcher toute continuité territoriale d’un état palestinien avec Jérusalem Est et en particulier avec les Lieux Saints. Or un Etat palestinien sans au moins une partie de Jerusalem Est est absolument inacceptable pour la partie palestinienne, et débouchera sur une guerre à  outrance.

C’est le calcul évident de la droite dure israélienne, dont Netanyahou est la figure de proue, qui continue à croire possible un Grand Israël,et qui pense que le peuple israélien aura beaucoup de mal à  admettre des expulsions à Jérusalem même, compte tenu de la difficulté qu’il a eu à admettre ces expulsions déja dans le Sinaï égyptien et dans la bande de Gaza, alors que ces territoires ne faisaient pas partie de « Eretz Israêl ». Cette droite politique est même dépassée dans l’extrêmisme par pratiquement tous ses alliés, la nébuleuse de colons mystiques prêts à presque toutes les provocations, dela violence contre les voisins palestiniens jusqu’à l’agression contre Tsahal si celle-ci prend position contre leurs activités illégales.

L’existence de Kadima, le parti créé par Ariel Sharon  quand il a compris que le Likoud ne laisserait pas passer sa décision de sortir de Gaza, a été une bouffée d’espoir dans le pays, et à  laissé espérer que les 60 % de la population qui admettent la nécessité de l’existence de deux états sur cette terre pourraient trouver une représentation hors  du clivage radical dans lequel ils étaient prix jusque là entre le pacifisme flirtant avec le gauchisme  du parti travailliste et l’obstination expansionniste et la surenchère extrêmiste du Likoud.

Le premier succès de ce parti qui avait réuni des figures importantes venues d’un bord comme de l’autre (Shimon Peres, Ariel Sharon ,etc.), s’était traduit par un succès impressionnant aux premières élections qui avaient suivi sa création. La mise à l’écart de Sharon consécutive à son accident vasculaire cérébral, l’absence de charisme de Olmert suivie de l’échec de la campagne militaire contre le Hezbollah au Liban, puis de ses démêlés honteux avec la justice ont dilapidé le capital de confiance que les Israéliens avaient placé dans ce mouvement.

La nomination de Tzipi Livni constitue une dernière chance pour ce parti d’échapper aux tendances centrifuges qui le menacent , et de voir chacun de ceux qui ont quitté la droite ou la gauche pour le rejoindre repartir vers leurs milieux d’origine.

Les partis du centre en Israël n’ont jamais,  jusqu’à présent, eu de forte longévité. Mais le phénomène de son apparition coincide avec l’érosion continue de l’influence et du pouvoir des travaillistes, passés de la majorité absolue  à une estimation de 11 députés sur 120 aux prochaines législatives, et au fait que même le Likoud ne représente que un quart de l’électorat. Le problème des alliances est donc crucial, et l’alliance de la gauche et du centre part avec un handicap de un ou deux sièges dans les estimations actuelles.

Pourtant le choix clair de Livni qui a refusé les maquignonages de bas étage  et a eu le courage d’aller affronter les électeurs fait passer un souffle de fraîcheur dans l’univers politique israélien bien abîmé par les combinaisons politiciennes liées au système de la proportionnelle intégrale, quand ce n’est pas celui des compromissions financières. Les électeurs lui en sauront ils gré? Sont ils prêts à donner une chance au processus de paix en lui permettant de se passer des conditions exhorbitantes des partuscules religieux ou extrêmistes? Veulent ils continuer à échapper au clivage du pays en deux camps irréconciiables?

Le pays est sur le fil du rasoir. Cette élection vaut bien celle de Obama, avec les enjeux énormes de politique internationale qu’elle a entraîné.

L’extrême droite elle ne s’y trompe pas et déchaîne sa violence verbale contre Kadima, qu’elle accuse d’être alignée sur « La Paix maintenant », parce qu’elle sent bien, comme le parti travailliste d’ailleurs que Kadima détache d’eux des électeurs qui n’étaient chez eux que faute d’alternative.

PARTAGE DE JERUSALEM: QUELLES SONT LES HYPOTHESES ACTUELLES?

octobre 30, 2008

D »après le livre de  Frédéric ENCEL: »GEOPOLITIQUE DE JERUSALEM »

Ouvrage remarquable paru en février 2008, le livre de Encel ,docteur en géopolitique et enseignant à Sciences Po, étudie la place de Jérusalem dans les représentations  des différentes parties du conflit israélo arabe et les différentes stratégies, militaires,démographiques, diplomatiques,médiatiques en jeu pour la possession de cette cité au centre des systèmes symboliques de chacun des belligérants; le dernier chapitre du livre examine toutes les hypothèses qui ont été envisagées pour trouver des solutions acceptables par les deux camps.

1)L’internationalisation des Lieux Saints.

« Pour les adversaires politiques, « les Lieux Saints ne sont certes pas rien, mais pas tout non plus ». « Au delà de leur existence intrinsèque,de leur accès plus ou moins libre, l’enjeu majeur se situe bien au niveau de leur possession. Ainsi pour un Juif , prier librement au Mur des Lamentations est une chose, accomplir son devoir de croyant sous souveraineté juive en est une autre, infiniment plus précieuse et valorisante. De même un musulman palestinien ne sera pas satisfait , même accueilli avec des fleurs par un soldat israélien, si la souveraineté de l’esplanade des Mosquées, échappe à ses coreligionnaires et citoyens, et donc en partie à lui ».

L’internationalisation des Lieux Saints se heurte à trois difficultés majeures:

D’abord celle de les repertorier; Ainsi l’Etat juif pourrait limiter volontairement  leur nombre afin d’en voir le moins possible passer sous contrôle international (il ne s’agit évidemment pas des 3 principaux Mur des Lamentations, Saint sepulchre,Esplanade des Mosquées reconnus de tout le monde.).Les chrétiens et les musulmans ayant évidemment l’intérêt inverse, de soustraire le maximum de lieux au contrôle israélien;

Ensuite se poserait la question de savoir qui gérerait les lieux internationalisés. Côté israélien, on n’accorde aucune confiance aux instances et aux forces internationales. Côté palestinien, des pressions intégristes pourraient s’exercer contre la présence de personnes de confession juive dans les personnels onusiens.

Enfin, quelles seraient les prérogatives de cette force: simple observateurs, démunis de pouvoir réel, et donc à la merci de toutes les provocations extrêmistes,ou dotés de moyens d’action, et risquant alors de devenir aussi des cibles pour une escalade.

« En fait, l’abandon par Israël de sa souveraineté sur les lieux saints juifs,si difficilement retrouvés ,paraît inimaginable à la population israélienne, et apparaîtrait comme une capitulation  avant même la bataille, déclenchant une opposition à laquelle aucun gouvernement ne pourrait résister. Les palestiniens, ne perdant pas ce qu’ils n’ont pas, pourraient y voir  une défaite de leur adversaire, en attendant plus, dans un deuxième temps. »

2) l’internationalisation de la ville.

Ce  projet irréaliste, fondé sur la division de la ville selon la frontière de 1948, qui a l’avantage de séparer, sans enchevêtrement, les deux populations, est en fait inacceptable pour les israéliens, car en plus de perdre la souveraineté sur les lieux saints juifs, ils perdraient la quasi totalité des quartiers forteresses implantés depuis 1967. Les palestiniens , pour les mêmes raisons que plus haut y verraient l’avantage du désavantage de leurs ennemis.

3)l’internationalisation de Jérusalem et de toute la région environnante.

Ce projet est encore plus irréaliste que les précédents, er produit évidemment l’opposition catégorique des Israéliens. L’idée est d’élargir la zone neutralisée, en y incluant Bethléém et Ramallah, villes principales chrétienne et palestinienne, pour équilibrer les populations. Mais même le Vatican a cessé de réclamer l’internationalisation des lieux saints, la communauté chrétienne est numériquement d’un autre ordre de grandeur que les juifs et les palestiniens.

4) la souveraineté partagée: une ville pour deux états..

Encel dit que depuis 1967, les Israéliens ont laissé la porte ouverte à un compromis de cette sorte. En fait, les Israéliens garderaient la souveraineté sur la ville, mais laisseraient des très larges responsabilités de gestion municpale, (infrastructures, services techniques et sociaux, à l’exception de la sécurité), à l’autorité palestinienne. Le parti travailliste est acquis à cette hypothèse, qui aurait pour avantage, du point de vue israélien, de ne pas prévoir de déracinement des populations juives des  implantations, et de maintenir la souveraineté. Mais ce sont les palestiniens qui seraient privés de l’essentiel Une variante,à leurs yeux: la souveraineté sur une partie de Jerusalem. On ne peut donc pas escompter qu’ils se contentent de si peu;

Une autre hypothèse envisage une division plus ou moins selon la frontière de 48, la ville restant ouverte. Les juifs des implantations vivraient en tant que résidents israéliens sous souveraineté palestinienne, ou partiraient. Cette hypothèse est évidemment séduisante pour les palestiniens, pas du tout pour les israéliens;

Une variante plaît beaucoup à Yehoshua,qui consiste à ne faire de Jerusalem  la capitale d’aucun état, Tel Aviv étant celle d’Israël, Ramallah celle de la Palestine. Le caractère complètement déréel de cette idée, qui fait abstraction de toute la charge symbolique, pour les juifs comme pour le monde musulman, attachée à cette ville illustre bien  la capacité à errer de certains intellectuels pris dans leurs contradictions.

5) Le contrôle mixte, ou la souveraineté conjointe;

Cette conception ferait que à tous les échelons de la gestion de la ville,un nombre égal de représentants juifs et arabes exerceraient le contrôle conjoint sur les deux parties de la ville.Par souci d’équilibre démographique, Ramallah et Bethlléem,et aussi Maale Adounim et Beth Shemesh y seraient intégrés. La surface de la ville serait alors cinq fois plus grande que la superficie actuelle;

L’avantage du point de vue israélien serait de ne pas déraciner ni contraindre à vivre sous souveraineté étrangère les habitants des cités forteresses. Du point de vue palestinien, il y aurait  une reconnaissance politique, sans aller jusqu »à la souveraineté exclusive. Du moins « deviendraient_ils « copropriétaires », à égalité avec les israéliens »; Les obstacles à cette cogestion sautent aux yeux: y aurait il des possibilités de modifier les populations  habitant au moment de l’accord?

Toutes ces hypothèses montrent leurs aspects peu réalistes, soit que elles ne satisfont pas la revendication fondamentale de souveraineté d’un côté ou de l’autre, soit qu’elles présupposent une capacité à trouver des accords dont on ne voit pas le moindre indice actuellement. Quand on voi lle côté laborieux des accords pour l’Europe, imaginer entre les ennemis mortels que sont Juifs et Arabes des accords incessants paraît une pure utopie, et la source assurée de la réapparition immédiate de conflits conduisant très rapidement au redémarrage de l’affrontement.

Comme le dit Encel »une bonne frontière étatique vaut mieux qu’un enchevêtrement de prérogatives fonctionnelles, difficilement applicables sur le terrain et génératrices de fièvresmystiques et nationalistes.

Il développe l’idée que » l’imbrication des populations,, même dans de vastes espaces,est presque invariablement,, lorsque l’antagonisme risque de dégénérer en guerre ouverte, un obstacle à la résolution du conflit et la condition idéale pour que s’instaure une spirale de violence généralisée et souvent incontrôlable, menant, comme dans l’ex-Yougoslavie, à des catastrophes… En tout état de cause, le grand soir de la fraternité Abrahamique paraît fort lointain, et les interprétations contemporaines des Livres Saints nous en éloignent plutôt,, qui réactivent la fascinante nécessité de la limite territoriale… »

Consubstantielle à l’idée d’une nécessaire séparation des populations, la notion de frontière devrait s »appliquer à Jerusalem plus que partout ailleurs, quoi qu’en pensent les partisans de « la paix des coeurs ».

« C’est précisément parce que Jerusalem cristallise les passions, suscite l’instrumentation de sa sacralité à des fins politiques,qu’une implacable frontière, étatique,matérialisée,( qui ne prendrait pas nécessairement la forme de barbelés), c’est à dire reconnaissable à la fois par les adversaires sur le terrain et les autres nations devra objectivement baliser l’espace en jeu.

L’heure du declin de l’Etat-Nation n’a pas encore sonné et les Palestiniens ne se plieront pas à un autre statut politique et réclameront de vivre  et d’évoluer en nationaux palestiniens dans des frontières sures et reconnues, en particulier à Jérusalem. »

6)L’hypothèse du corridor palestinien.

c’est l’hypothése privilégiée, avec beaucoup de précautions oratoires, par F. Ensel

« Au terme de ce projet,la majeure partie de Jerusalem resterait sous la souveraineté d’Israël et la boucle de la ceinture israélienne autour de Jerusalem-Est resterait ouverte pour qu’un corridor relie la Vieille Ville à l’Etat palestinien. Il ne s’agirait pas d’une aberration comme le couloir de Dantzig a pu l’être en son temps, puisque Israël conserverait sa pleine continuité territoriale. Contrôlé (militairement, politiquement, administrativement) par les Palestiniens, cette zone habitée par une population exclusivement arabe serpenterait entre les quartiers juifs de Jerusalem_Est et plusieurs implantations du Grand Jerusalem;

Pour ce qui est de l’Esplanade des Mosquées,, les autorités musulmanes continueraient à gérer les lieux en s’intégrant aux structures étatiques palestiniennes. Le gouvernement palestinien prendrait le contrôle du site moyennant des restrictions drastiques en matière d’armement. En effet les israéliens redoutent que les flambées de violence sur l’Esplanade ne dégénèrent en contrebas, atteignant  l’esplanade du Mur des Lamentations. Reste le problème posés par les militants juifs mystiques, intriqués dans la population des quartiers arabes. Là, Encel n’envisage pas le délogement de ces gens , et est obligé de se rabattre sur une solution de cogestion, contraire à son idée de séparation  nette des populations;

Un te projet  nécessite pour sa réalisation des conditions difficiles à réaliser.

D’abord un gouvernement israélien indépendant des pressions des partis religieux, donc fondé sur les partis de gauche ou laïques.L’apparition du parti centriste Kadima, susceptible de s’allier avec les travaillistes  pour mener les négociations augmente la probabilité d’une telle combinaison;

Ensuite une Autorité Palestinienne disposant d’une marge de manoeuvre par rapport aux pressions islamistes, ce qui varie avec la conjoncture politique;

Enfin et surtout, il est vital de laisser l’ouverture du passage pour les palestiniens, vers leurs lieux saints. La tentatve d’implantation des extrêmistes religieux juifs en plein coeur de ce passage, dans le quartier arabe de  Ras al-Amoud risque de constituer un fait accompli irréversible sans énormes difficultés et ainsi de constituer un seuil au delà duquel il n’y aurait plus aucun compromis possible pour les adversaires. C’est surement l’idée directrice de ceux qui ont décidé cette implantation, c’est à dire la politique du pire: celle ou la seule issue est la défaite définitive de l’adversaire. Les pays du monde entier verraient d’un très mauvais oeil cette attitude, et la feraient payer très cher à celui des belligérants qui ferait preuve d’une intransigeance aussi radicale.

L’ATTENTAT CONTRE ZEEV STERNHELL: L’EXTREMISME MENACE LA DEMOCRATIE

septembre 28, 2008

L’attentat commis contre l’historien Zeev Sternhell, membre fondateur du mouvement pacifiste « La Paix Maintenant »  constitue une nouvelle source d’inquiétude pour l’avenir du système politique démocratique israélien, déja lourdement obéré par la proportionnelle intégrale, qui donne un pouvoir de chantage démesuré aux petits partis religieux ou aux mouvements catégoriels, et par la corruption qui s’étend à un grand nombre d’hommes politiques.

Le développement d’une violence physique dans les rapports des colons avec les Palestiniens, le rôle de certains leaders religieux, qui au nom de visions théologiques qui refusent les réalités du monde actuel, encouragent l’extrêmisme, légitiment les violences et le refus de la légalité démocratique, et poussent les fidèles à la violence politique, constituent des signes alarmants d’une fêlure dans le consensus sur les valeurs qui constituent le socle de la société israélienne;

Cet attentat doit évidemment être condamné, ses auteurs traqués et punis, mais surtout le discours pousse au crime qui le produit doit être combattu par tous les défenseurs de la démocratie.

Cependant, le fait d’être une victime ne signifie pas nécessairement que l’on ait raison.Zeev Sternhell, connu pour ses prises de position contre la colonisation, reprises par « La Paix Maintenant », a parfois pris des positions extrêmistes lui même: proposant d’envoyer les chars contre les colons, et surtout, déclarant, ce qui a ébahi une bonne partie de ses lecteurs, que les Palestiniens feraient mieux de faire des attentats limités aux colons plutôt que frappant des victimes civiles partout dans les villes israéliennes.

Ce dérapage d’un pacifiste, conseillant aux terroristes  des cibles parmi les civils des colonies- cibles « raisonnables », choisies chez ses ennemis politiques, plutôt que des cibles « manquant de lucidité » parmi l’ensemble de la population israélienne, fait froid dans le dos, et montre , derrière le discours pseudo impartial, l’incapacité à penser la collectivité nationale et la solidarité naturelle face à un ennemi. C’est une des raisons essentielles du désintérêt  manifesté de plus en plus par la population israélienne pour cette organisation qui finit par opposer un bon peuple israélien,généreux et pacifique, fraternel avec les palestiniens, et un mauvais peuple, »colonialiste », oppresseur des faibles arabes. Ce discours , séduit par le discours palestinien destiné justement à séduire la gauche israélienne et internationale, oublie que les gouvernements de gauche, travaillistes, ont poursuivi la même politique d’implantation que la droite :car les enjeux de souveraineté territoriale ne se jouent pas au niveau des bons sentiments, mais dans des rapports de force comprenant tous les domaines: stratégiques, diplomatiques,médiatiques, ou chaque partie a ses points faibles et ses points forts

Zeev Sternhell ne s’est pas limité à ces déclarations ébouriffantes. Il a mis sur le même plan, au point de vue des conséquences de blocage du processus de paix, le terrorisme palestinien et les entraves à la circulation créées par les barrages israéliens ou les réquisitions de terres.

Il a défendu la solution politique d’une imposition par la force, par les grandes puissances, de leur solution de paix, par le biais d’une occupation militaire imposée aux Israéliens comme aux  Palestiniens, puisque « ni les uns ni les autres ne sont capables de gérer leurs extremistes ». Ceci reviendrait de fait à désarmer l’Etat Israélien et à remettre son destin entre les mains de grandes puissances _ pourquoi pas l’ONU tant que l’ on y est-dont les intérêts peuvent être très éloignés ( pétrole, géostratégie mondiale, etc.)de ceux de  l »Etat hébreu et de sa souveraineté (voir les périodes antérieures).

En même temps, dans une interview toute récente à l’Express, il reconnaissait que, alors que il a passé 25 ans de sa vie politique à essayer de rétablir des relations de confiance et de reconnaissance entre Palestiniens et Israéliens,  les Palestiniens et les Arabes ,si ils en avaient la possibilité,  jetteraient les Israéliens à la mer avec un grand plaisir.

Comme quoi, tous les bons sentiments humanistes , généreux , et politiquement corrects, ne résistent pas à cette réalité: quand on a un ennemi, d’abord on ne lui sert pas la soupe, et ensuite, pour la réconciliation, on attend que la guerre soit finie. La fraternisation, qui soulagerait tellement la conscience des pacifistes, n’est pas l’angle sous lequel on peut examiner la situation politique et stratégique actuelle. Se gagner les bonnes graces de quelques coeurs purs ne peut pas être  la ligne à suivre quand deux nationalismes s’affrontent pour la même terre. Les pacifistes font la démonstration, à travers les discours du type de celui de Sternhell, qu’ils préfèrent le risque d’une guerre civile à celui d’une guerre avec les palestiniens pour éviter le malaise de leur mauvaise conscience. Le compromis qui devra être trouvé sera froid, dicté par la raison, ou il ne sera pas. La fraternisation ne peut être envisagée de façon réaliste dans les décennies à venir, compte tenu du développement d’un islamisme radical, qui situe dans la sphère du sacré les revendications territoriales et qui n’envisage aucun compromis avec les israéliens, seulement des trèves en attendant leur expulsion finale.

IRAN ET MOYEN ORIENT: IL FAUT SE PREPARER A UNE GUERRE

septembre 8, 2008

Carl Clausewitz le dit dans son livre de génie: la guerre  a pour but d’imposer sa volonté à l’autre , par la violence.

Or, le régime iranien, sur un mode symétrique à celui d’Al Khaida, ne cesse de clamer sa volonté d’imposer, par la force, sa volonté;. Volonté d’éradiquer toute critique de son option théocratique, par la terreur policière, la surveillance de la population, la torture et la mort dans ses geôles; Volonté de détruire l’Etat israélien, par la construction d’une force atomique qui neutraliserait celle d’Israël, ce qui lui permettrait de le détruire ou de le rendre invivable avec l’appui du Hezbollah libanais à qui on apprend qu’il fournit des missiles très sophistiqués, sans commune mesure avec les « Kassam » artisanaux du Hamas gazaoui, et qu’il pousse à s’emparer progressivement de l’Etat libanais, ce qui permettrait  à l’armée iranienne d’y amener des éléments à portée de fusil d’Israël. Volonté de déstabiliser les régimes fragiles de l’Arabie Saoudite et les Emirats, pour bouleverser l’équilibre politique régional et éliminer le rival honni sunnite, et le supplanter dans l’autorité sur le milliard de musulmans de la planète, tout en devenant le principal producteur d’énergie de la région, avec le pouvoir de nuisance et de chantage économique que cela représente .

L’objectif reste l’établissement d’une hégémonie régionale qui mette à l’abri le régime de toute forme de remise en question de sa mainmise théologique moyenâgeuse et barbare, et qui assure le contrôle total des populations environnantes sur le mode déja réalisé sur le plan intérieur.

L’arrogance grandissante du régime des mollahs, la façon dont il défie l’Amérique , affaiblie par son échec relatif en Irak et mise en difficulté en Afghanistan( sans parler du danger mortel  qui plane d’une déstabilisation du Pakistan), et dont il ne se cache même pas de ses desseins d’anéantissement de l’Etat israélien, tout cela montre le sentiment  de force de cet état contrôlé par la bande de fanatiques qui s’en est emparé il y a vingt cinq ans et qui, comme Hitler en 1933, a réussi à mettre la puissance d’un grand état au service d’un projet politique fou.

Ce qui est évidemment le plus inquiétant, dans cet état de choses , c’est le côté  à la fois irrationnel et profondément pervers de cette configuration:

irrationnel, parce que le but est  d’instaurer et d »étendre un système basé sur la négation de l’évolution du monde et de la réalité et articulé sur la référence à  des textes datant de 1500 ans, en décalage complet avec le monde tel qu’il est, d’où la nécessité de maquiller continuellement les vérités contradictoires avec ce discours. De plus, le parallèle avec la folie fanatique hitlérienne montre que  même l’intérêt propre des fanatiques peut être oublié quand il s’agit des fondements idéologiques de leur système: énergies détournées de l’ effort de guerre allemand pour organiser et effectuer la destruction des Juifs d’Europe

pervers, parce que c’est au nom de la religion, qui est à priori une des plus hautes formes de morale et de représentation des valeurs humaines fondamentales, que s’exerce la barbarie la plus cruelle, la plus brutale et la plus cynique après celle d’Al Khaida et de ses égorgeurs. Quand ce sont les prêtres, non des individus isolés, mais toute la caste religieuse dirigeante, qui donnent les ordres de torture ou d’assassinat, qui élaborent des plans de coup d’état, des campagnes de terrorisme et des prises d’otage, on sait que il n’y aura aucune barrière morale ou humaine qui pourra les arrêter.

Le discours pseudo rassurant tenu par certains selon lequel les dirigeants iraniens sont des gens rationnels, qui n’appuieront jamais sur le bouton de la bombe, est un leurre total.

Avant tout parce que leur idée n’est pas de bombarder atomiquement  Israël, mais d’établir un équilibre de la terreur nucléaire qui ouvre la route aux autres moyens qu’ils ont à leur disposition. Les dirigeants iraniens ont parfaitement assimilé la leçon de toutes les guerres asymétriques de l’époque moderne, ou tous les moyens s’intriquent (militaires, politiques, médiatiques) et interagissent pour arriver au résultat recherché. Ils ne visent pas l’apocalypse, mais ils la gardent en réserve comme ultime moyen d’action en cas de situation désespérée pour leur régime. Ils ne veulent pas une vitrification de leur pays,mais s’emparer des commandes  de la région, vaincre Israël pour en tirer un prestige inouï auprès des masses musulmanes.

Mais poussés dans leurs derniers retranchements, ils sont capables absolument de tout. Les chiites, tout le monde le sait maintenant, ont le culte du martyre et un gouvernement qui a envoyé les enfants en avant de ses troupes pour ouvrir le passage dans les champs de mines irakiens, dans la guerre Iran-Irak ne sera arrêté par aucune considération humaine.

Avec une jouissance perverse, les dirigeants iraniens enferment les Occidentaux dans une alternative dont ils ne trouvent pas l’issue pour le moment.

-Si les Américains ou les Israéliens les attaquent maintenant, ils provoqueront  la fermeture du détroit d’Ormuz, une probable crise économique en Occident, une flambée d’attentats dans le monde entier ( des informations récentes montrent que le Hezbollah développe des « cellules dormantes » dans différents pays dans ce but), une offensive du Hezbollah libanais contre israël, et une rentrée en conflit des chiites irakiens actuellement calmes. De plus, après la faillite relative de l’invasion de l’Irak et les mensonges qui l’ont accompagnée, les opinions publiques assez mobiles des USA et des pays occidentaux ne sont plus du tout favorables à des actions militaires. Le Pentagone lui même, par le fameux rapport qui prétendait que les Iraniens ne menaient plus de projets nucléaires militaires- ce qui s’est avéré faux , et qui était invraisemblable-, a réussi à tuer dans l’oeuf les projets éventuels de Bush, ce qui était le but de la manoeuvre. Il est évident d’ailleurs que les Américains, qui manquent déjà de troupes pour mener la guerre en Afghanistan, auraient du mal à tenir un 3ème front terrestre actuellement ( ce dont il ne s’agit nullement à priori), et il y a un risque d’augmentation énorme du sentiment anti américain et des violences dans tout le monde arabe, fragilisant même les régimes prooccidentaux.

La résurgence d’une sorte de pré-guerre froide avec la Russie n’arrange rien non plus, la Russie paraissant prête à faire feu de tout bois pour  contrer les USA si ceux ci s’opposent à ses volontés d’affirmation de puissance.Enfin, dernier élément et non des moindres, la plupart des analystes semblent d’accord pour penser que aucune frappe ne serait décisive, que les installations nucléaires iraniennes sont dispersées, protégées ,lointaines et pour certaines inconnues, et que leurs destruction ne serait que temporaire, ne faisant que gagner peu de temps et soudant le pays derrière ses dirigeants.

-Si les Américains et les Israéliens ne bougent pas, l’objectif iranien sera atteint très rapidement (1 à 2 ans d’après la plupart des estimations ) et ce pays qui a déja utilisé le chantage vis à vis des Américains avec la prise en otage du personnel de l’ambassade américaine à Téhéran ,qui a réduit à l’impuissance la plus grande puissance mondiale pendant 1 an et demi avec quelques dizaines d’otages ,commencera le chantage  à grande échelle. Il a déjà menacé l’Europe et prépare des missiles à plus longue portée.

La capacité de chantage et de  se maintenir de la Corée du Nord et de son régime ubuesque a montré que une petite puissance nucléaire dispose d’une vraie capacité de neutraliser les grandes puissances ( menace du faible au fort, base de la stratégie de la dissuasion française ). D’autre part,  la capacité de survie des dictatures qui éradiquent par la violence l’opposition intérieure est très grande:4O ans de Salazar, 35 de Franco,40 ans pour les dictatures communistes d’Europe de l’Est et Cuba,70 ans pour l’URSS. les mollahs non seulement ne se sentent pas menacés, mais ils ont le sentiment d’avoir le vent en poupe.

L’attitude des Américains,et des Occidentaux, d’essayer de négocier un compromis général avec l’Iran lui reconnaissant une sorte de pouvoir régional en échange d’un renoncement à la maîtrise de l’arme nucléaire ne paraît pas intéresser les Iraniens, qui pensent être les maîtres du jeu, et obtenir par eux mêmes, sans concessions, la même chose que avec concessions.

Les pressions économiques exercées sur l’Iran sont actuellement sans le moindre effet, d’autant plus que elles sont très réduites , entre autre à cause de la résistance qu’y opposent Russes et Chinois, par intérêt à ménager les Iraniens. (Les Russes, avec une mauvaise foi toute stalinienne, contestent les buts nucléaires militaires des Iraniens ! ). Les Iraniens pensent que l’avenir et la survie de leur régime sont liés à la possession de l’arme atomique, et là dessus, ils ne cèderont pas, surtout à quelques pas du but. C’est ce qui conduit vers le conflit: les Occidentaux disent que cette possession de l’arme atomique est inacceptable pour eux, mais ils donnent l’impression d’être impuissants à matérialiser ce refus. Israël se retrouve donc en première ligne.

L’ensemble de ces paramètres montre bien que les Occidentaux sont pris entre Charybde et Scylla, et que agir comme ne pas agir ne débouche que sur des situations ultra dangereuses.

Les Iraniens ont donc l’intention de resserrer le noeud coulant autour du cou d’Israel progressivement et   de le prendre en étau entre Hamas et Hezbollah en augmentant progressivement le coût  en vies humaines et en dégâts jusqu’à le rendre intolérable à la population israélienne, tout en maintenant la posture victimaire du peuple palestinien.

Israel, qui voit la tempête approcher, et qui est resté sur un demi échec dans sa guerre au Liban, ne pourra attendre sans agir que la situation soit totalement  hors de contrôle. D’un moment à l’autre, sur ordre de Téhéran à qui il es totalement inféodé, le Hezbollah appuiera sur le bouton de lancement des dizaines de milliers de fusées qu’il a stocké au Liban. Ce qui le retient pour le moment, c’est le processus  de conquête rampante de l’Etat Libanais dans lequel il est engagé avec succès, et qu’il ne veut pas gâcher en apparaissant comme faisant sa propre guerre contre Israël. Mais ce n’est qu’une question de temps, et chaque jour qui passe renforce son équipement, sa préparation, et son contrôle sur l’Etat Libanais et sur la population chiite.

Quelles sont les caractéristiques de cette situation:

Ce qui caractérise la situation actuelle au proche Orient, c’est bien que l’Iran est le danger principal,pour Israël comme pour l’Occident en général, qu’il est en position  historiquement favorable, qu’il a annoncé ses buts stratégiques et politiques, qui sont de destruction d’Israël et de domination régionale,et que seule la force arrêtera l’expansion de ce régime d’obscurantisme et de terreur. Il ne servira à rien aux Occidentaux de se cacher derrière leur petit doigt:l’Etat terroriste iranien, annexé par une clique de religieux criminels et fanatiques, est un danger extrême pour la paix régionale et mondiale. Il cherche continuellement à étendre sa sphère d’influence et de contrôle dans la région par tous les moyens de déstabilisation à sa portée. Lui laisser accès à la bombe est presque aussi dangereux que le faire pour Al Khaida. Ses dirigeants, pervers et criminels,sont tout à fait capables de disséminer leur nouvelles armes et de les confier à des « irréguliers » qui feront à leur place le travail de terreur qu’ils ont mené eux mêmes jusqu’à présent ( attentats meurtriers en France, égorgement de Chapour Bakhtiar à Paris par un commando de tueurs,etc.).Les volontaires, assurés de la bénédiction des plus hautes autorités religieuses, seront légion.

Quand on apprend, il y a quelques années, par la publication dans le journal « Le Monde » des  débats du part communiste cubain, que Castro avait demandé, à l’époque de la crise des fusées, que l’URSS lui confie le pouvoir de décision sur les têtes nucléaires entreposées à Cuba, pour attaquer de lui même les USA et qu’il avait admis que Cuba serait vitrifiée par la riposte, mais que cela prouverait au monde que les Cubains avaient quelque chose dans le ventre (!!!), on n’a plus la moindre illusion sur les capacités de folie des dictateurs et les tentations qu’ils peuvent avoir, comme Hitler, d’entraîner leur peuple dans leur défaite pour satisfaire leur mégalomanie paranoïaque par une apocalypse qui serait leur feu d’artifice final et les rendrait inoubliables.

On peut laisser des peuples étouffer sous la botte de leurs dictatures si celles-ci ne s’occuppent pas du reste du monde, même si ce n’est pas glorieux. Mais si leur dessein affiché  de ces dictatures est de s’imposer, par la force, à tous ceux qui les entourent et de faire céder le monde entier, il faut rapidement réagir, avant que elles aient trouvé le moyen de concrétiser leurs ambitions délirantes.

Du côté de l’ Occident, soit les sanctions deviennent tellement fortes que elles contraignent l’ Iran à céder, mais c’est très peu vraisemblable , compte tenu en particulier du double jeu russe et chinois, et de l’ enjeu fondamental  que le nucléaire représente pour la République Islamique. Soit « quelqu’un » détruit les installations atomiques iraniennes (Israël ou les Américains). Soit  personne ne réagit, et la prolifération du nucléaire au Proche Orient n’aura plus de limites, et on ira vers une catastrophe infiniment plus grave que les ennuis à prévoir en cas  d’intervention (les états egyptien et saoudien voudront à leur tour faire pièce à la puissance iranienne). La détermination américaine sera décisive dans ce choix, et donc le résultat des éléctions présidentielles américaines.

Du côté d’Israël, on peut considérer que la possession de l’arme atomique par l’Iran équivaut à termeà une condamnation à mort de l’Etat Hébreu. Dans ce cas, quel que soit le prix à payer, Israël frappera, en sachant que le prix sera déja au minimum un affrontement sans merci avec le Hezbollah. Mais celui ci est pratiquement inévitable. De toute façon, le conflit entre Israël et le Hezbollah, bras armé de l’Iran dans la région va éclater, et on peut penser qu’il va dépasser en violence les conflits précédents: des bombardements massifs vont toucher les populations civiles de part et d’autres, comme l’affrontement au Liban il y a deux ans en a donné un avant goüt.

Seul le côté très aléatoire du résultat des frappes  retient les Israéliens, et le risque d’être mis au ban de l’opinion publique mondiale . Shimon Peres, président de l’Etat hébreu, a adjuré le gouvernement de ne pas faire l’erreur de déclencher les frappes. Dans le cas, ou ils ne prennent pas l’initiative, c’est l’Iran qui décidera du moment de la confrontation. Il vient de renforcer son contrôle sur le Hezbollah en doublant, pour les opérations militaires , Nasrallah par un haut officier iranien.

D’une façon ou d’une autre, on va vers la guerre.

La Paix Maintenant, un mouvement pacifiste qui a perdu son crédit

juillet 2, 2008

Les Amis de Shalom Arshav fêtaient il y a un mois le trentième anniversaire de cette organisation à la mairie du 9 ème arrondissement de Paris. La vidéo de cette manifestation organisée conjointement avec l’Association pour un Judaïsme Humaniste et Laïque et le Cercle Bernard Lazare montrait, derrière l’autosatisfaction de rigueur pour le fait de voir triompher des conceptions défendues avant tout le monde,la profonde inquiétude devant la paralysie du processus de paix, mais aussi devant la déconnexion du mouvement avec l’opinion publique israélienne, la perplexité devant ce décalage,et les différences difficilement masquées dans les discours tenus sur cette situation.

L’analyse la plus lucide et la plus fine était apportée par l’ex-ambassadeur israélien en France qui faisait ce constat: alors que les deux tiers de la population juive en Israël sont maintenant convaincus de la nécessité de l’existence d’un état palestinien comme condition de la paix dans la région, ils continuent à exprimer leur méfiance vis à vis de la Gauche, qui a pourtant depuis longtemps défendu cette thèse. Alors que la Droite n’ a pas de projet autre,c’est elle que la population charge de défendre le plus important à ses yeux: la préservation de la sécurité et de l’existence de l’Etat Juif.

Il dit en même temps la raison fondamentale de la désaffection de la population israélienne pour Shalom Arshav: reprenant le discours ultra simpliste de la représentante israélienne du mouvement, il va droit au coeur du problème: le discours de critique sans la moindre réserve de cette militante est perçu par les Israéliens comme impossible à distinguer du discours des Palestiniens,d’une part et d’autre part comme recelant potentiellement la possibilité de « tout lâcher » pour obtenir la paix avec eux;

De plus, il met l’accent sur le changement absolument essentiel de l’environnement d’Israel: non seulement évidemment la présence de l’Iran et d’un nouvel axe chiite (Iran, Irak, Hezbollah, Hamas, Syrie), mais le développement d’un fanatisme islamique qui se répand dans la population palestinienne, qui fait que on ne peut pas du tout écarter l’éventualité d’une victoire électorale du Hamas en Palestine, avec les conséquences extrêmes que cela pourrait avoir.( voir déjà ce qui se passe à Gaza).

La conséquence de ce fait, jointe à la période de plusieurs années de la 2ème intifada ou la population palestinienne a manifesté son adhésion au terrorisme anti civils, avec manifestations indécentes de joie à chaque mort israélien, a conduit au phénomène actuel: la perte de confiance envers la volonté profonde de paix des palestiniens, le doute quant à l’idée que tout terrain lâché ne sera pas une victoire sans contrepartie pour les fanatiques, et que la pensée que lasécurité est encore plus vitale dans ce contexte que dans la période de domination claire de l’état isrélien.

C’était extrêmement frappant, au vu de cette vidéo, de constater les doutes, les démentis de changement de position,l’embrouillamini de Albert Memmi, pourtant figure de proue du mouvement, dont on perçoit clairement le malaise et l’incertitude .

Car ce qui introduit justement la méfiance vis à vis de Shalom Arshav, c’est que eux ne disent rien de cette situation. Ils continuent inébranlablement à tenir le même discours que au moment de Oslo, sans introduire le moindre bémol. Ils considèrent que « ils n’ont pas à s’occuper de ce qui se passe chez les Palestiniens, ce n’est pas leur affaire, cela ne les regarde pas. Et du coup, l’analyse est biaisée . La critique des palestiniens est laissée aux Palestiniens eux mêmes, Shalom Arshav s’occupe de critiquer le gouvernement israélien, et ne s’occupe que de cela.

De plus deux éléments portent à augmenter encore la méfiance à leur égard.

Le premier c’est que dans le « paquet » des critiques de Shalom Arshav se mélangent des critiques de niveaux très différents: on entendait ainsi à cette réunion Elizabeth de Fontenay critiquer les « exactions  » de Tsahal et le fait que « les civils n’étaient pas épargnés par les bombardements ». Quand on sait la façon dont les terroristes ont bien soin de se placer au milieu des civils qu’ils utilisent comme boucliers humains, ces affirmations tiennent ni plus ni moins de l’angélisme, et on voit un vieux fond antimilitariste ressurgir dans le discours « de gauche », justifiant la méfiance des israéliens qui savent bien que disqualifier leur armée est attaquer un des fondements de leur unité et de leur sécurité.

De la même façon, quand on entend des militants évoquer , à propos de la délimitation des frontières avec le futur état palestinien, les frontières de 1948 aussi bien que celles de 67, on se frotte les yeux: il y a des gens à Shalom Arshav qui envisagent de discuter sur les frontières du partage de l’Onu, avec une largeur de 12 km à certains endroits d’Israël? Ces gens sont dangereux!

De façon semblable, autant la critique de la poursuite de l’établissement des colonies est fondée, autant la critique de tous les check points apparaît comme négligeant les questions de sécurité au nom de la poursuite de la paix et de la volonté de donner des gages rassurants aux palestiniens. L’argument toujours mis en avant par Shalom Arshav est que très peu des check points sont établis à la frontière même d’Israël, et sont justifiés par la protection de sa population. Mais l’argument est spécieux car ce n’est pas parce que un grand nombre d’entre eux sont là pour assurer la sécurité des colonies qu’ils doivent être supprimés. L’Etat israelien a la responsabilité d’assurer la sécurité de tous ses citoyens , même si ce sont des colons. Désapprouver la colonisation ne peut pas se régler en laissan les colons se faire assassiner par les palestiniens.Le fait de contester ces évidences est la vraie raison de la désaffection de la population pour cette organisation qui apparaît à ses yeux comme négligeant, au nom d’impératifs moraux universalistes et de positions pacifistes « à tout prix » la sécurité et les intérêts réels du peuple israélien; La population ne s’y trompe pas et elle voit bien les failles que tente de dissimuler le discours inébranlable des défenseurs de cette organisation. Ce qu’elle était seule à dire à une époque est devenu une évidence majoritaire, et ce qu’elle ajoute maintenant suscite un rejet viscéral de ceux qui sentent que les attaques contre l’armée et la politique de l’etat, dans cette période de « pré prochaine guerre », mettent en danger ce qui a le plus de valeur à leurs yeux.

L’ambiguité des mouvements pacifistes a toujours résidé dans le fait que au nom de l’idéal magnifique de la Paix, ils ont régulièrement fermé les yeux  sur les autres dimensions du problème que celle de l’unique question de la Paix ou de la Guerre; Avant la guerre de 14 18, les pacifistes français ont lutté de toutes leurs forces contre les budgets militaires français,pensant que les pacifistes allemands en feraient autant de leur côté. Moyennant quoi, la France avait pris du retard dans la course aux armements quand la guerre a éclaté, ce qui a donné, au départ un certain avantage aux Allemands. L’ intrication totale, dans toutes les guerres modernes, du militaire et du politique, la façon dont des guerres peuvent être gagnées militairement et perdues politiquement (guerre d’Algérie par exemple), le combat décisif pour gagner les opinions publiques, font que les mouvements pacifistes d’un pays sont désormais des éléments importants de la stratégie d’un pays ou d’un mouvement adverse. En s’interdisant toute critique des palestiniens et en réservant celles ci à l’Etat israelien, Shalom Arshav, qu’il le veuille ou non, pèse dans la lutte mondiale pour le gain des opinions publiques,en validant le portrait caricatural et unilatéral d’Israël dressé, partout où ils le peuvent, par les Palestiniens;

les « nouveaux historiens » d’Israël: l’état du débat

juin 25, 2008

article publié par http://www.nuitdorient.com

LES « NOUVEAUX HISTORIENS » D’ISRAËL: L’ÉTAT DU DÉBAT

Par Emmanuel Navon

Intervention au Collège des études juives de l’Alliance israélite universelle

27 novembre 2005

Cela fera bientôt vingt ans que l’historien israélien Benny Morris amorça un débat passionnel sur l’histoire de l’État d’Israël. En 1987, il publie La Naissance du Problème des Réfugiés palestiniens, un livre qui peint une image peu flatteuse du comportement des dirigeants israéliens pendant la guerre d’Indépendance. Un an plus tard, Morris publie dans le journal juif américain de gauche Tikkun un article dans lequel il forge le terme « nouveaux historiens, » un terme qui, selon lui, englobe une nouvelle génération d’historiens israéliens qui ont eu récemment accès aux archives historiques classifiées du gouvernement et qui, contrairement à l’establishment, auraient le « courage » de démythifier l’histoire d’Israël.

Morris n’était pas un auteur isolé, et le terme de « nouveaux historiens » qu’il forgea décrivait bien une nouvelle vague. C’est à partir de la fin des années 1980 que plusieurs historiens israéliens publièrent des ouvrages très critiques à l’égard d’Israël: Avi Shlaim, Ilan Pappé, Baruch Kimmerling, Tom Seguev. Un phénomène était né.

Au début, il s’agissait d’un phénomène universitaire local et relativement isolé. Mais aujourd’hui, les idées des nouveaux historiens sont largement diffusées et influentes tant en Israël que dans le monde. En 1999, trois phénomènes consécutifs indiquèrent que les idées des nouveaux historiens avaient franchi le pas de la tour d’ivoire universitaire en Israël. La division historique de Tsahal publia un livre très critique sur la politique de défense d’Israël dans les années 1950. Le Ministère de l’Éducation nationale introduit un nouveau livre d’histoire minimisant l’héroïsme d’Israël et insistant sur l’humiliation et la souffrance des Arabes. Et le livre de Tom Seguev Le Temps des Anémones (qui affirme que c’est grâce aux Arabes et non aux Juifs que les Britanniques quittèrent la Palestine) parut en tête de liste des best-sellers pendant huit mois.

Les idées des nouveaux historiens ont également aujourd’hui un fort impact à l’étranger. En septembre 1999, la prestigieuse maison d’édition new-yorkaise Knopf publie le livre de Benny Morris Victimes: Une Histoire du Confit Arabo-Sioniste, 1881-1999. Ce livre affirme entre autres que le sionisme est d’une « moralité douteuse » et attribue aux dirigeants israéliens une responsabilité écrasante dans l’existence et la persistance du conflit israélo-arabe. Un mois plus tard, les éditions Norton publient le livre d’Avi Shlaim Le Mur de Fer: Israël et le Monde Arabe Depuis 1948. Le livre de Shlaim est univoque: Israël est responsable du conflit israélo-arabe, et c’est à Israël d’y mettre fin. Ces deux livres sont devenus des ouvrages de référence aux Etats-Unis

Même chose en France. En 2003, les Éditions Complexes publient la traduction française du livre de Benny Morris sous le titre: Victimes: Histoire revisitée du conflit arabo-sioniste. Voici le commentaire du site d’Amazon sur ce livre:« l’auteur renouvelle complètement l’étude du conflit arabo-sioniste qu’il suit depuis l’arrivée progressive des colons juifs en Terre Sainte…Histoire détaillée et très documentée des relations entre Arabes et Juifs en Palestine depuis l’arrivée des premiers sionistes jusqu’à nos jours. » Le conflit n’est donc pas entre deux peuples, mais entre un peuple (les Arabes) et une idéologie (le Sionisme), et ce conflit a commencé avec l’arrivée non pas des Juifs, mais des « colons juifs, » c’est-à-dire d’étrangers venus voler une terre appartenant aux Arabes.

Vous avez également Ilan Pappé de l’Université de Haïfa, qui appelle au boycott de sa propre université ainsi que du reste des universités israéliennes. Ilan Pappé affirme qu’Israël a commis une épuration ethnique en masse contre les Arabes en 1948, et que l’armée israélienne était plus puissante que toutes les armées arabes réunies. Il est un ardent défenseur de Teddy Katz, un étudiant de l’Université de Haïfa qui soumit en 1998 une thèse de maîtrise dans laquelle il affirma, sur la base de témoignages oraux, que l’armée israélienne avait massacré les résidents du village arabe de Al-Tantura en 1948. Poursuivi en diffamation par les anciens soldats accusés de crime, Katz rescinda ses affirmations. Sa défense fut financée par l’Autorité palestinienne. Le procès ainsi qu’un comité scientifique établi par l’Université de Haïfa montrèrent que les affirmations de Katz ne reposaient pas sur des preuves historiques tangibles et qu’il y avait de grandes différences entre les témoignages recueillis par Katz et leur transcription dans sa thèse. L’Université de Haïfa invalida rétroactivement la thèse en 2002.

Je cite cette affaire, car elle est typique de ce qu’ affirment les nouveaux historiens: ils auraient découvert des faits nouveaux jusqu’alors inconnus, des faits qui remettraient en cause les « mythes fondateurs » du sionisme.

Tel était bien l’argument de Benny Morris dans l’article qu’il publia dans la revue Tikkun en 1988. Selon Morris, ce qui le distingue lui et ses paires de leurs prédécesseurs et qu’ils sont prêts à révéler des fait gênants sur l’histoire d’Israël. Ces faits soi-disant gênants sont devenus accessibles aux historiens israéliens à la fin des années 1970 parce qu’Israël, comme beaucoup d’autre démocraties, ne déclassifie ses documents officiels qu’après une période de trente ans. Donc les documents officiels et classifiés du gouvernement israélien sur la guerre d’Indépendance de 1948 sont devenus disponibles en 1978, les documents sur la guerre de Suez en 1986, etc. Et c’est effectivement dans les années 1980 que les nouveaux historiens publièrent des livres très critiques à l’encontre d’Israël sur des sujets tels que le problème des réfugiés palestiniens, les actions anti-terroristes d’Israël dans les années 1950, la guerre de Suez, et le traitement des immigrants juifs sépharades.

En réalité, les soi-disant nouveaux historiens n’ont rien découvert de nouveau. Le livre publié par Avi Shlaim en 1988, Collusion au-delà du Jourdain, n’ajouta rien, sur le plan des faits, au livre de Dan Schueftan, L’Option jordanienne, publié deux ans avant (Dan Schueftan étant, précisons-le, considéré comme un « ancien historien »). De même que la critique par Tom Séguev de l’attitude des dirigeants sionistes pendant l’Holocauste dans son livre Le septième million, publié en 1991, n’ajouta rien, toujours sur le plan des faits, au livre de Dina Porat Le leadership empêtré, publié en 1986.

La nouveauté des nouveaux historiens ne réside donc pas dans les faits qu’ils n’ont pas dévoilés, mais dans l’idéologie qui les motive. Prenons l’exemple de Benny Morris. Dans son livre 1948 et après: Israël et les Palestiniens (publié en 1994), Morris admet lui-même qu’il est avant tout motivé par ses opinions politiques. Je cite: « Les opinions politiques des nouveaux historiens, ainsi que les considérations politiques du moment, sont parmi les facteurs qui les ont poussés à rechercher certains sujets plutôt que d’autres. » Dans sont article dans la revue Tikkun, que j’ai mentionné à deux reprises, Morris écrit qu’on ne peut pas exclure la possibilité qu’Israël soit « entaché par un pêché originel. » En 1999, il écrit dans un ouvrage collectif intitulé Crimes de Guerre que le traitement des Arabes palestiniens par Israël en 1948 fut une forme d' »épuration ethnique. » Dans son livre Victimes, Morris écrit que le sionisme fut dès le début « une idéologie colonialiste et expansionniste, » une idéologie infectée par « l’oblitération mentale des indigènes par les colons européens. » C’est pourquoi, selon Morris, les sionistes réduirent les Arabes « à des objets jetables » au lieu de les considérer comme des êtres humains avec des aspirations légitimes. Avi Shlaim a récemment écrit que le sionisme est le pire ennemi des Juifs et qu’il est un échec total, et que l’État d’Israël est une honte et un fardeau. Ilan Pappé affirme dans un article publié dans Kol Haïr le 6 octobre 1995 que le sionisme est un mouvement colonialiste européen ayant « pris contrôle d’une terre qui ne leur appartient pas [aux Juifs]. » Il se déclare ouvertement anti-Sioniste et en appelle au démantèlement de l’État d’Israël.

Il ne s’agit pas là de faits historiques, mais de jugements de valeurs. Ces jugements de valeurs sont parfaitement légitimes, et il est important qu’ils puissent être exprimés librement. Comme le disait Voltaire: « Je hais vos idées mais je suis prêt à mourir pour que vous puissiez les exprimer. » Ce qui est malhonnête et inacceptable, c’est de tenter de promouvoir une idéologie sous le couvert d’une meilleure connaissance des faits, d’une honnêteté intellectuelle supérieure et d’une objectivité indubitable. Car les soi-disant nouveaux historiens ne sont ni plus érudits, ni plus honnêtes, ni plus objectifs que les autres. Au contraire.

Reprenons l’exemple de Benny Morris. Lorsque l’historien israélien Éfraim Karsh lut pour la première fois le livre de Benny Morris sur l’origine du problème des réfugiés palestiniens, il fut interpellé par une citation de Ben-Gourion qui lui paraissait suspecte. Il s’agissait d’une lettre écrite par Ben-Gourion à son fils Amos en 1937. Dans la version anglaise du livre de Benny Morris, la lettre de Ben-Gourion est citée de la façon suivante: « Nous devons expulser les Arabes et prendre leur place. » Or la version hébraïque du livre de Morris cite la lettre de Ben-Gourion à son fils de la façon suivante: « Nous ne souhaitons pas et n’avons pas besoin d’expulser les Arabes et de prendre leur place. » Karsh fut tellement interpellé par cette traduction pour le moins étrange, qu’il décida d’examiner de plus près la documentation de Morris. Il publia ses conclusions dans un livre publié en 1997: Les nouveaux historiens et la fabrication de l’Histoire d’Israël. Le livre fut republié en 1999. Karsh affirme que les nouveaux historiens sont coupables de falsifications historiques.

Les nouveaux historiens se présentent comme une minorité de saints persécutés par une inquisition qui refuse que l’on remette en cause le dogme officiel. Morris se présente comme le Galilée de l’académie israélienne, une académie qui refuse d’admettre qu’Israël est né dans le pêché, de même que les pères de l’Église refusèrent d’admettre que la Terre est ronde. Selon lui, il ne fut pas titularisé pendant de nombreuses années, parce que « le système » était contre lui. De même que Zeev Sternhell écrit dans la préface de l’édition française de son livre Aux origines d’Israël: Entre nationalisme et socialisme que « l’historien qui révèle des vérités gênantes et qui détruit des mythes … est perçu comme un ennemi du peuple. » Zeev Sternhell est titulaire d’une Chaire à l’Université hébraïque de Jérusalem, ses livres sont généreusement financés par les instituts de recherche israéliens, et il est la coqueluche des médias israéliens et français. Pour un ennemi du peuple, il ne s’en sort pas mal.

Parlons franchement: les nouveaux historiens affirment qu’ils sont mis à l’écart parce qu’ils sont trop à gauche. Étant moi-même enseignant à l’Université de Tel-Aviv, je puis témoigner du fait que cette affirmation est hilarante. Les sciences humaines et sociales sont en réalité très peuplées par des universitaires dont les opinions sont bien plus radicales que celles de Morris: Ilan Pappé, Benjamin Hallahmi et Uri Ben-Éliezer de l’Université de Haïfa; Joseph Grodzinski, Yoav Peled et Tania Reinhardt de l’Université de Tel-Aviv; Israël Shahak, Baruch Kimmerling, Zeev Sternhell et Moshe Zimmerman de l’Université hébraïque de Jérusalem; Gabriel Piterberg, Uri Ram et Neve Gordon de l’Université Ben-Gourion. La liste est plus longue. J’aurais en revanche du mal a vous dressez une liste de professeurs conservateurs dans les départements d’Histoire ou de sciences politiques, en dehors de l’Université de Bar-Ilan. Par ailleurs, les idées des nouveaux historiens sont devenues influentes tant en Israël qu’à l’étranger. Qu’ils ne se présentent donc pas comme une minorité persécutée.

Mais revenons-en aux falsifications des nouveaux historiens relevées par Efraim Karsh. Les nouveaux historiens se sont attelés à peindre une image très peu flatteuse des dirigeants israéliens sur la base des archives disponibles depuis la fin des années 1970. Mais ils n’ont jamais tenté de réserver un traitement semblable, que Dieu préserve, aux dirigeants arabes. La réponse standard de Benny Morris à cette accusation est que les archives gouvernementales arabes ne sont pas accessibles. Mais cela est faux. Les archives du gouvernement jordanien sont ouvertes au chercheur, comme en témoigne Robert Satloff du Washington Institute for Middle East Policy. Pendant plus de deux ans, Satloff a examiné ces archives, tels que les documents militaires jordaniens pour la période 1952-1957. Par ailleurs, le Centre Moshe Dayan de l’Université de Tel-Aviv contient les archives de la presse arabe, ce qui constitue une source riche d’information que Morris a délibérément délaissée.

Dans son livre La Naissance du Problème des Réfugiés palestiniens, Benny Morris écrit que les intimidations des forces armées juives (la Hagana, le Etzel, et le Lehi) contribuèrent à l’exode des Arabes palestiniens, bien qu’il ajoute que le gouvernement juif provisoire « n’avait pas de politique de transfert des Arabes. » Mais Morris ne mentionne pas le fait que les Juifs étaient également victimes d’intimidations de la part des forces armées arabes, et pourtant ils ne s’enfuirent pas. En ne mentionnant que les intimidations juives vis-à-vis des Arabes mais pas les intimidations arabes vis-à-vis des Juifs, Morris ne raconte que la moitié de l’histoire. Comme on peut le lire dans un rapport des autorités britanniques d’avril 1948: « Le terrorisme arabe à Jérusalem et Haïfa y rend la vie des Juifs difficile … Quant aux Juifs de Jérusalem, ils sont tenus en otage, et il est peu probable que les forces armées juives soient capables de lever le blocus arabe. »

Morris fait référence à une citation de Ben-Gourion pour insinuer que celui-ci considérait le transfert des Arabes comme la seule réponse au fait que les Juifs ne constitueraient qu’une majorité relative dans le future État juif proposé en 1947 par la Commission spéciale de l’ONU sur le partage de la Palestine. Voilà comment Morris cite Ben-Gourion dans son livre: « Dans le territoire accordé à l’État juif, il y a à présent 520,000 Juifs … et à peu près 350,000 non Juifs, presque tous Arabes. Si on inclut Jérusalem, les Juifs ne constitueront que 60% de la population de l’État juif … Il faut donc une nouvelle approche, il faut que nous pensions comme un État. » Fin de citation. Morris laisse le lecteur deviner ce Ben-Gourion voulait dire. Sans doute Ben-Gourion voulait-il dire qu’il fallait expulser les Arabes? Ce n’est pas ce que dit Morris, mais il laisse le lecteur deviner. Ce jeu de devinettes aurait été inutile si Morris n’avait pas coupé la citation au milieu. Car voilà la suite de la déclaration de Ben-Gourion que Morris cache à son lecteur: « Afin d’assurer l’existence et le futur de l’État juif, il faudra faire venir un million et demi de Juifs dans le pays. » Autrement dit, Ben-Gourion voyait dans l’Aliyah –et pas dans l’expulsion des Arabes— la solution au problème démographique d’Israël. En coupant cette phrase de la citation de Ben-Gourion, Morris fait un usage tendancieux et malhonnête de ses sources. En 1996, Morris publie un article dans le Journal of Palestine Studies dans lequel il affirme que « à la fin des années 60 et dans les années 70, le Gush Emunim ne cessa de violer la loi en construisant des colonies en CisJordanie. Les gouvernements travaillistes de l’époque, dirigés par Lévi Eshkol, Golda Méïr et Yitzhak Rabin cédèrent au Gush Emunim. » Le Gush Emunim ayant été créé en 1974, comment aurait-il pu construire des colonies à la fin des années 60? Et comment Lévi Eshkol aurait-il pu céder au Gush Emunim alors même qu’il mourut en 1969, soit cinq ans avant la création de ce mouvement? Même chose pour Golda Méïr qui démissionna en 1974, l’année où le Gush Emunim fut établi. Morris tronque également le texte du protocole du Conseil des Ministres du gouvernement provisoire de l’État juif en date du 16 juin 1948. Morris retranscrit les déclarations de Ben-Gourion de la façon suivante: « La guerre est la guerre. Nous ne l’avons pas commencée. Ce sont eux qui ont fait la guerre … Et je ne veux pas que ceux qui se sont enfuis reviennent. Je ne veux pas qu’ils refassent la guerre. » Or la phrase « Je ne veux pas que ceux qui se sont enfuis reviennent » n’existe nulle part dans le protocole et est une fabrication de Morris. Voici le texte du protocole: « La guerre est la guerre. Nous ne l’avons pas commencée. Ce sont eux qui ont fait la guerre … Et je ne veux pas qu’ils nous refassent la guerre. » Le rajout de cette phrase est une forfaiture.

On trouve le même genre de malhonnêteté chez Avi Shlaim. Dans son livre Collusion au-delà du Jourdain, Shlaim affirme que Golda Méïr et le roi Abdallah de Transjordanie complotèrent en novembre 1947 pour se partager la Palestine et donc empêcher l’établissement de l’État arabe palestinien recommandé par le plan de partage de l’ONU. Or il existe un document historique qui prouve que cette thèse est fausse. Dans une note adressée à l’Agence juive le 12 mai 1948, Golda Méïr relate de la façon suivante sa rencontre avec Abdallah en 1947: « Je lui avais clairement fait comprendre à l’époque que nous ne pouvions pas l’aider à envahir la Palestine Mandataire, puisque nous étions tenus d’honorer la résolution de l’ONU recommandant l’établissement de deux États. Nous ne pouvions donc pas –et c’est ce que je lui dis- soutenir la violation de cette résolution. » Donc comment Shlaim peut-il affirmer que Golda Méïr et le roi Abdallah se mirent d’accord pour se partager la Palestine mandataire et passer outre la résolution de l’ONU? Tout simplement en évitant soigneusement de faire référence au document que je viens de citer et qui invalide sa thèse. Même chose chez Ilan Pappé, qui écrit dans son livre La Grande Bretagne et le Conflit Israélo-Arabe de 1948 à 1951, que lors de la rencontre entre Golda Méïr et le roi Abdallah, Golda Méïr donna son accord pour l’annexion du futur État arabe palestinien par la Transjordanie en échange de la promesse d’Abdallah de ne pas attaquer Israël. Or le rapport écrit par Golda Méïr sur cette rencontre dit exactement le contraire. Quant à Ben-Gourion, il était contre l’annexion de la CisJordanie à la Transjordanie. Voilà ce qu’il écrit le 18 décembre 1948: « Un État arabe en Palestine occidentale est moins dangereux qu’un État lié à la Transjordanie et plus tard à l’Irak. » Et ce alors même que les « nouveaux historiens » se targuent de nous révéler la vérité grâce à des archives jusqu’alors inaccessibles. En réalité, autant Shlaim que Morris et Pappé ont une idée très précise de ce dont ils veulent convaincre leurs lecteurs, et ils omettent de citer ou de mentionner les documents qui contredisent leurs théories.

Avi Shlaim et Ilan Pappé ont une autre obsession: prouver que la Grande-Bretagne impérialiste et le mouvement sioniste complotèrent secrètement pour imposer leurs intérêts communs aux arabes. Il y a effectivement quelque chose de très nouveau dans cette thèse pour ceux qui, comme moi, n’ont pas le privilège de partager le savoir et l’honnêteté intellectuelle des nouveaux historiens. Car la réalité historique est que le Ministre britannique des Affaires étrangères lors de la Partition, Ernest Bévin, était un antisémite et un antisioniste, que la Grande Bretagne fit tout pour empêcher la partition de son mandat, qu’elle rejeta le plan de partage de l’ONU, qu’elle empêcha l’immigration juive en Palestine, qu’elle détint illégalement des dizaines de milliers de survivants de l’Holocauste dans des camps de concentration à Chypre pendant neuf mois afin qu’ils ne puissent pas prendre part à la guerre d’Indépendance d’Israël, qu’elle fournit aux armées arabes des armes et des officiers pendant la même guerre, qu’elle empêcha la livraison d’armes aux Juifs et ne laissa entrer que les armes destinées aux Arabes, qu’elle refusa de reconnaître l’État d’Israël pendant neuf mois après la proclamation de son indépendance, et qu’elle s’opposa à l’admission d’Israël aux Nations Unies.

Mais voilà ce qu’écrit Shlaim: « L’historiographie sioniste est pleine d’accusations vis-à-vis de la Grande Bretagne, qui aurait armé les armées arabes et aurait tout fait pour empêcher l’établissement de l’État juif … Ces accusations vont à l’encontre de la vérité historique telle qu’elle est révélée par les documents britanniques, arabes, et israéliens. » Shlaim ajoute, écoutez bien, que Bévin était en réalité « l’ange gardien de l’État juif. » Notez d’abord l’expression: « l’historiographie sioniste. » Comme si il y avait en Israël un Politburo à la soviétique ou une police de la pensée à la George Orwell, responsable de l’historiographie officielle. Shlaim n’apporte aucune preuve historique pour contredire la soi-disant « historiographie sioniste » sur l’hostilité de Bévin à l’encontre du sionisme.

Richard Crossman, un collègue d’Ernest Bévin au sein du parti travailliste britannique, écrit la chose suivante: « Le but de Bévin était apparemment d’assurer que la Légion arabe d’Abdallah envahisse toute la Palestine, ne laissant un État juif si minuscule qu’il n’aurait d’autre choix que de se livrer à la merci du Gouvernement britannique. » Le 20 mai 1948, cinq jours après l’invasion du nouvel État d’Israël par les armées arabes, Bévin écrit à son ambassadeur à Washington Lord Inverchapel: « Je n’ai aucune intention de reconnaître l’État juif, et encore moins l’intention de soutenir son admission aux Nations Unies. » Sir John Troutbeck, le Chef du Bureau britannique au Caire écrit le 28 décembre 1948: « L’idée d’un État d’Israël contrôlant une grande partie de la Palestine, dont le Néguèv, ne peut que susciter notre inquiétude. Je ne veux pas sous-estimer le danger d’un Israël joignant le camp communiste. » Non seulement Bévin fit tout pour empêcher la naissance et la survie de l’État d’Israël, mais il fit également tout pour empêcher l’immigration juive vers la Palestine, et ce même après la Shoah. Il souhaitait disperser les survivants de l’Holocauste à travers l’Europe et dans le reste du monde, et refusa fermement de les laisser entrer en Palestine britannique. Le 12 octobre 1945, il écrit à son ambassadeur à Washington Lord Halifax: « Il est vrai que les Juifs ont été victimes de persécutions et d’un massacre terrible. Mais ils s’en sont sortis, et beaucoup ont survécu. Il faut les aider à se réintégrer en Allemagne. » Deux mois plus tard, le 4 décembre 1945, le Foreign Office publie un document officiel rejetant la demande américaine de laisser les survivants de l’Holocauste se réfugier en Palestine britannique. Ce document dit la chose suivante: « Les Juifs allemands vivent dans leur pays d’origine et ne l’ont jamais quitté. Leur « rapatriement » ou « retour » ne peut donc avoir lieu dans un pays [la Palestine] dans lequel ils n’ont jamais vécu. » En décembre 1947, les Etats-Unis imposent un embargo militaire sur le Proche Orient en réponse à l’appel des Nations Unies de na pas exacerber la situation en Palestine. Le Foreign Office soutint cet embargo parce qu’il n’affecta que les Juifs (la Transjordanie, l’Égypte et l’Iraq étant armées par la Grande Bretagne, l’embargo américain ne les toucha pas). Le 31 janvier 1948, Le chef du Bureau proche oriental au Foreign Office, Michael Wright, écrit à Bévin: « Nous faisons tout pour que le gouvernement américain maintienne l’embargo, afin d’empêcher que les Juifs de Palestine obtiennent des armes. » En effet, la Transjordanie, l’Égypte et l’Iraq étaient armées et entraînées par la Grande-Bretagne et liées à elle par des traités militaires. Pour Bévin, une défaite arabe aurait été une défaite britannique. Bévin était en faveur d’un cessez-le-feu en mai 1948 parce que sans cessez-le feu les Etats-Unis auraient probablement levé l’embargo. Le 26 mai 1948, il déclare au conseiller juridique du roi Farouq d’Égypte, Edgar Gallad Bey: « Si les Arabes rejettent le cessez-le-feu, nos efforts pour empêcher la levée de l’embargo n’auront servi à rien. »

Le 11 juin 1948, Sir John Troutbeck, que j’ai cité plus haut, écrit: « Un État juif n’est pas plus dans notre intérêt que dans celui des arabes. » Troutbeck compara également le mouvement sioniste à l’Allemagne nazie et le monde arabe à la Tchécoslovaquie démembrée par les Accords de Munich. Le Premier Ministre britannique Clément Attlee compara quant à lui l’entrée des Juifs en Palestine à l’invasion nazie en Europe centrale. Le 28 avril 1948, il explique à l’ambassadeur américain en Grande Bretagne que, bien que les Juifs entrèrent sans armes, « c’était exactement la méthode d’Hitler. Il faisait entrer les gens comme touristes, mais ils se procuraient des armes après s’être incrustés. Les Juifs entrèrent comme immigrants pour devenir des soldats. » Mais l’hostilité de Bévin au sionisme n’était pas seulement le résultat de son antisémitisme. Le sionisme était contraire aux intérêts stratégiques de la Grande Bretagne. Comme l’écrit Bévin dans une étude stratégique soumise à Attlee: « Beaucoup de ressources matérielles, en particulier le pétrole, sont en jeu … Il est important que les Arabes n’aient pas le sentiment d’avoir été lésés. »

Abba Eban, qui joua un rôle clef dans la décision des Nations Unies de recommander le partage de la Palestine, et qui fut le premier ambassadeur d’Israël à l’ONU et aux Etats-Unis, écrit dans ses Mémoires: « Le discours de Bévin [du 13 novembre 1945] nous fit comprendre sans l’ombre d’un doute que le peuple juif, plongé dans le désarroi, allait maintenant être assailli par le gouvernement britannique, qui avait donné trente ans auparavant sa bénédiction au foyer national juif. La rhétorique de Bévin était devenue vulgaire et insultante … Non pas que nous attendions de la Grande-Bretagne qu’elle fît abstraction de ses intérêts au Proche Orient, en particulier de son contrôle des ressources pétrolières … La Jordanie était un protectorat britannique. L’Égypte était liée à la Grande-Bretagne par un traité de défense, et les forces britanniques étaient encore présentes en Irak … Mais ces intérêts, pour légitimes qu’ils fussent, ne justifiaient aucunement l’animosité de Bévin à notre égard. En quoi avait-il besoin de déclarer que ‘Truman veut que les Juifs aillent en Palestine parce qu’il ne les veut pas à New York? » Abba Eban ajoute: « Je n’ai jamais rencontré un homme dégageant autant d’hostilité non seulement à travers ses propos, mais également à travers ses expressions faciales et son regard. Il n’exprima jamais à notre égard le moindre respect humain, sans parler de déférence diplomatique. Même son humour était vulgaire. Lors d’une de nos rencontres à Londres il y eut une coupure d’électricité (qui étaient fréquentes après la guerre), et Bévin s’exclama: ‘Tiens, toutes les lumières se sont éteint, sauf les Israélites!’ Bévin justifia son opposition au plan de partage en expliquant qu’il serait injuste de soumettre 400,000 Arabes à un gouvernement juif. Ce à quoi je ne puis m’empêcher de répliquer: en quoi serait-il plus juste de soumettre 650,000 Juifs à un gouvernement arabe … Sa seule réponse fut un regard assassin. » C’est Bévin qui ordonna le refoulement de l’Éxodus en été 1947 et son renvoi vers Hambourg. Lorsque Abba Eban fut nommé ambassadeur d’Israël aux Nations Unies, Bévin refusa de lui adresser la parole. L’un des proches de Bévin, Christopher Mayhew, écrit dans ses Mémoires: « Il ne fait aucun doute que Ernest déteste les Juifs. »

En dépit des ces faits et de ces documents historiques qui témoignent de l’animosité profonde de Bévin et du Foreign Office à l’égard du sionisme et de l’État d’Israël, Shlaim et Pappé affirment qu’il s’agit là d’une mythe fabriqué par l’ « historiographie sioniste, » et qu’en réalité la Grande-Bretagne et le mouvement sioniste s’étaient alliés contre les Arabes. Pour reprendre l’expression de Shlaim, Bévin était l’ « ange gardien de l’État juif. » Et ce sans apporter le moindre document historique à l’appui. Et pour cause: un tel document n’existe pas. Non pas que Shlaim et Pappé aient fait un travail d’archive de fond. Ils n’ont rien découvert ou renouvelé sur le plan des archives historiques, et leurs livres ne citent quasiment que des sources secondaires. Mais même s’ils avaient fait une recherche dans les archives, ils n’auraient pas trouvé de document certifiant le sionisme de Bévin ou la connivence stratégique entre la Grande-Bretagne et le mouvement sioniste.

Ce qui prouve une fois de plus que les soi-disant nouveaux historiens n’ont rien découvert de nouveau et qu’ils ont décidé à priori de délégitimer et de diaboliser le sionisme et l’État d’Israël. Dans cette entreprise de délégitimation et de diabolisation, tous les moyens sont bons: cacher les sources qui contredisent la thèse préfabriquée, traduire de façon tendancieuse certaines citations et leur ajouter des phrases qui n’existent pas dans l’original, couper des citations au milieu lorsque seule la première partie convient à l’auteur, et avancer des thèses sans aucune preuve à l’appui en espérant que se démarquer de la soi-disant « historiographie officielle » suffira pour s’attirer la sympathie du lecteur et le ralliement des esprits critiques.

Il est sain et courageux de briser les mythes. Mais ce n’est pas ce qu’ont fait les soi-disant nouveaux historiens. En réalité, ils ont créé leurs propres mythes. Pourquoi? Parce que dans les années 1990 en Israël, l’esprit du temps était que pour faire la paix avec les Arabes, il fallait accepter leur version de l’histoire du conflit israélo-arabe. Or, selon cette version de l’histoire du conflit, les Arabes sont les victimes, les Juifs les agresseurs, le sionisme est un mouvement colonial, et l’intransigeance d’Israël la source du conflit. C’est cette idéologie que les nouveaux historiens auto-proclamés décidèrent de promouvoir pendant les années d’Oslo. C’est Simha Flapan, l’activiste israélien d’extrême gauche, qui expliqua en 1987 ses motivations dans son livre La naissance d’Israël: Mythes et Réalités. Son but, écrit-il, était de « miner les structures de propagande sioniste qui ont pendant trop longtemps constitué un obstacle aux forces de la paix dans mon pays. » Autrement dit, si vous voulez la paix, il faut cesser d’être sioniste. Les Palestiniens disent que le sionisme est un mouvement colonialiste européen? D’accord. Que les Sionistes complotèrent avec la Grande-Bretagne contre les Arabes? Pas de problème. Que c’est Israël qui maintient volontairement le conflit israélo-arabe à cause de son nationalisme dément? Allons-y. Si c’est le prix à payer pour la paix, alors… Et en plus, cela plaît aux maisons d’éditions.

Benny Morris et Avi Shlaim décidèrent dans les années 1990 de servir la cause de la paix en écrivant une nouvelle histoire du conflit israélo-arabe, une histoire qui permettrait de réduire le fossé entre les positions arabes et israéliennes, en expliquant aux Israéliens que les Arabes ont raison. En 1999, Morris publie Victimes: Une Histoire du Conflit Arabo-Sioniste, et en 2000 Shlaim publie Le Mur de Fer: Israël et le monde arabe. Ils arrivent tous deux à la même conclusion: la paix avec les Palestiniens est à portée de main. Il suffit qu’Israël se retire des territoires conquis en 1967, accepte l’établissement d’un État palestinien, fasse un geste sur Jérusalem et les réfugiés, et le tour est joué. Et voilà qu’Éhud Barak applique cette recette à la lettre, à peine ces deux livres sortis en librairie. Et voilà qu’au lieu de la paix promise par nos deux experts, nous avons la guerre. Toute la théorie des nouveaux historiens s’effondre comme un château de cartes. Il y a deux façons de réagir à un tel fiasco: admettre que l’on s’est trompé, ou accuser les faits de d’avoir refusé de se conformer à la théorie. Benny Morris a choisi la première voie, Avi Shlaim la seconde.

En février 2002, Benny Morris publie un article dans The Guardian, pour expliquer pourquoi il ne croit plus à la paix. Il se confesse. Il se sent comme les communistes européens qui sympathisèrent avec l’Union soviétique et tombèrent de haut lorsque l’armée rouge envahit Budapest en 1956. En 1993, l’année où le processus d’Oslo fut entamé, Morris commença à écrire Victimes. Et puis, écrit Morris, Arafat a rejeté les propositions de paix de Camp David, déclenché une guerre meurtrière, et éduqué son peuple à la haine des Juifs et à la libération de toute la Palestine. Il n’a fait que continuer la politique de son prédécesseur et modèle, Hadj-Amin al-Husseini. Arafat est un menteur, il a trompé Israël, et l’Autorité palestinienne est devenue une usine de propagande et de mensonges qui bourre le crâne des Palestiniens et fourvoie les journalistes étrangers. Elle érige la mort et le meurtre des Juifs en valeur suprême. Le fond du problème est que le mouvement national palestinien continue de vouloir libérer toute la Palestine, refuse d’accepter la légitimité d’Israël, et ne signe des accords que pour améliorer sa position stratégique. Le droit du retour est un stratagème pour détruire Israël par la démographie. La paix est impossible avec les Palestiniens. C’est Benny Morris qui parle.

Dans un entretien avec Ari Shavit publié dans le journal Ha’aretz le 9 janvier 2004, Morris va plus loin. À propos des réfugiés palestiniens de 1948: « On ne peut pas faire d’omelette sans casser des œufs … Quand le choix est entre être détruit et détruire, il vaut mieux détruire … Il y a des circonstances dans l’Histoire qui justifient la purification ethnique. Lorsque le choix est entre la purification ethnique et le génocide –l’annihilation de votre propre peuple- je préfère la purification ethnique … Un État juif n’aurait pas pu émerger sans le déracinement de 700,000 Palestiniens. Il était donc nécessaire de les déraciner … Il n’était pas possible de laisser une cinquième colonne dans le pays. Dès l’instant où le Yishuv fut attaqué par les Palestiniens et les États arabes, il n’y avait pas de choix, il fallait expulser les Palestiniens. N’oubliez pas que les Arabes contrôlent une grande partie de la planète du fait de leurs conquêtes et de leurs meurtres. Ils ont 22 États. Les Juifs n’en avaient pas même un. Il n’y avait pas de raison de leur refuser ce droit. Donc, de mon point de vue, le besoin d’établir cet État passe avant l’injustice infligée aux Palestiniens. » Mais ce n’est pas tout. Ben-Gourion, en 1948, « aurait dû finir le boulot. Je sais que cela enrage les Arabes et les tenants du politiquement correct, mais Ben-Gourion aurait dû organiser une expulsion en masse et vider le pays de tous ses Arabes –et ce jusqu’au Jourdain. » Et Ari Shavit de répliquer: « J’ai du mal à croire ce que j’entends. » Effectivement. Mais attendez, ajoute Morris, il n’est jamais trop tard: il est encore possible d’expulser les Arabes de Galilée et de CisJordanie dans le cas d’une « attaque arabe généralisée contre nous. » « En cas de menace existentielle contre Israël » conclut Morris, « une telle expulsion sera justifiée. »

D’où vient ce retournement? Morris s’explique: « Tout à commencé en l’an 2000. J’ai toujours été de gauche et j’ai refusé de servir dans les territoires … Mais lorsque les Palestiniens rejetèrent les propositions de Barak en juillet 2000 et les propositions de Clinton en décembre 2000, j’ai compris qu’ils refusent la solution de deux États. Ils veulent tout. Lod, et Acre, et Jaffa … Arafat nous a arnaqués et n’a jamais été sincère … [Les Palestiniens] n’acceptent pas l’existence d’un État juif, que ce soit sur 80% ou sur 30% du pays … Ce sont des barbares et il faut les enfermer dans une cage … Il faut enfermer cette bête sauvage. » Et alors Ari Shavit lui demande: « Benny Morris, seriez-vous devenu de droite? » « Non, non » répond-t-il, « je suis toujours de gauche. » Et pourtant il ajoute: « Ben-Gourion disait que les Arabes ne comprennent que la force … Il avait raison. » « Et vous-vous dites de gauche? » insiste Shavit. « Je suis réaliste » précise Morris. Et puis Morris continue: l’Islam menace l’Occident de l’intérieur, l’Islam mène une guerre d’extermination contre l’Occident. Et ne vous trompez pas sur le titre du livre Victimes: les vraies victimes sont les Juifs, pas les Palestiniens car, je cite, « nous sommes une petite minorité dans un océan d’Arabes hostiles qui veulent nous éliminer. » Enfin, conclut Morris: « Le politiquement correct nous empoisonne et nous empêche de voir la vérité. Je me sens un peu comme Albert Camus. Il était considéré comme un homme de gauche avec de hauts idéaux, mais lorsqu’il parlait de l’Algérie, il mettait sa mère avant ses idéaux. Eh bien, préserver mon peuple est plus important que les principes moraux universels. »

Voilà. Le fondateur le la nouvelle historiographie israélienne est devenu le prototype de « l’ancien historien » qu’il abhorrait tant il y a deux décennies. À ceci près que les soi-disant anciens historiens n’ont jamais tenu les propos et n’oseraient jamais tenir les propos de Morris sur la bête sauvage qu’il faut enfermer dans une cage ou sur l’expulsion des Arabes que Ben-Gourion aurait dû mener à son terme en 1948, et qui reste envisageable aujourd’hui. Le révolutionnaire est devenu plus royaliste que le roi.

Mais Morris est l’exception qui confirme la règle. Shlaim, Pappé, Kimmerling et les autres n’ont pas bougé d’un iota, et ce en dépit de l’évolution du conflit israélo-arabe depuis septembre 2000. Et ce n’est pas étonnant, car ce ne sont pas les faits qui les intéressent, mais l’idéologie qu’ils souhaitent promouvoir.

D’un côté je me dis que je suis fier d’être le citoyen d’un pays qui offre une telle liberté d’expression. Et ne vous y trompez pas: je m’oppose à toute atteinte à la liberté d’expression et je suis contre les tentatives d’exclure Ilan Pappé de l’Université de Haïfa. Mais d’un autre côté, « La vie et la mort sont entre les mains de la langue. » Autrement dit, les mots, les idées ont un pouvoir redoutable et peuvent tuer. Le génocide du peuple juif a commencé par une campagne de propagande, par des mots et par des idées. Et le combat contre l’État d’Israël aujourd’hui est essentiellement un combat d’idées. Il faut gagner ce combat. Le futur de l’État d’Israël en dépend.

ISRAEL DOIT-IL RESTER UN ETAT JUIF?

juin 13, 2008

D’après l’article de Amitai Etzioni paru dans Le Monde du 13/05/2008

« Est-il opportun qu’Israel soit un état Juif? Autant se demander s’il est bien nécessaire que le pape soit catholique. Pourtant, certains défenseurs des « droits de l’homme » se posent tout de même la question », et les antisionistes opposent état juif et état démocratique. L’idée soutenue par certains,à la gauche de la gauche, comme Burg par exemple, est que Israel devrait s’ouvrir au muticulturalisme, c’est à dire renoncer à ses valeurs juives pour devenir un état culturellement neutre, capable d’assurer l’intégration d’un million de citoyens arabes, ce qui « permettrait par la même occasion aux juifs laïques de ce qui est perçu comme un régime rabbinique oppressif( on ne peut se marier , divorcer, être enterré en Israel sans en référer à une autorité religieuse, juive musulmane ou autre). »

« Ces considérations négligent le fait que toutes les nations ont en commun des valeurs, une histoire, une identité partagée. Si l’on faisait des Etats neutres, elles seraient dépossédées de la dimension positive que nous apportent les communautés: on peut être prêt à mourir pour sa patrie, s’indigner personnellement de l’entendre dénigrée ou, tout simplement, éprouver de la fierté à voir ses compatriotes remporter une compétition internationale ou une médaille aux jeux olympiques. »

« Les défenseurs des droits individuels prétendent que les valeurs communes des Israéliens juifs se sont de toute façon dissoutes, et que même les autres nations n’ont que de vagues notions de leur culture commune: au Royaume Uni, la notion de « britishness » se résumerait à un goût immodéré pour la bière et le cricket. On constate néanmoins que les nations dépourvues de valeurs fédératrices s’exposent à des secessions (comme au Canada ou en Espagne) et peinent à mettre en place une politique nationale qui exige des sacrifices pour le bien commun »…

« En cherchant à gommer ces cultures nationales, on risque un appauvrissement. C’est justement la crainte d’une telle déperdition qui attire tant d’électeurs européens vers les partis hostiles à l’immigration, et qui alimente des sentiments antipalestiniens en Israël »…

« La sociologie nous enseigne que les sociétés sont des organismes complexes, animés de besoins et de valeurs diverses parmi lesquelles on ne saurait en privilégier certaines que au détriment d’autres. Il n’est pas possible de ménager les susceptibilités de chacune des minorités sans risquer de compromettre l’essentiel: la communauté nationale. »

« Tout effort visant à assimiler complètement les minorités( au mépris de leur culture propre) ou à liquider l’ethos national (au détriment de la culture commune) ne servira qu’à exacerber les conflits et les tensions. L’intérêt général voudrait plutôt que l’on parvienne à un juste dosage entre les apports positifs de la diversité et les valeurs fondamentales que nous sommes tenus de partager, tous tant que nous sommes. »

Avraham Burg: la mutation d’un dirigeant israélien en ennemi d’Israël

Mai 16, 2008

L’apparition très fréquente dans tous les médias de Avraham Burg au moment ou l’Etat Israélien célèbre son soixantième anniversaire n’est en rien l’effet du hasard.

Il est au contraire un homme providentiel pour ces médias aux yeux de qui il cumule plusieurs avantages: ancien président de l’Agence Juive, de l’organisation sioniste mondiale, ancien président de la Knesseth, il apparaît comme quelqu’un qui a derrière lui une vie de sionisme militant (sinon pourquoi l’aurait on nommé à ces postes), de patriotisme ( sinon pourquoi la présidence de la Knesseth) de militantisme travailliste (il frôle le présidence du parti travailliste)avec les plus hautes responsabilités et donc la plus haute reconnaissance de ces qualités. On imagine que un homme à qui l’on confie de telles tâches n’est ni un idiot, ni un irresponsable, ni un excité. Il pourrait donc apparaître , quand il parle, comme « représentatif » d’une pensée qui existe en Israël , et peut être répandue , puisque il a été, dans plusieurs domaines ,un élu.

Mais le discours qu’il tient depuis que il n’occupe plus ces fonctions n’ a plus rien à voir avec le sionisme, ni l’israelianité.C ‘est le discours d’un homme qui s’est converti, et qui brûle ce qu’il a adoré avec la rage de ceux qui veulent prouver qu’il n’ont plus rien de commun avec leur croyance initiale Le phénomène n’est pas exceptionnel, dans la vie psychologique ordinaire, mais dans le domaine politique, il est rarement aussi total, et en tout cas aussi brusque.

Interviewé par le journal Haaretz, en juin 2007, il tient , devant le journaliste outré par ses propos , des positions de plus en plus provocantes . Développant les idéees de son livre «  »abandonner le ghetto sioniste » , il admet ne plus trouver acceptable la notion d’Etat Juif. Il admet ne pas accepter la Loi du retour, et propose de la remettre en discussion. Quand le journaliste lui dit que son livre est anti israélien au sens le plus profond du terme, qu’il en émane une répugnance à l’égard de l’Israelianité, il ne dément pas et répond qu’il est désormais « audelà de l’israelité ». Il dit que des trois identités qui le constituent- humaine, juive, israélienne- il « sent que l’élément israélien le dépossède des deux autres ».

Le journaliste reprenant la thèse du livre de Burg ( Hitler a gagné parce que les juifs sont devenus presque nazis) lui dit: « Dans votre livre , nous ne sommes pas seulement des victimes du nazisme.Nous sommes presque des judéo-nazis. Vous être prudent. Vous ne dites pas que Israël est l’Allemagne nazie, mais vous n’en êtes pas loin. Vous dites que Israël en est au stade de l’Allemagne pré-nazie. La encore, Burg ne dément pas . Il se dit plutôt optimiste que pessimiste, parce que il dit avoir commencé son livre comme un deuil, un deuil d’Israël, avec l’idéee que tout était perdu, et avoir écrit un titre pour son livre « Hitler a gagné » Il l’a donc transformé en « Vaincre Hitler ».

Alain Finkielkraut a très justement démonté l ‘abandon de l’éthique de responsabillté chez A.B. au moment ou il a renoncé à son poste à la Knesseth et son remplacement par un « exhibitionnisme moral, « la dictature du coeur » et le narcissisme de la conviction ».

Mais quand on y regarde de plus près, on voit qu’il y a une continuité entre la position pacifiste, culpabilisée,prête à tout lâcher pour le confort de la bonne conscience que l’on trouve dans une aile gauche des travaillistes qui ne s’arrête pas à l’acceptation de la justesse et de la nécessité d’un état palestinien, mais qui glisse vers le rejet de toute faute du côté israélien, et pour qui les trente deniers de l’adhésion aux thèses des ennemis de son peuple sont le certificat de bonne moralité que ces ennemis sont tout prêts à leur fournir (très provisoirement) en échange de ces bons et loyaux services.

En tous cas, Burg peut, dans les médias, apparaître – ce qui lui fait évidemment très plaisir- comme un interlocuteur valable, face aux défenseurs du droit à exister d’Israël, celui qui peut représenter une alternative raisonnable au sionisme, puisque il n’est pas « partie prenante » comme un Palestinien. Les médias peuvent ainsi appâter les spectateurs ou les lecteurs avec des déclarations fracassantes, qui font monter l’audience, faire espérer une polémique ultra violente et excitante, et préparer en douceur l’ éventualité d’une alternative avec le sionisme,si les rapports de force internationaux rendent cette éventualité plus intéressante.

Les ravages que peuvent entraîner les visions religieuses de la politique ne s’appliquent pas en Israel que à la droite religieuse, expansionniste et obscurantiste; la vision religieuse d’une gauche bien pensante, plus soucieuse de préserver sa bonne conscience universelle que d’avoir à penser les conflits internes de valeurs qui sont l’essence même du politique,n’est pas meilleure; Le culte de la belle âme aux mains propres, car sans mains, a encore des beaux jours devant lui.

« La nation et la mort » de I.Zertal, une machine de guerre anti-israelienne écrite par une israelienne

avril 30, 2008

Il y a un problème des antisionistes israeliens que n’ont pas les antisionistes de la Diaspora: rien n’oblige ces derniers à vivre en Israel.

Par contre, pour les premiers, vivre dans un pays dont ils n’acceptent pas les idées et les valeurs fondatrices, dont ils pensent qu’il est une erreur historique, et même une faute, ne va pas de soi.

De plus , ils vivent avec la menace constante d’être désignés comme traîtres à leurs compatriotes puisque leur pays est en guerre, depuis sa naissance, avec des ennemis qui ne rêvent que de le détruire, et eux, trouvant qu’il ne devrait pas exister, fournissent des arguments à ces ennemis dans la guerre des idées qui fait rage autant que celle des armes.

Leur marge de manoeuvre est étroite face au reproche de déloyauté vis à vis de leurs concitoyens.C’est pourquoi ils mettent beaucoup d’énergie à essayer de démontrer que les véritables traîtres au peuple juif, ce sont les « dirigeants sionistes » (indépendamment de toute étiquette politique, car pour eux, ces dirigeants participent de la même idéologie haîssable).

Si ils étouffent trop dans une société israélienne si à l’opposé de leurs vues, et pourtant très tolérante à leur égard, ils peuvent se tenir chaud dans les petits cercles gauchistes ou on ne risque pas d’entendre de propos patriotiques auxquels ils sont allergiques, et en dernier recours, ils peuvent écrire un livre antisioniste ,ou ils se citent réciproquement avec leurs amis. Leur position n’est pas désespérée, même si les beaux jours de l’internationalisme sont derrière eux, probablement sans espoir de retour.

C’est le choix qu’a fait I.Zertal, et elle met du coeur à l’ouvrage, en ajoutant une note personnelle:

La tentative de discréditer les batailles emblèmatiques de la lutte armée juive:(le dénigrement de la bataille de Tel Hai, de la révolte du ghetto de Varsovie, et de l’affaire de l’Exodus.)

On ne peut que être ébahi devant les attaques auxquelles se livre IZ contre la mise en exergue par le sionisme de ces trois évènements historiques, la pire étant celle qui vise l’insurrection du ghetto de Varsovie. Emportée par sa volonté de détruire les symboles mêmes du judaïsme combattant, qui irritent visiblement sa sensibilité pacifiste, elle va très loin.

Ainsi, dans ces trois cas,elle parle de « déroutes métamorphosées en victoires triomphales. Pour elle, « la révolte des ghettos n’avait aucune chance de se traduire par une victoire sur les nazis, et a abouti au suicide collectif des survivants de la rebellion »,et , reprenant les mots de N.Alterman, « pour ce qui est de sauver les âmes juives,la contribution de la révolte fut pratiquement nulle et tendit plutôt à mettre en danger la vie des autres habitants du ghetto ».

Ces commentaires montrent le degré d’hostilité envers le sionisme qui la pousse à quasiment reprocher aux insurgés un combat qu’elle juge inutile et « dangereux » pour les autres juifs.

Autant on peut comprendre la critique de la tentative de récupération qui a conduit les sionistes à présenter cette révolte comme un acte « sioniste », autant il faut reconnaître que l’esprit de cette révolte, qui était de rompre avec la passivité juive et de préférer mourir les armes à la main plutôt que comme des bêtes, était parallèle à l’idée sioniste de sortie de l’univers de soumission et d’acceptation de l’humiliation et de l’abaissement, même si il n’était nullement accompli « au nom » de cette pensée.

Dans la même lignée de pensée, elle s’en prend à l’épopée de l’Exodus, tentant par tous les moyens de diminuer la valeur de cet épisode:elle présente les juifs rescapés des camps allemands embarqués à bord comme les instruments manipulés par les dirigeants sionistes, remettant en cause la liberté de leur choix quand à une immense majorité ils se sont prononcés pour rester à bord et poursuivre leur lutte, tout à fait conscients de l’enjeu dans l’opinion publique mondiale et dans les négociations internationales sur un « foyer juif » en Palestine, qui ont d’ailleurs abouti peu après. Que cette action ait été un immense succès politique ne compte pas à ses yeux relativement au fait que les passagers de l’Exodus ont du repasser par un camp et attendre des mois avant d’arriver en Israël. Pour elle,toujours dans la mauvaise foi de la critique systématique, c’était un échec puisque ils on été arraisonnés avant leur débarquement en Palestine.

Le dernier exemple développé par elle , la bataille de Tel Haï, ou Trumpeldor,organisateur de la milice de protection des exploitations agricoles juives en 1920, est tué lors d’un raid arabe, est encore pour ellela preuve d’une manipulation des faits par les sionistes, puisque ils « transforment une déroute en victoire glorieuse ». Là encore on voit à l’oeuvre la pratique chez elle d’une accusation systématique et le détournement du sens d’un évènement. Ce qui pour elle est une « déroute », c’est une escarmouche ou les juifs ont eu six morts,et dont le sionisme a fait l’emblème du sacrifice patriotique pour la défense d’un territoire, puisque le contexte était que Trumpeldor était conscient de l’infériorité militaire de sa position, mais a accepté de sacrifier sa vie , contre la position de la droite qui prônait le repli et selon la position de Ben Gourion qui disait que si les Juifs commençaient à lâcher du terrain, ils n’en auraient bientôt plus aucun.

On voit bien dans ces trois exemples, choisis par elle, la volonté de détruire les symboles mêmes qui soutiennent un sentiment d’unité nationale, au prix d’une torsion infligée aux faits, un peu comme si quelqu’un essayait de ridiculiser la Marseillaise, le 14 juillet, et l »anniversaire de la victoire de 45.

Ceci situe bien son parti pris contre tous les emblèmes d’une volonté juive de se battre ( c’est inutile, dangereux, ridiculement orgueilleux, etc.) et sa volonté de faire feu de tout bois pour attaquer ce qui est si contraire à son idéologie.

L’accusation de manipulation de la Shoah par le sionisme

Cette accusation est devenue l’axe principal d’attaque de tous les antisionistes,l’idée étant que le sionisme utilise cette position victimaire pour se considérer comme en état de légitime défense perpétuel et pour ne rien vouloir savoir de ses torts envers les autres, les Arabes au premier chef.

Sur ce point, la thèse de IZ n’est pas originale. Elle s’appuie sur une dialectique en deux temps. Dans un premier temps, il est reproché au sionisme, dans sa tentative de bâtir un « homme nouveau », d’avoir nié la valeur de l’existence en Diaspora, et d’avoir eu des attitudes de mépris à l’égard des juifs non sionistes, considérés comme soumis et apeurés, tout en voulant parler en leur nom, car se considérant comme les seuls représentants authentiques du peuple juif.Il y a déjà là une volonté de monter la diaspora contre l’etat juif-voyez comment ils vous traitent-, et de susciter un mouvement hostile qui isole le gouvernement dans le peuple juif.

C’est cependant une critique fondée historiquement, et il existe encore des restes de cette attitude( AB Yehoshua déclarant récemment que les juifs de diaspora sont des « Juifs partiels », déclaration pour laquelle il a du présenter des excuses); Il est évident que la glorification du combat ,militaire en particulier, est insupportable à IZ, de même que l’idée de reprocher aux juifs de s’être laisser faire sans se défendre dans la période nazie lui paraît inacceptable.

Cependant,sa position est mitigée, car si elle s’indigne de ces reproches, elle reprend à son compte entièrement la position de Hannah Arendt qui s’interroge sur la non-résistance juive dans son livre: »Eichmann à Jérusalem »: Arendt relève que les Allemands ont été surpris du degré de la coopération des Juifs; elle considère, avec Raul Hillel, que si les juifs n’avaient pas eu de dirigeants, cela aurait été le chaos, mais il y aurait eu peut être seulement la moitié des morts qu’il y a eu.Partout ou les Juifs n’ont pas coopéré, ont fui les nazis, ou se sont réfugiés dans la clandestinité, cela a été le cas.

IZ relève le parallélisme de cette position de Arendt et de celle du juge Benjamin Halevi, du tribunal de l’affaire Grunwald_Kastner pour qui « le devoir des dirigeants juifs aurait été d’armer le peuple, sinon avec de vraies armes, du moins en leur faisant connaître la vérité sur ce qui se passait à Auschwitz et dans les autres camps de la mort, leur permettant ainsi de penser et de décider par eux mêmes et pour leur propre famille, ce qui revenait à leur accorder la liberté de choisir leur propre destin.

Cette conception, qui limite la soumission aux dirigeants de la communauté juive, ne règle cependant pas la question de la résignation et de l’absence d’esprit de révolte dans les périodes qui précédaient la phase finale, celle ou évidemment plus rien n’était possible.Le problème n’est pas que la majorité soit restée impuissante face à l’extrême violence et à la terreur nazie, il est que des voix ne se soient pas élevées, pas seulement celles de dirigeants, pour appeler à toute forme de rebellion possible. L’opposition entre l’héroïsme combattant et l’héroïsme quotidien de ceux qui ont maintenu les organisations d’aide communautaire n’est évidemment pas de mise, mais que il n’y ait eu aucune « division du travail » entre les différents modes de résistance pose question,celle de l’absence d’un esprit de combat communautaire dont on ne peut pas considérer que les dirigeants doivent être le seul support.

Toujours est il que tous les observateurs s’accordent à dire que le procès Eichmann et le procès Kastner ont marqué un tournant dans cette façon de voir les choses , dédaigneuse à l’égard des Diasporas, et qui s’était accompagnée d’une inaudibilité des rescapés des camps, tant leur discours heurtait les modèles héroïsants du sionisme.Depuis, le discours sioniste a perdu sa tonalité héroïsante des débuts, et une forme d’identification aux juifs diasporiques est apparue, avec la conscience d’une sorte de vulnérabilité de l’Etat Israelien.

Mais pour IZ, pas question de relier ces conceptions à la phase historique de construction d’un Etat qui devait bouleverser de fond en comble les mentalités de résignation et de faiblesse héritées d’un mode de vie communautaire,modelé par la tradition et la religion,n’ayant jamais depuis des millénaires été en position d’utiliser la force pour se défendre ou pour soutenir ses buts politiques.

Ce qu’elle ne peut admettre, c’est que tout mouvement national, visant à la création d’un etat, passe par la construction volontaire d’un « panthéon national »,pour obtenir l’adhésion d’une population autour de symboles condensant les valeurs sur lesquelles un peuple se réunit, et qu’il existe une phase ou cette référence collective se forge. Ne comprenant pas ce qu’est un mouvement national, elle interprète cela comme une « manipulation »;

Le deuxième temps de l’offensive antisioniste,après celui de la dénonciation de la sévérité à l’égard des victimes, dont le sionisme cherchait à se différencier à tout prix, c’est celui de la dénonciation inverse: celle de l’utilisation constante du rappel de la Shoah, pour « faire peur » à la population en agitant soi-disant la menace d’une autre catastrophe et pour justifier des violences à l’égard des populations arabes.

Pour renforcer sa démonstration, IZ recourt elle-même à de multiples manipulations pour étoffer ses affirmations.

L’amalgame,quand par exemple, elle traite comme des expressions du sionisme dans son ensemble des déclarations du Goush Emounim, organisation d’extrême droite développant les implantations religieuses, ou même des déclarations de Netaniyaou , un peu comme si l’Irgoun avait été la vraie représentante du sionisme.

Surtout, c’est le déni de la réalité, quand elle reprend, comme c’est à la mode chez les antisioniste, les circonstances du déclenchement de la guerre des 6 jours en minimisant les appels à la destruction d’Israel des pays arabes, leurs annonces de la fin proche des juifs, qu’elle ne veut traiter que comme des « façons de parler »,(comme si les juifs n’avaient pas appris que les appels au meurtre ne sont pas des paroles en l’air) les initiatives militaires arabes ( survol des installations atomiques israeliennes, pactes militaires Irak, Syrie, Egypte, le blocus de la mer Rouge et donc du port vital d’Eilath )sont considérées comme des rodomontades sans importance . Au fond, dit-elle, les pays arabes n’étaient pas prêts à attaquer, ils ne l’auraient été que 4 ou 5 ans plus tard, et l’armée israelienne a profité de ces erreurs pour prendre l’initiative. Ce qui montre l’irresponsabilité de ce discours:il fallait attendre que les arabes soient vraiment en position de gagner pour faire la guerre!

Cela lui permet en tout cas d’écrire des pages sur « l’hystérie » de la population, craignant la destruction du pays, hystérie induite dit elle par les dirigeants (toujours eux), oubliant les menaces de génocide proférées par les arabes , et que Eshkhol était à l’époque premier ministre, hésitant et bafouillant, et que c’était son attitude ambigüe et contradictoire qui inquiétait la population, sentant l’absence de ligne claire face à une menace de guerre annoncée et martelée par les dirigeant arabes, inquiétude qui cèda le jour ou il laissa la direction des opérations à Dayan..

Cette vision de la Shoah comme alibi des gouvernements israeliens permet aux antisionistes et aux pacifistes de développer leur idée clef: l’ Etat Israelien est surpuissant par rapport à la région, et il ne court donc aucun danger réel. Les arabes sont faibles, ce sont des victimes de l’agression israelienne, la simple existence des israeliens est une agression, et donc encore plus l’occupation de la Palestine.

Le fait que l’Etat israelien ait gagné d’extrême justesse la guerre de Kippour, qu’il soit en échec face au Hezbollah dont des dizaines de milliers de roquettes attendent de servir, que l’Iran annonce sa volonté de le rayer de la carte tout en construisant une bombe atomique, cela ne veut rien dire aux yeux des antisionistes.Jusqu’à la dernière seconde, ils sont prêts à nier la réalité . Le monde entier est inquiet de ce qui se mitonne dans la région, mais eux,ils n’ont pas peur. Cela leur paraît une intoxication de la population par « les dirigeants sionistes ».

On est au bord du négationnisme de Marion Cotillard pour qui on n’est pas vraiment sur que les attentats su 11 septembre aient eu lieu et qui pense que c »est peut-être une manipulation des dirigeants américains ( ou sionistes ,d’ailleurs).

L’etat israelien est leur ennemi,(jamais elle ne précise de quel gouvernement elle parle: c’est l’Etat Juif dans son ensemble, dans son essence, qui est toujours visé), c’est son essence qui est mauvaise, et tout ce qu’il dit est forcément mensonger et manipulateur.. Elle ne se reconnait dans aucun gouvernement, de droite ou de gauche) et se sent plus proche des Palestiniens que des Israeliens,ses compatriotes.

« La mémoire de la Shoah mine-t-elle Israel? », c’est la question que posent les antisionistes, ou qu’ils font semblant de poser, comme le fait Avraham Burg, dans le débat publié sous les auspices de TELERAMA avec Alain Finkielkraut, préparant le terrain à ceux qui considèrent que on s’est assez apitoyé sur les juifs, et que il est temps de s’apitoyer sur les arabes.

IZ a une réponse: « il faut savoir oublier »; puisque on se rappelle »trop », une bonne amnésie serait salutaire. »Nous,nous devrions oublier » écrivait Elkana dans un article de Haaretz, pour lequel elle exprime son admiration. Quelle audace, chez cet homme!

C’est le dernier retournement de situation: après avoir reproché aux sionistes de mépriser la Diaspora, et donc les juifs,un dernier cadeau pour ceux-ci: la boisson de l’oubli, et le meilleur des mondes antisionistes se portera mieux.

 » Israel, un examen moral »:le raisonnement troublé par la culpabilité de A.B.Yehoshua

avril 21, 2008

Dans le livre intitulé « Israël, un examen moral » ,Yehoshua, considérant que tous les arguments du sionisme ( pour s’implanter en Palestine) ne peuvent être réellement retenus car non fondés en morale (le droit historique, la religion, le défrichement des terres, la déclaration Balfour,) cherche un argument différent et qui s’impose de façon indiscutable, et annonce qu’il pense en avoir trouvé un: » le droit surgi de la détresse ». Pour illustrer cette idée, il imagine une « fable ». Il suggère au lecteur de s’imaginer juge devant trancher le cas d’un individu SDF, « dont le vagabondage sans refuge met en péril sa vie et celle des siens », qui « squatte » le logement de quelqu’un.

Naturellement, dit il ,nous l’aurions acquitté, ce délit relevant d’un mal nécessaire. Cela, dit il, à condition que le SDF ne « s’empare » que d’une partie de la maison. S’il avait occupé toute la maison, contraignant les occupants à partir et à errer à leur tour, l’acte aurait du être condamné d’un point de vue moral.

Cette fable,qui résume très bien toutes les idées développées par Yehoshua dans le livre,est extrêmement significative d’un raisonnement implicite tenu par la gauche pacifiste israelienne, et par ceux qui contestent la légitimité de l’Etat Israelien.

La première partie du raisonnement consiste à tenir pour nul tout argument qui repose sur une autre base que morale. Tout argument fondé sur l’Histoire, sur le Droit International, est balayé pour ne prendre en considération que la « morale », ramenée ici à une partie de celle-ci:la priorité de la survie de quelqu’un surle droit de propriété et les avantages matériels d’un autre.

On retrouve quelque chose qui est à la racine d’un postulat de la pensée gauchiste-et parfois de gauche-:le malheur donne tous les droits: il faut simplement faire attention dans le maniement de cet argument , car il se retourne très facilement contre celui qui l’emploie: ce n’est pas pour rien que les états hésitent à mettre en pratique le droit de réquisition des logements-non occupés-, et que le droit de propriété est inscrit dans les droits fondamentaux de l’homme, droit à jouir des fruits de son travail. On peut faire preuve d’indulgence envers une mère qui vole dans un supermarché pour nourrir ses enfants, on ne peut pas faire de tous les supermarchés des self service pour personnes défavorisées. Le chemin qui sur ces prémisses conduit à la justification de toutes les violences,à tous les arbitraires et à toutes les oppressions est très rapidement parcouru.

Dans le cas d’Israël, le malheur des Palestiniens peut conduire à tout justifier (terreur tournée contre les civils, crimes contre l’humanité). Car la détresse donne certains droits, mais pas tous les droits, cela d’autant plus que la priorité accordée aux victimes s’accompagne d’un processus émotionnel qui conduit à, sous l’effet de l’émotion compassionnelle, oublier toute rationalité, toute proportionnalité, et à basculer sans réserve dans l’adhésion à leur revendication.

Revenons à la fable de Yehoshua, qui condense si bien les raccourcis de pensée présents dans beaucoup d’esprits, en la développant à notre façon.

Le SDF en question n’est pas n’importe quel SDF. C’est l’ancien propriétaire de la maison, qui l’a habitée pendant un millénaire, qui y a fondé une culture dont les descendants (chrétiens) ont conduit la civilisation humaine à ses plus grandes réalisations.

Cet ancien propriétaire n’est pas parti ailleurs en villégiature, comme un membre de la Jet Set qui déserte une propriété de luxe ou il s’ennuie. Il en a été expulsé par la force des armes ,et déporté de force à des milliers de kilomètres. Un peuple entier a été déplacé , arraché à son pays, et dispersé.

Pendant toute son errance forcée, le SDF a clamé son attachement à cette habitation. Celle-ci a été occupée par des voisins, qui l’ont modifiée et décorée selon leur goût.Quand il y revient, il s’efforce de la restaurer, engage des travaux -ce qui n’est pas la même chose que se contenter d’occuper les lieux-.même si cela n’ouvre pas des droits pour autant.

Les occupants, qui eux n’ont jamais connu la période ou le SDF était là chez lui,et sentant que leur droit de propriété va être remis en cause, tentent de l’expulser par la force, et échouent. Le problème: deux propriétaires, l’ancien -le SDF- et le nouveau -les Palestiniens- se disputent le même bâtiment, est soumis à une juridiction internationale, l’ONU, qui reconnaissant que les deux parties ont des droits sur l’objet du litige partage l’objet entre les deux, seule véritable solution morale, car elle préserve la légitimité des uns et des autres.

Cette légitimité est celle de l’ancien et du nouvel occupant, pas celle du plus malheureux.Le premier occupant a été privé de sa terre par la force,cette privation n’a aucune base légale ni morale. Le nouvel occupant est à son tour dépossédé en partie, par la force, de quelque chose qu’il avait acquis par la force-d’un tiers.

L’ONU, dont on ne peut évidemment pas dire qu’il soit un parangon de morale et de justice, a, à cette époque, réellement tenté de trouver une solution équitable à un problème sans précédent.

On peut laisser là cette fable et ne pas forcer les analogies. Ce qui se dégage de cela, c’est l’impasse intellectuelle dans laquelle s’engagent ceux-essentiellement la gauche israelienne et internationale- qui ne peuvent penser un problème politique en d’autres termes que en oppositions binaires :victimes/bourreaux, dominants/dominés, bien/mal.

Ces grilles de lecture passent à côté des véritables enjeux: enjeux identitaires, ou deux peuples affirment leur identité et réclament un état pour soutenir cette identité et ne pas se fondre dans leur environnement, ce qui est en soi aussi moral que de refuser de mourir ( en tant que l’on est soi et pas un autre), enjeux stratégiques régionaux et mondiaux, ou derrière les discours sur la morale se profilent les rapports de force entre le monde islamique et l’Occident, entre les régimes dictatoriaux régionaux et leurs peuples.

La vision « moralisante  » de la gauche, en reprenant le discours victimaire du monde arabe à son compte, concède le terrrain aux adversaires d’israel avant même que la discussion commence et introduit la division dans son propre camp. Cette tendance naturelle du discours de gauche se renforce de ce que une partie de ses défenseurs conteste une autre volonté du sionisme: celle de transformer « l’homme juif », forgé par les siècles d’existence de paria,. Cette tendance considère que l’être juif, modelé par la Thora, est par essence moral, et même plus moral que les « non juifs »,sentiment de supériorité non justifié, et que par conséquent, il est plus important pour les juifs que pour les autres peuples d’avoir une attitude morale. La politique de rapport de force, d’ailleurs imposée par l’environnement d’Israël, leur est insupportable, et ils tentent de garder une « pureté éthique » contre tout réalisme, quitte à donner des gages à leurs ennemis, pensant garder ainsi l’essence même de leur identité.

Le fond de la question est pourtant ailleurs, dans la difficulté de faire coexister deux discours nationalistes, c’est à dire deux discours identitaires, catégories encore à peu près impensées et impensables à gauche, et d’arriver à un compromis sur le partage de la terre, dont l’un et l’autre ont besoin pour asseoir les moyens de soutenir ces identités.

Ce réveil des nations, difficilement compris à gauche, doit être pensé, ainsi que le dit Alain Dieckhoff dans « La nation dans tous ses états » (Champs/Flammarion) , »non comme l’irruption d’un tribalisme primitif, mais comme une manifestation centrale de la modernité ». En effet, l’ère de l’individualisme, inaugurée par la Révolution Française en supprimant les corps intermédiaires entre l’individu et l’Etat produit une nostalgie des identités collectives, un sentiment de vide qui cherche à se combler dans les recherches communautaires, religieuses ou nationalistes.L’homme universel des Lumières est libre, mais à la recherche d’un ancrage et d’une « chair »(terme utilisé par Finkielkraut) que l’abstraction du statut de citoyen ne comble pas.